Giresse et Bell se souviennent de la Coupe de France 86
(…) Sur un débordement de Jean Tigana sur la droite, ce ballon m’est arrivé. Je m’étais préparé à faire quelque chose, je l’ai fait. J’ai contrôlé le ballon, j’ai choisi le lob, et je l’ai réussi sur Joseph-Antoine Bell. J’étais prêt dans ma tête. J’ai eu la lucidité et la maîtrise pour le réussir. Après j’ai couru comme un malade. J’étais dans un état second. J’ai même dormi avec le trophée dans le train. Je ne l’ai pratiquement plus quittée. Et puis on est allé à la mairie où on a présenté la coupe depuis un balcon aux supporters. Mais je l’ai récupérée. Je l’ai même amenée chez moi à Langoiran. J’ai dormi avec. Je l’ai mise sur la commode dans ma chambre. On partait tous le lendemain pour la Coupe du monde. Je l’ai ramenée à Mémé Jacquet qui venait nous dire au revoir à l’aéroport. Ce sont des moments dont on rêve et quand ça arrive, on veut en profiter. C’est un moment très important dans ma carrière. »
Bell : « L’OM était bien tendre et même en survie à cette époque ! C’était une équipe jeune qui avait arraché le maintien la saison précédente après avoir retrouvé l’élite. Une fois sauvé des eaux, l’OM essayait tant bien que mal de se refaire une santé. Mais cela n’avait pas été facile durant toute la saison. Il est certain que nous n’étions pas du tout les favoris de cette finale, mais sur le terrain, l’équipe a ensuite su démontrer qu’elle aurait pu tout à fait remporter ce match.
(…) C’est vraiment un but spécial à tout point de vue. Il est d’autant plus incroyable que tout le monde oublie que le juge de touche avait levé son drapeau et que j’ai été suffisamment fair-play pour ne pas verser de l’huile sur le feu. Les défenseurs marseillais s’étaient naïvement arrêté de jouer et Alain Giresse était sans doute d’autant plus décontracté pour réaliser ce geste qu’il pensait que le but serait invalidé. Malheureusement, les joueurs de l’OM avaient retrouvé beaucoup de vigueur pour courir après l’arbitre afin de protester contre ce but plutôt que de courir après le ballon sur l’action du but. L’ironie va très loin car elle commence à la fin de cette saison 1985-1986 avec le départ d’Alain Giresse pour Marseille, devenant ainsi l’un de mes partenaires à l’OM. Mais en même temps, je l’ai accompagné à son stage Cap Giresse et je suis alors devenu un peu bordelais (Rires). Quand je me retrouve aux Girondins en 1989, Jean Tigana, de son côté, est parti à l’Olympique de Marseille. (Rires).
En venant à Bordeaux, je rêvais d’y terminer ma carrière. C’est d’ailleurs le seul endroit de France où j’ai acheté une maison. Je m’y sentais tellement bien que j’aurais voulu y rester jusqu’au bout. Malheureusement, il y a eu les problèmes budgétaires et la relégation administrative au terme de ma deuxième saison. Malgré la descente, j’étais prêt à rester à Bordeaux et avec Gernot Rohr, nous avions même fait l’équipe qui devait jouer en Deuxième Division. J’avais expliqué qu’il était inutile de conserver des joueurs qui ne voulaient pas rester car je savais qu’il serait très difficile d’évoluer à ce niveau. Il fallait garder ceux qui étaient motivés par la remontée et moi le premier. Malheureusement, j’ai été obligé de partir parce qu’on ne s’est pas bien comporté avec moi alors que j’étais censé retrouver le groupe pour un stage en Forêt Noire. »