Huard : « J’avais parfois l’impression que j’avais un petit but de handball derrière moi »
HUARD : « La différence majeure entre le début et la fin de carrière, c’est la maturité. Surtout quand on est gardien. Au début, on pense avoir vécu une situation de match sur laquelle on tire un trait, ou avoir encaissé un but qu’on ne reprendra plus, mais à chaque fois on découvre, en permanence, sur chaque phase de jeu il y a des choses qu’on n’imaginait pas. L’évolution, aujourd’hui, elle est aussi beaucoup dans le jeu au pied. Il faut savoir vraiment jouer au pied. Mais elle est aussi dans la façon dont on est devenu représentatif de la confiance de l‘équipe, car si le gardien n’est pas bien, toute l’équipe n’est pas bien, et vice versa. J’en discute souvent avec Cédric, il le sait, et il l’a parfois vécu. Moi, je l’ai vécu quand il y a eu le record d’invincibilité (1176 minutes sans but encaissé, lors de la saison 92/93, avec le FCGB), j’avais parfois l’impression que j’avais un petit but de handball derrière moi, et toute l’équipe s’en sentait bonifiée, en sécurité, donc on était plus porté vers l’avant car derrière on était en confiance, et moi le premier. Avoir ce statut-là, de donner l’impulsion de l’équipe, est très important parce que si un gardien ne sécurise pas son équipe, il ne peut pas lui permettre d’avoir et d’atteindre des objectifs. »
CARRASSO : « Pour moi, cette maturité est arrivée vers 2008, peu à peu, avec les blessures, les changements de clubs, et mon intégration en équipe de France après mon retour, grâce à cette nouvelle force. J’avais alors accompli des objectifs élevés, que je n’imaginais même pas en début de carrière. On le sent aussi dans son jeu, après, moi, j’ai toujours eu une manière particulière de voir les choses, par rapport à mon vécu. Quand j’étais blessé à Marseille, quand je ne jouais pas du tout, quand je pars à Toulouse, où on vit une saison fabuleuse avec une 4ème place, quand les Bleus arrivent… Ça s’additionne et on se rend compte qu’on a quand même un niveau intéressant, ce qui amène de la confiance, qu’on fait ensuite de plus en plus parler, comme l’expérience, pour aider l’équipe. C’est là qu’on gagne grandement en sérénité. Après, même si on essaye de ne plus refaire les mêmes erreurs, on n’est jamais à l’abri, et, comme disait Gaëtan, on découvre toujours de nouvelles choses, de nouvelles situations. Même si on a l’impression d’avoir tut vécu. Ce serait marrant de compter tous les ballons qu’on a pu toucher, depuis le début. Aucun n’est pareil. Donc même si on appréhende mieux les situations dans l’ensemble, il y a des surprises… »
H : « Avec l’expérience, on arrive tout de même à anticiper beaucoup de choses au niveau du placement, de la lecture du jeu, des appuis. On sait qu’on doit intervenir à tel moment, alors qu’avant on serait intervenu plus tard. On gomme petit à petit ses erreurs pour mieux protéger son but, car le nôtre, de but, c’est justement de ne pas en prendre. Le reste, on ne peut pas le faire, mais, pour nous, finir un match sans but pris, c’est très important. »