Girard : « J’ai dit à Gigi qu’il embrasserait Platini, mais à la fin du match »
« Oui. entraîner Bordeaux serait un rêve. Bordeaux c’est une partie de moi. J’y ai vécu une épopée extraordinaire en tant que joueur. Huit saisons fabuleuses, une des plus belles
décennies du club. J’aime beaucoup ce club.
(…) En toute modestie, je pense que le patron, véritablement, c’était Gigi (Alain Giresse NDLR), pas moi. Sur le terrain, on était là pour l’aider, pour le protéger, pour qu’il puisse s’exprimer du mieux possible. De temps en temps, on a joué des coudes…
(…) Luis Fernandez a dit ça ? (la légendaire histoire du « Si tu dépasses cette ligne, tu repars avec ta jambe sous le bras » NDLR) Il est gonflé quand même (rires). En fait, quand je suis parti de Bordeaux, on jouait contre Nice. C’était le dernier match de la saison. Au bout de dix minutes, on devait être un peu étourdis par l’enjeu et l’émotion paradoxalement, nous étions menés deux à zéro. Quand on a fait le réengagement, je me suis tourné vers les Niçois et je leur ai dit : ‘C’est pas aujourd’hui que vous allez venir nous emmerder !’. On a haussé le ton, de temps en temps il se passe des choses comme ça. Mais Luis n’était pas manchot. On a eu des combats tous les deux… Je pense que les ingrédients : la jambe, tout ça, c’est rajouté car j’étais un joueur assez engagé, assez physique.
(…) Non, jamais je ne me serais permis de gifler Platini comme l’évoque votre histoire de 85. Dans quelle situation je serais aujourd’hui !? Michel est quelqu’un que je respecte beaucoup. Après, au match aller, il était venu nous voir car il avait l’habitude des grands matchs avec la Juve. Nous, nous étions les petits Bordelais qui tombaient en demi-finale contre la Juve. Il était venu dans le vestiaire, il nous avait un petit peu déconcentrés et nous en avions pris trois là-bas, quand même. Au match retour, c’était assez marrant : on sortait du vestiaire, et Michel n’avait pas eu le temps de venir nous saluer. Vous savez comment sortent les équipes, côte à côte… Michel était là, capitaine, il sortait, et Gigi allait l’embrasser. Alors j’ai attrapé Gigi et je lui ai dit : ‘Tu l’embrasseras, mais à la fin du match’. Il n’y a jamais eu de gifle. Comme quoi, il faut se méfier de ce qu’écrivent les journalistes. »