Brégerie : « Le public allemand est un public de connaisseurs »
« Je n’oublierai jamais mon premier match en Allemagne, il y a cinq ans, avec Dresde. Je n’avais jamais vécu cela. A partir de ce jour-là, je me suis dit, je ne veux plus quitter ce pays. C’était à l’occasion d’une rencontre de coupe nationale, à domicile, face au Bayer Leverkusen. Franchement je ne m’y attendais pas du tout. La ville compte 650 000 habitants, et pourtant on a l’impression que le club compte 850 000 fans, quand on est au stade !
On perdait 3-0, puis on est remonté à 3-3, et enfin on a gagné 4-3 en prolongations. Dans le stade, les cris, les chants, les sifflets retentissaient. C’était étourdissant. Il y avait un tel bruit, une telle ambiance, ça mettait le frisson. Sur un dernier corner, les sifflets se sont intensifiés et là, j’ai eu mal. J’ai ressenti une vraie douleur aux oreilles. Ça ne m’était jamais arrivé. C’était mon premier contact avec le foot et surtout le public allemand. Exceptionnel ! Pour notre premier match à l’extérieur, face au Munich 1860, 19 000 de nos supporters avaient fait le déplacement. Quelle ambiance. Ils étaient déchaînés !
En général, même quand on joue à l’extérieur, on entend les différents kops. Le public allemand est un public de connaisseurs. Mais attention, si ils nous donnent beaucoup, ils attendent aussi pas mal en retour. Il faut que les joueurs soient à la hauteur. Le FC Ingolstadt est un club jeune, créé en 2004, de la fusion de deux clubs rivaux. Pour le public, ça n’a pas été évident au début, mais aujourd’hui, on remplit le stade à chaque fois. Comme nous, nos supporters découvrent la Bundesliga. Pour notre tout premier match à domicile, face à Dortmund, quand on a perdu 4-0, ils n’ont pas arrêté de nous encourager. Jusqu’à la fin. Et puis ils se sont montrés patients, car notre première victoire à domicile a été longue à venir (8ème journée, 2-0 contre Francfort). Parfois, bien sûr, les spectateurs dans les stades à l’extérieur ne sont pas toujours tendres mais je n’ai jamais ressenti de violence de la part du public. En Allemagne, tu as vite fait de te retrouver exclu de stade à vie, en cas de problème.
Pour nous, joueurs, évoluer à Dortmund ou à Munich, devant 70 000 spectateurs, comme des rock stars, c’est synonyme de 90 minutes de rêve. Quand tu regardes tout en haut, parfois, durant le match, c’est vraiment très impressionnant. Je me revois, gamin, à Lescure, dans les gradins des Girondins de Bordeaux, l’année de leur titre de champion de France, en 99, quand j’accompagnais mon père. J’enviais les joueurs, je voulais être sur le terrain. »