Intouchable ?


Il aura donc suffi d’une
petite semaine et de deux matchs
pour faire voler en éclat le bon mois
de janvier bordelais et la très belle série girondine en cours. Deux
matchs perdus largement à Lyon et contre Saint-Étienne avec un total de 7
buts encaissés et des incertitudes à tous les niveaux.
Dans
une saison où le final est encore à écrire, les Marine et Blanc
creusent cependant, tout seuls, leur retard sur le wagon des équipe de haut de tableau.
A
leur tête, Willy Sagnol continue son apprentissage du métier
d’entraîneur
, après un début de carrière à la Fédération, notamment en tant que sélectionneur chez
les Espoirs (2013 – 2014). Un apprentissage où il « essuie les plâtres » dans bien des domaines.
Le mercato
Un premier « poste » sur
lequel Bordeaux aura eu les moyens : pas moins de douze joueurs ont
rejoint la Gironde depuis l’arrivée de l’ancien joueur du Bayern : Wahbi
Khazri
, Nicolas Pallois, Diego Contento, Tiago Ilori, Clément Chantôme,
Isaac Kiese Thelin, Milan Gajic, Pablo Castro, Paul Bernardoni, Mauro
Arambarri
, Malcom et Mathieu Debuchy.
Un
chiffre énorme au vu de la situation financière du FCGB, qui n’a – hors blessures – perdu que deux joueurs majeurs depuis 2014 (Henrique et Mariano), avec notamment des paris onéreux tentés sur
Isaac Kiese Thelin (environ 4M€) ou encore Malcom (environ 5M€).
Parmi
ces joueurs, Diego Contento et Tiago Ilori, notamment, ont été des recrues désirées
par Willy Sagnol
, deux recrues qui n’ont pas vraiment marqué
l’histoire du club.
Refusé par Francis Gillot en janvier 2014, puis souhaité par l’actuel
entraîneur du FCGB, Wahbi Khazri aura été le succès N°1 (footballistique et
merchandising) du natif de Saint-Étienne au niveau du recrutement.
Les résultats sportifs

Dans
un championnat très serré, où Nice, Angers et Caen sont des prétendants au
podium et où Lyon et Marseille peinent à retrouver les premiers rôles,
Bordeaux est fidèle à ses habitudes : inconstant et capable du meilleur
comme du pire. Et dans le pire, les Girondins s’amusent même à repousser les
limites
: raclées à Nice (1-6), contre Eibar en amical (0-5), à
domicile contre Caen (1-4), en demi-finale de la Coupe de la Ligue à
Lille (1-5) ou encore, ces derniers jours, à Lyon (0-3) et contre Saint-Étienne (1-4). Bref, le FCGB accumule les matchs cauchemardesques.
Les
déroutes arrivent, en général, une ou deux fois par saison, puis sont
qualifiées d’accidents et « servent » de piqûres de rappel; mais cette
saison, avec ces jeunes Girondins, c’est à croire que les accidents ce sont les
bons résultats
.

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Aujourd’hui 11ème avec un total
de 33 points, Bordeaux a gagné 8 matchs, en a perdu 8
aussi, et a signé 9 matchs nuls en 25 journées de championnat.
Si
les Marine et Blanc sont encore sur le podium du classement des matchs à
domicile, le constat à l’extérieur est beaucoup plus poussif : 17èmes, avec
une première victoire signée sur la pelouse du fébrile Montpellier en…
janvier dernier ! Indigne d’un club comme les Girondins, qui restait tout de même sur une 6ème place (à 63 points) en 2014/15, pour la première saison de Sagnol sur le banc.
Au niveau continental, Bordeaux a effectué, de fin juillet à mi-décembre, une campagne européenne décevante, se qualifiant « à l’arrache » pour la phase de poules de l’Europa League grâce à
un but d’Enzo Crivelli marqué à l’autre bout du monde sur la pelouse d’Almaty, mais se plantant totalement lors de l’étape suivante : 4 matchs nuls, 2
défaites, et donc aucune victoire pour les porteurs du scapulaire dans le groupe B (Liverpool, Sion, Rubin Kazan, FCGB).
Habitués à la C3 et
aux compétitions européennes en général, les Girondins n’auront donc, une nouvelle fois, pas été à la hauteur de cette dimension de leur histoire.
Sur le plan
national, Bordeaux a été assez efficace en Coupe de la Ligue, en
battant Monaco grâce à la révélation Adam Ounas (3-0) et en disposant de Lorient
sur le score de 2 à 0. La calamiteuse élimination à Lille, après un début de
match cauchemardesque et alors que le FCGB venait de perdre Cédric
Carrasso pour les huit prochains mois, aura donc finalement conclu avec froideur le
parcours girondin dans cette compétition.
En
Coupe de France, Bordeaux est aujourd’hui encore qualifié pour les 8èmes de
finale de la compétition, qu’ils disputeront au Matmut
Atlantique contre le rival du FC Nantes. Une petite bouée de sauvetage pour tenter de
sauver ce qu’il reste de cette saison ?
Les circonstances atténuantes

Pour atteindre cette 11ème place au classement de Ligue 1 qu’occupent actuellement les Girondins, et malgré les moyens mis en œuvre pour qu’il façonne son équipe, il faut dire que Willy Sagnol, ainsi que son staff, n’a pas été épargné par la malchance et les blessures.

