Le site de So Foot a publié la troisième et dernière partie de son grand entretien avec
Lilian Laslandes, l’ancien buteur d’Auxerre et des Girondins.
Encore l’occasion pour nous de piocher des extraits concernant le FCGB, et notamment quelques anecdotes sur le « off ».
« Quand j’étais petit, j’allais régulièrement au stade. Et voir la joie des gens sur un but, ça motive. Surtout quand c’est toi qui marque, la joie est double. Elle est même vraiment indescriptible. Car tu as l’impression d’être un dieu. Et un stade entier chante ton nom. La communion, c’est avant tout l’envie de partager avec les gens. J’ai connu des joueurs qui n’allaient jamais applaudir les supporters à la fin. Ils faisaient leur métier et, pour eux, le fait de venir les voir jouer était normal. Moi, quand je marquais et sautais par-dessus le panneau publicitaire au Ray, à Furiani ou à Lescure, c’était pour croiser des regards de personnes qui vibraient comme moi. Un jour, à Bordeaux, face à l’OM, il y a 1-1, je marque à la dernière minute. Là, tu ressens l’hystérie, tu as ça dans les yeux pendant des semaines.
(…) Aujourd’hui, j’ai l’impression que les joueurs pensent que tout est déjà arrivé. Surtout les jeunes.
Quand Michel Pavon a eu son problème cardiaque au moment où il était entraîneur des Girondins, j’étais sur la route. J’ai entendu ça à la radio, je me suis arrêté et j’ai de suite appelé le président pour lui proposer mon aide pour l’entraînement ou n’importe quoi. Bénévolement, hein. Et je me suis alors aperçu que des garçons de vingt ans comme Anthony Modeste et Cheick Diabaté, du même groupe, ne voulaient pas jouer ensemble. Oh, devant un stade de 35 000 personnes, en Ligue 1 ! Ils disaient qu’ils n’étaient pas compatibles. Pour un match contre le PSG ? Mais on est où, là ? On a donc été obligés d’en mettre un sur la pelouse et un sur le banc, alors qu’on devait jouer à deux attaquants. Mais ils avaient prouvé quoi, eux, pour exiger ça ?
Selon moi, pour être reconnu, c’est minimum dix buts par saison qu’il faut mettre. Je pense que les premiers contrats sont trop élevés, ça peut faire tourner la tête. Ils vont en équipe de France, ils discutent avec leurs potes qui jouent en Angleterre et se la racontent avec leurs gros salaires.
(…) Certains attaquants peuvent se permettre d’être égoïstes. Comme Pedro Pauleta par exemple. Quand je jouais avec lui, j’ai compris que j’allais me mettre à son service et il m’a toujours remercié pour ça. Moi, je prenais les miettes et le servais parce qu’il nous faisait gagner les matchs. Ce n’était pas une star et c’était la clé. Il aimantait le ballon.
(…) J’ai déjà proposé mes services aux Girondins comme entraîneur des attaquants, mais ça ne s’est pas forcément toujours bien terminé. Willy Sagnol sait que je suis disponible. On en avait parlé ensemble lorsque j’étais venu donné un coup d’envoi il n’y a pas longtemps. Il m’a dit qu’il devait m’appeler, mais j’attends toujours. Aujourd’hui, des personnes comme Patrick Battiston ou Marius Trésor qui bossent avec la CFA, je les adore, ils sont très compétents, mais je pense que leur approche est peut-être dépassée maintenant. Les jeunes n’osent plus demander quand ils ne comprennent pas quelque chose. Ils doivent apprendre à parler. Le coach n’est pas un bourreau, tu peux communiquer avec. »