Trésor : « Je n’ai pas joué contre Cruyff mais avec lui »
Pour France Bleu et Football365, l’ancien défenseur central des Girondins, Marius Trésor, a raconté ses souvenirs de Cruyff, qui restera l’un des plus grands footballeurs de tous les temps :
« Je n’ai pas joué contre lui mais avec lui. C’était lors d’un match à Wembley en janvier 1973. On avait fait une sélection européenne où je participais, avec Georges Bereta et Georges Carnus. Il y avait beaucoup de Hollandais dans l’équipe. On avait tous passé un très bon moment ensemble. En 1971, j’étais dans les tribunes de Wembley, encore, pour le premier titre de l’Ajax en coupe d’Europe des clubs Champions face au Panathinaïkos. C’était le début de la grande aventure de l’Ajax d’Amsterdam dont il était le pilier. Avec lui, c’est la première fois qu’on a employé ce terme de « football total ». A leur tête, il y avait Stefan Kovacs (ndlr : entraîneur de 1971 à 73) et cette équipe a vraiment dominé le foot européen jusqu’à ce que le Bayern Münich arrive. Tout le monde se souviendra de ce numéro 14. Le ballon lui collait aux pieds, il n’avait donc pas besoin de les regarder. Il n’était pas le seul dans cette équipe mais on sentait, on voyait sa prestance, sa façon d’être sur un terrain de football. Il avait une technique extraordinaire. c’est quelqu’un qui a marqué son époque. La seule chose qui lui manque, comme à Michel (ndlr : Platini) d’ailleurs, c’est d’avoir décroché un titre de champion du monde. Il est passé vraiment tout près en 1974. »
« Pourquoi c’était une légende ? De par sa façon d’être sur le terrain, et tout ce qu’il pouvait apporter à son équipe. C’est un garçon qui marquait des buts extraordinaires, mais qui faisait aussi beaucoup marquer ses coéquipiers. Quand on voyait jouer cette équipe de l’Ajax, on était vraiment éblouis de voir ce football qu’ils développaient. Tous les gens qui l’ont vu jouer, qui l’ont connu ou ont joué contre lui vous diront tous exactement la même chose. C’est un grand Monsieur qui nous a quittés. Un grand Monsieur en tant que footballeur, en tant qu’entraîneur et en tant qu’homme. On sait bien qu’il fumait beaucoup et que la cigarette a peut-être entraîné son départ, il a même fait de la pub pour ça. Je me rappelle de Johan Cruyff en tant qu’entraîneur du FC Barcelone, qui te disait : « Moi, même si je n’ai pas une bonne défense, tout ce que je vais demander à mon équipe, c’est de marquer un but de plus que l’adversaire. ».
Johan Cruyff fait partie des légendes du football mondial, au même titre que Pelé, que Beckenbauer, que Platini… Ce sont des gens qui ont vraiment marqué leur époque. Ce qui m’impressionnait le plus chez Cruyff entraîneur ? C’était sa vision du football. C’était un football porté vers l’offensive. Lui, ce qui l’importait le plus, c’est que son équipe marque un but de plus que l’adversaire. A partir de là, il te disait que le succès était au bout, et il avait entièrement raison. Et quand il a senti que cela ne pourrait pas continuer comme ça, il a préféré s’écarter du terrain. »
