Carrasso : « Quand je commence un championnat avec Bordeaux, c’est pour être dans les 3 premiers hein. Sinon, à quoi ça sert ? »
« En fait, maintenant, je remarque que, mis bout à bout, ces blessures, ces temps de rééducation, m’ont évité de m’abîmer le corps et l’esprit. Comme si je pouvais finalement rajouter ces temps d’absence à mon temps de carrière sur la fin. Comme si le temps n’avait pas été perdu, mais décalé. Tu vois ce que je veux dire ? Mais je vais être honnête hein, je l’ai ressenti comme ça qu’un peu plus tard dans ma carrière. Quand je me blesse au tendon d’Achille ou à mon genou droit, je me disais que ça allait me flinguer ma fin de carrière. Et puis j’ai changé d’approche, parce que je me sentais de mieux en mieux, dans mon quotidien, mes performances, tout ça. Je ne veux juste pas faire la saison de trop. J’ai eu la chance de pouvoir jouer au haut – parfois très haut – niveau, dans à peu près toutes les compétitions. Il sera temps de dire stop quand je sentirai que je ne peux plus suivre à ce haut niveau. Les Girondins le savent très bien : je ne vais pas m’accrocher pour continuer à jouer à un plus petit niveau. J’ai été formé comme ça. À Marseille, t’as pas le droit à l’échec, t’as-pas-le-droit.
Aujourd’hui, je me fais toujours autant voire plus plaisir, mais j’ai toujours envie de gagner quoi. C’est ce qui est parfois démesuré chez moi d’ailleurs, même si ça peut représenter ma force et ma motivation : quand je commence un championnat avec Bordeaux, c’est pour être dans les 3 premiers hein. Sinon, à quoi ça sert ? Là, Bordeaux a fini onzième et j’ai manqué 5 mois de compétition. Depuis que je suis professionnel, je n’ai jamais joué dans une équipe qui a fait moins bien que 7ème, c’est mon pire classement. Pour moi, c’est une honte. Parce que j’étais formaté tout jeune pour gagner, être en haut. C’est comme ça. On l’accepte ou pas. Et puis je sais que je n’ai pas tout gagné. Mais cette motivation – ne pas accepter la défaite – m’a toujours tenu. »