Bannier défend la formation française et bordelaise
« Dans le football d’avant, on était vraiment identifié à un club car on y restait pendant 5-10 ou 15 ans, voire tout sa carrière. Les contrats étaient respectés… Aujourd’hui, un jeune étant issu d’un centre de formation ne peut pas signer un premier contrat professionnel pour une durée de plus de trois ans. Donc si vous voulez conserver un élément qui sort des U17 pour qu’il n’aille pas ailleurs, il peut signer pro très vite, être statutairement pro sans avoir mis les pieds dans ce niveau ni avoir encore la maturité pour le faire. Tout l’environnement, les entourages, les agents, le mercato n’est pas simple à gérer. Dès qu’un jeune a pris de l’avance, les sollicitations étrangères arrivent.
(…) Si on prend l’exemple d’Adam Ounas aujourd’hui, c’est bien ce qu’il a fait, mais pour être un bon joueur il faut qu’il puise répéter ce qu’il a fait sur 2-3 entrées tous les trois jours ou toutes les semaines pendant X années de carrière. Et ça ne va pas se faire du jour au lendemain. Lui ou Kévin Soni, ce sont de très, très jeunes joueurs. Ils n’ont même pas joué vingt matches de CFA… Donc évidemment, sur des coups assez ponctuels, ils vont pouvoir apporter des choses en pro et tant mieux, surtout si l’un d’entre eux arrive à devenir titulaire, mais il ne faut pas aller trop vite non plus. L’important c’est que quand Willy Sagnol a besoin d’un Adam Ounas ou d’un Kévin Soni, ils répondent présents au niveau supérieur.
(…) Il y a beaucoup de gens qui ne connaissent pas le football et la formation et qui sont amenés à en faire des papiers. Moi je vois le travail qui est effectué, ici ou ailleurs en France. Encore une fois, ce n’est pas facile de former, de lancer 2-3-4 jeunes en même temps en pro. En général, on y va au compte-gouttes. Ici, il y a en beaucoup à la fois. C’est normal que les gens soient critiques, parce qu’ils ne sont pas là à l’intérieur, au quotidien, ils n’ont donc pas de recul… Nous, on assume. Ce qui est important c’est que nous restons dans notre travail, dans notre stratégie. Bien évidemment, il faut prendre des enseignements de ce qui est dit à l’extérieur, mais tout en restant convaincu de ce qu’on fait. On se remet suffisamment en question, on est là du dimanche au dimanche, on n’a pas la prétention de tout savoir mieux que les autres, mais on peut dire qu’on a quelques connaissances et qu’on essaie de les mettre au service du club et des jeunes. Il nous faut, de toute façon, accepter la critique. Personnellement ça me va très bien. On reste des hommes, mais ça ne nous empêche pas de nous lever tous les matins. Moi, j’ai toujours été baigné dans le milieu professionnel, je ne connais que ça, donc les critiques je sais ce que c’est, et ça ne me touche pas plus que ça, parce que je connais les résultats. Je sais le travail que nous faisons au quotidien.
(…) Lyon a fait un travail formidable mais je pense que chaque club, Bordeaux ou d’autres, peut faire du très bon travail à son échelle. Tout ça, ça se construit, car chaque club et chaque région, a ses caractéristiques. Lyon a beaucoup de licenciés, a mis beaucoup de moyens à un moment donné sur la formation, a eu beaucoup de réussite grâce à la qualité du travail effectué. Mais si vous prenez un club comme le PSG, ça travaille très bien au niveau de la formation, pourtant la stratégie du club est différente à l’issue. Beaucoup de jeunes arrivent très vite en pro, beaucoup sont vendus, c’est compliqué d’avoir de la stabilité. La France reste le 3ème pays au niveau mondial à former des joueurs évoluant dans les cinq plus grands championnats européens, on le sait, alors il faut essayer de garder, au mieux, nos meilleurs jeunes. Mais après, il y a des contrats, il y a des pays autour de nous qui sont très attirants financièrement, et parfois on ne peut pas faire autrement que de libérer des joueurs. On connaît toutes les contraintes, mais je pense qu’il y a un beau travail qui est fait à la formation en France et notamment ici, aux Girondins de Bordeaux. »