« Des joueurs expérimentés, ça ne veut pas dire forcément des joueurs chers. Mais, déjà, il faudrait que nos joueurs expérimentés ne soient plus blessés. On a parlé de Digard, la cellule de recrutement a dit non. Parce qu’on ne savait pas trop quel était son meilleur poste, s’il aimait le jeu long, le jeu court… En gros, il n’était pas fait pour Bordeaux. Donc stop. L’entraineur, lui, était plutôt pour sa venue parce qu’il le connaissait. Mais il faut faire des choix. Avoir des joueurs d’expérience sur qui s’appuyer, oui. Mais ces joueurs-là, comme Chantôme, s’ils partent au mercato d’après, on doit bien faire avec ce qu’on a avant de penser à les remplacer. Et, comme je l’avais déjà dit, pourquoi la jeunesse serait incompatible avec la performance ? On ne raisonne comme ça que dans le foot. Nos jeunes n’ont pas le talent pour se débrouiller tout seul ? C’est plus une question de caractère que d’âge je pense. Il y a des champions de 20 ans dans les autres sports. On est souvent dans le lieu commun quand on dit ‘il faut des vieux pour encadrer’. Ça m’énerve un peu de vous parler d’eux parce qu’ils ne me plaisent pas beaucoup, mais l’année dernière Lyon a emmerdé Paris jusqu’au bout avec une équipe très jeune. Voilà pourquoi je pense plutôt en termes de talent qu’en termes d’âge. Après, les jeunes, il faut être près d’eux dans le troisième temps, dans le quotidien, hors des entraînements et des matches. Ils se croient indestructibles à 20 ans donc ils ne font pas attention à la bouffe par exemple, à la discipline de vie. Il faut vraiment être près d’eux pour bien les encadrer et leur faire comprendre que la performance passe par une discipline au quotidien. Il faut les motiver sans arrêt sur ce point car dans un sport collectif les lacunes se voient moins que dans un sport individuel, donc le relâchement vient plus facilement. Les jeunes ont donc besoin d’être entourés et encadrés, par nous, le club, le staff, mais aussi par d’autres joueurs, c’est vrai, parce qu’ils écouteront plus facilement des joueurs qu’un staff ou qu’un dirigeant. Ou alors, dans le staff sportif, il y a un gars qui a ce rôle de proximité, avec une relation presque affective vis-à-vis des joueurs. Jean-Louis Gasset faisait les deux par exemple, adjoint de Laurent Blanc et lien auprès des joueurs, et c’était très important.
(…) Il y a deux joueurs sur lesquels on se pose beaucoup de questions. D’abord, Kiese Thelin, qui avait une douleur très grande et très dure à soigner au talon, avec un bout d’os qui se baladait. Il est arrivé chez nous avec un début de douleur, et ça ne se détecte pas, puis ça s’est aggravé. Même problème avec Gajic qui est arrivé avec une fissure, qui s’est vite transformée en fracture de fatigue. Le gars qui a 20 ans, au bout de 3-4 semaines, quand le problème apparait, ne va pas te dire ‘je m’arrête j’ai mal’ alors qu’il vient de signer. Il est courageux et il insiste, mais résultat des courses il aggrave les choses. Ce sont les entraineurs et les kinés, en les voyant courir, et notamment Gajic, qui se disaient tous qu’ils ne s’entraînaient pas normalement. Et là, le joueur il finit par te dire que oui il a un problème… Aussi, Kiese Thelin a enchaîné l’été dernier des matches avec l’équipe Espoirs de Suède, et même l’équipe A, donc il est revenu à Bordeaux sans avoir fait de préparation physique collective. Même souci pour Gajic avec les U20 de Serbie. Ce sont des garçons talentueux, champions du monde et d’Europe dans leurs catégories d’âge, mais qui ont eu une préparation tronquée et l’ont payé à la longue. Je m’interroge aujourd’hui, car je n’ai pas pu les voir exprimer leur talent. On me dit, et tout le monde était unanime, que ce sont des garçons de grand talent. C’était un consensus, comme sur le jeune Jovanovic qu’on devait prendre en janvier mais pour qui ça ne s’est pas fait. Donc moi, je m’incline. Mais j’attends toujours de voir… »