Alors qu’elle reste plutôt rare, la fameuse « rupture des ligaments croisés » aura touché deux cadres bordelais cette saison : Grégory Sertic et Cédric Carrasso. Des blessures récurrentes, comme celles de Nicolas Maurice Belay, Pablo, Pallois et celles plus « mystérieuses » de Milan Gajic et Isaac Kiese Thelin, sont aussi venues s’ajouter. A la mi-février, de nombreux joueurs ont déjà manqué au moins un tiers des matchs de la saison et l’entraîneur aquitain convoque en ce moment des groupes amputés d’une… dizaine de joueurs (minimum) !

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Des jeunes lancés à la pelle

Jérôme Prior, Frédéric Guilbert, Adam Ounas, Valentin Vada, Kévin Soni, Hazem HaJ Hassen, Enzo Crivelli… Par manque de solutions sur son banc et avec le taux de fréquentation élevé de l’infirmerie, Willy Sagnol n’aura pas hésité à faire appel à ses jeunes. L’éclosion des Guilbert, Vada ou encore Ounas symbolise la réussite de l’entraîneur bordelais dans ces choix.
La communication

Débarqué
des sélections de jeunes de l’équipe de France, avec un look impeccable, habillé de sa traditionnelle chemise blanche, on attendait de Willy
Sagnol plus de sourires et de plaisir qu’avec Francis Gillot, son prédécesseur
.
De
ce côté là, les supporters des Girondins ont été servis. Si l’actuel
entraîneur du FCGB a aussi eu sa sortie médiatique amenant la triste affaire du
« joueur type africain », celui qui « aime » également s’en prendre parfois aux
arbitres « passe » bien
devant les caméras.
Aussi, si la façon de communiquer par rapport au recrutement n’est pas vraiment la même entre le coach, la direction et l’actionnaire M6, les mouvements voulus finissent quand même par se faire et Willy Sagnol semble donc être en
bons termes avec les « têtes pensantes » du club.
En
revanche, c’est peut-être moins le cas en interne. Depuis son arrivée
en Gironde, Willy Sagnol a profité du calme du Haillan pour prendre de d’ampleur au sein du club. D’abord avec les arrivées (logiques) d’adjoints de confiance (Sylvain Matrisciano, Patrick Guillou, Sandy Guichard), comme le
veut la tendance, puis – moins logique… – avec les deux départs surprises du docteur Serge Dubeau, mis
sur la touche après 25 ans de service, et, plus récemment, du directeur de la cellule de recrutement, Jérôme Bonnissel
.
Les rapports avec ses joueurs

Dans
la lignée de sa communication, difficile de savoir si Willy Sagnol est
apprécié de ses joueurs. S’il n’a, visiblement, jamais été « lâché » sur le terrain ou trahi via la demande de son renvoi par des cadres, on serait curieux de savoir ce que certains écartés, puis revenus en grâce et de nouveau écartés (Poundjé, Sertic, Touré, Contento) pensent de son management, surtout au niveau humain

Et que dire du cas Lamine Sané ? Nommé capitaine par Sagnol dès son arrivée, le défenseur central a connu une longue descente aux enfers. Peu aidé par ses blessures à répétition et ses performances irrégulières, le numéro 6 des Girondins été destitué de son brassard de capitaine à l’aube du mercato hivernal. Un mercato hivernal où le club avait d’ailleurs bien fait savoir que son joueur cherchait une porte de sortie. Aujourd’hui, l’international sénégalais fait le nombre sur le banc et ronge son frein en attendant la fin de saison.

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La gestion des attentes des supporters


Mis sous pression lors du mois de décembre 2015, Willy Sagnol et la direction bordelaise ont vu la gronde des supporters monter en coulisses, notamment via des boycotts de stade (pour les Irréductibles) et de chants (pour les Ultras). Un communiqué des Ultramarines Bordeaux 1987 daté du 4 décembre précise :

« Nous accordons pour l’instant à Mr Sagnol le bénéfice du doute, mais considérons qu’il doit amener des résultats concrets d’ici la trêve internationale : sept points en championnat sur les trois matchs à venir nous paraissent le minimum acceptable dans la situation dans laquelle nous nous trouvons. Conditions sine qua non au fait qu’il dirige l’équipe jusqu’au terme qu’il est l’homme de la situation. »
Sur les sept points évoqués, Willy Sagnol et son équipe n’en prendront que cinq (victoire contre Guingamp, nul à Angers et contre Marseille). Hasard du « calendrier » ou « coup de comm' », c’est après le match face à Marseille que Sagnol évoquera le nom populaire du nouveau stade (René Gallice) pour revenir sur l’invincibilité préservée contre l’OM : « Pour cette première à Gallice c’était important que cette série d’invincibilité continue ». Un bon moyen de faire oublier que le compte – même si cela s’est joué à une barre transversale  à la 90ème – n’y était pas ? En attendant, la trêve, le mercato finalement actif, comme indiqué, et le bon mois de janvier des Girondins auront permis au coach bordelais de sortir quasi indemne de la crise de l’automne.

Verdict ?


Avec son bilan, et à l’heure où la Ligue 1 et ses présidents ont la gâchette facile, pas sûr que Willy Sagnol, dans un autre club et avec le même parcours, aurait eu plus de crédit que Hervé Renard (ex Lille), Ghislain Printant (ex Bastia), Hubert Fournier (ex Lyon) ou bien Philippe Montanier (ex Rennes).


Le mercato hivernal agité mais globalement prometteur pour l’avenir (4 arrivées, 2 départs) peut d’ailleurs être encore vu comme un nouveau contrat de confiance accordé au technicien bordelais. En fin de contrat au mois de juin 2017, Willy Sagnol peut donc vraiment s’estimer heureux et a désormais la charge de rendre cette confiance par des résultats. Dès cette fin de saison ou, plus vraisemblablement, lors de l’exercice 2016/17 où il sera attendu au tournant. S’il est encore là…