Jussiê : « Ça serait dommage d’arrêter ! » [1/2]
Que pouvez-vous nous dire de votre signature avortée à l’Atlético Paranaense ?
Effectivement, je devais signer au Brésil cet été, mais ça ne s’est pas fait. Ils ont changé de Directeur Sportif et, au dernier moment, quand je suis arrivé sur place, ils ont essayé de me faire une autre proposition, mais on ne s’est pas mis d’accord. Le projet proposé avait totalement changé.
Revenons sur votre parcours. Vous êtes arrivé à Bordeaux en janvier 2007, en prêt, en provenance du RC Lens ; comment s’est passé ce changement de club ?
En fait, j’avais envie de partir de Lens, j’avais ce souhait avec ma famille. Quand j’ai su que Bordeaux s’intéressait à moi, j’ai vu avec Wendel, que je connaissais très bien, qui ne m’a dit que du bien du club et de la ville. C’était un palier supplémentaire à franchir pour ma carrière, c’était un challenge, et ça s’est donc fait, avec la suite que l’on connaît.
Gardez-vous des attaches à Lens ? De quel oeil voyez-vous la situation du club actuellement ?
J’ai gardé des attaches au club et de très bons amis que je vois régulièrement. Je continue de suivre Lens. Quand j’étais là-bas, j’étais jeune, je me suis pas rendu compte, à l’époque, de la chance que j’avais de jouer dans ce club. Je pensais simplement à jouer au foot, et ça m’a amené à Bordeaux. Mais je garde toujours un oeil sur le club. Pour ce club du RC Lens, les supporters sont le patrimoine majeur. Au niveau de la situation du club, je pense qu’à un moment ça va revenir comme avant, comme quand j’y étais, mais c’est une période assez difficile pour Lens. Je ne connais pas tous les éléments pour analyser leur situation mais c’est avec une vraie tristesse que j’ai vécu, ces dernières années, les problèmes liés au club lensois.
En 2013, avant que Bordeaux ne remporte la Coupe de France, vous êtes prêté à Al-Wasl, aux Emirats Arabes Unis. Vous n’avez pas de regrets de ne pas avoir pris part à la victoire bordelaise en coupe ?
Non du tout, au contraire. J’étais heureux que Bordeaux gagne parce que j’avais mes coéquipiers, que j’appréciais, dans l’équipe. Mais, pour moi, j’avais besoin de couper. A un moment donné, j’avais vécu beaucoup de choses et, d’ailleurs, je suis parti à un moment où le club n’était pas bien, où les rapports avec les supporters n’étaient pas faciles. Du coup, comme j’étais là depuis longtemps, j’ai voulu partir. Cela m’a permis de faire un break, car je sentais que c’était le moment, et de revenir avec encore plus d’envie en Gironde. Donc je n’ai aucun regret.
Depuis le titre et la saison 2009/2010, nous avons l’impression que Bordeaux s’endort et ne progresse pas. Comment expliquez-vous la descente que vit l’équipe depuis maintenant 6 ou 7 ans ?
J’ai du mal à l’expliquer. Il faut savoir que quand on est dehors de tout, c’est toujours plus facile d’avoir un discours critique de dire ce qu’il aurait fallu faire. Mais ce n’est pas clair pour moi. On entend pas mal dire qu’ils n’ont pas d’ambition, mais je pense qu’ils ne mettent pas les moyens. Tu fais du sport, tu veux être champion, tout le monde le veut, mais tu n’aimes pas t’entraîner, ça n’est pas possible. Il y a une certaine ambition à Bordeaux, mais les moyens ne sont pas suffisants, ils ne les mettent pas vraiment. Mais je ne sais pas si, financièrement, ils peuvent le faire. Je me pose cette question, car c’est vrai que, depuis six ans, Bordeaux, on a l’impression que ça recule, petit à petit, tous les ans, c’est un peu mou, ça avance pas trop. On a toujours l’histoire du club derrière nous, qui pousse, mais le projet n’est pas clair pour le moment.
Que pensez-vous de l’arrivée de Jocelyn Gourvennec aux commandes de l’équipe cet été ?
Je ne le connais pas personnellement, mais les échos que j’ai disent que c’est un bon entraîneur. Après, tout ne va pas changer du jour au lendemain, mais je pense qu’il faut lui donner plus de temps, à Gourvennec. Déjà, les dirigeants lui font confiance. Laissez-lui le temps de faire les choses. Bordeaux a changé sa politique financière depuis le titre. A mon avis, il y a des choses à changer : la formation, le recrutement, par exemple. Je pense qu’aujourd’hui, ils ont moins de marge d’erreur et pas de temps à perdre car Bordeaux en a déjà perdu beaucoup depuis quelques années.
Être 10ème à la trêve pour une équipe comme Bordeaux, est-ce inquiétant ?
C’est toujours inquiétant de voir Bordeaux 10ème du championnat à la trêve. Vu les joueurs qu’on a… Mais on sait toujours que le championnat c’est 38 matchs. Et une autre demi-saison va venir. Peut-être que cette première partie était la plus difficile et que les joueurs et le staff sauront tirer les leçons de cette première moitié de saison pour transformer tout ça en quelque chose de meilleur. Voilà pourquoi il faut vraiment laisser plus de temps au coach Gourvennec. Les supporters sont impatients, ils attendaient une sorte de révolution, et c’est normal, mais il faut peut-être accepter de
faire un pas en arrière pour repartir sur des bonnes bases avec Jocelyn Gourvennec. Il ne faut pas penser simplement à l’immédiat, mais à l’avenir, pour ne pas que le club évolue en dents de scie toute la saison mais qu’il se stabilise. Ils font venir Toulalan, Ménez, Sabaly, Kamano ; le mercato des Girondins a bougé cet été donc je suis d’accord pour qu’il y ait une attente plus importante, mais à mon avis ça va évoluer en douceur, et il faut que ça évolue intelligemment.
Merci au joueur pour l’éclairage apporté sur ces différents sujets d’actualité et nous vous donnons rendez-vous dans deux jours pour découvrir la suite de l’interview de l’attaquant brésilien ! Il abordera alors d’autres thèmes : la Ligue 1, ses souvenirs bordelais ou encore ses préférences en tant que joueur !
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