Gourvennec : « Se baser sur la possession, c’est peut-être plaisant, mais ça ne colle pas à la réalité du haut niveau »
« Le 4-4-2 et le fait de jouer avec deux pointes, ce sont mes convictions de jeu, et l’effectif s’y prête aussi je trouve. Je préfère avoir deux joueurs, l’un sous l’autre, qui fixe le jeu plus haut, que d’avoir une solution de plus au milieu. Alors c’est vrai que le deuxième attaquant se transforme parfois en un troisième milieu, surtout en phase défensive où il faut densifier ce secteur, c’est devenu obligatoire aujourd’hui car la plupart des équipes jouent tout sur le surnombre au milieu du terrain. Mais dans l’utilisation du ballon, par rapport à ce que je souhaite : la fixation du jeu à l’intérieur et des joueurs qui rentrent afin de libérer les espaces pour les latéraux, le 4-4-2 est un choix. Cela ne veut pas dire qu’on ne jouera pas à 3 au milieu parfois, mais j’estime que deux lignes de quatre plus un 1 + 1 devant c’est le plus cohérent pour défendre tout en restant offensif. C’est un choix de jeu, mais tout dépend ensuite des animations, car le plus important dans notre métier c’est d’expliquer les choses pour convaincre les joueurs et qu’ils suivent ce qu’on décide, ce qu’on veut. Après, les joueurs, ils peuvent adhérer à un autre schéma ou à plusieurs, mais il faut éviter le schéma auquel ils n’adhèrent pas, préférant faire autre chose. Dans ce cas, il y a un problème, mais moi j’ai bien l’impression que mes joueurs prennent du plaisir, en entraînement et en match, à essayer d’appliquer ce qu’on veut proposer. A partir du moment où il y a du plaisir, de l’investissement et de la qualité, on doit pouvoir faire prendre forme au collectif.
Aujourd’hui, il y a un débat pour vouloir nous montrer, parfois, que dominer c’est avoir la possession… Mais à part le PSG de Laurent Blanc, et je ne suis pas sûr qu’ils continuent dans cette fois, le Bayern et Barcelone, plus peut-être Manchester City avec Guardiola, qui sont taillés pour avoir le ballon avec des joueurs étant hors-normes techniquement, je vois très peu d’équipes être dans le registre de la possession. Dans le foot moderne, on ne peut pas avoir la possession comme seul critère pour juger une bonne équipe et un bon entraîneur. Je crois que Bordeaux sera capable de faire de bonnes séquences de maitrise, car sur le plan de la technique on a de quoi faire, à l’intérieur et devant, pour être parfois dans un bon jeu de préparation, en ayant la possession, tout en étant régulièrement dans un jeu d’attaques rapides qui sera réclamé. Je souhaite voir cela à Bordeaux cette année, car à Guingamp la qualité était moins présente pour le faire et qu’il nous fallait surtout être bon dans une facette du jeu avant tout. Je trouve que se baser sur la possession, c’est peut-être plaisant, mais ça ne colle pas à la réalité du haut niveau. Je crois plus qu’il faut savoir allier possession et vitesse car le jeu le commande et que la configuration des matches fait qu’il y a des espaces offerts et qu’on ne doit pas multiplier les passes si on peut aller porter le danger très rapidement. Le public a aussi besoin de voir une équipe vivante, avec du peps, et c’est ce qu’on essaye de mettre en place, en sachant qu’il y aura des imperfections. On ne sait pas trop où on ira et quel sera le classement, mais la trajectoire que l’on va prendre elle est claire dans ma tête : on veut être capable de faire les deux, pas seulement garder le ballon ou jouer vite devant. »