Christophe Dugarry : « Footix ? Oui, peut-être… Je ne prends pas ça comme quelque chose de négatif »
L’émission « Team Duga » d’hier, sur RMC, a été théâtre d’un long débat sur la question de savoir s’il fallait soutenir ou pas le Paris Saint-Germain, et les clubs français, en Coupe d’Europe. Avant Barcelone/Paris, en huitième de finale retour de la Ligue des Champions (4/0 pour le PSG à l’aller), l’ex bordelais Christophe Dugarry a développé tout une thèse sur le sujet
« Je pense que tout le monde doit être derrière le Paris Saint-Germain demain (ce soir, NDLR), contre Barcelone. Moi je le serai car je suis Français et donc je suis derrière les clubs français en Coupe d’Europe. (…) En fait, ce sujet résume assez bien ma vision du football en général. Moi, je n‘ai jamais eu ; jamais ; l’âme d’un supporter. Je ne suis pas ‘maillot’. Mon club de jeunesse, c’est Bordeaux, c’est les Girondins, mais je ne suis pas un fou du scapulaire. J’étais un fou d’Alain Giresse, de Bernard Lacombe, de René Girard, qui était un sacré joueur lui aussi. Je m’identifie aux joueurs, et j’ai du mal à m’identifier à un maillot. Je n’ai jamais réussi. Dans ma chambre, je n’avais pas de maillot… Alors, oui, j’adore Bordeaux et je leur souhaite le meilleur, mais j’aime surtout le foot ! Et si on me traite de ‘footix’, et bien oui, peut-être… Je ne prends pas ça comme quelque chose de négatif. Pour moi, le mec qui embrasse son maillot, pour qui seul le maillot compte, qui accroche même le maillot dans sa chambre, j’ai beaucoup de mal à le comprendre. Moi, j’aime le football au sens plus large, les gestes techniques, le talent, l’inspiration d’un joueur, c’est ça que j’adore. Mais je respecte très bien ceux qui ont cette âme de supporter, et je les écoute avec plaisir, même s’ils ne sont, par définition, jamais objectifs. Sauf que moi ça ne me parle pas vraiment ce côté supporter, ça ne me prend pas aux tripes, car ce genre de choses, cette vision, cette passion, ça ne m’attire pas.
(…) On parle du fait d’être ‘anti Parisiens’, mais pourquoi ? Ça sort d’où ce truc-là ? D’une espèce de guéguerre pour un fight perdu il y a 20 ans ? J’aimerais bien qu’on m’explique… Je connais quand même un peu les histoires entre supporters, mais je ne comprends pas. Ça veut dire quoi les ‘vrais’ ou les ‘faux’ supporters (il réagit à l’emploi de ce terme par Gilbert Brisbois, NDLR) ? Ce sont les supporters les plus engagés ? Les Ultras ? Donc 10%, même pas… ? Tu t’adresses à qui tu veux, aux supporters on va dire, mais moi je veux surtout m’adresser à tous les passionnés de football. C’est une totale différence. Et si, comme tu le dis, la France du football n’est pas pour Paris, et bien c’est dommage. Là où toi tu divises les gens, moi je les rassemble. Je vais aller me présenter à l’élection présidentielle, tiens (rire) ! Excuse-moi d’aimer le foot, et ce n’est pas être un ‘bisounours’. Toi tu veux qu’on siffle les joueurs, moi je suis plus pour qu’on les applaudisse, qu’on les encourage, sans que le public soit ‘béni-oui-oui’.
(…) Quand un club nous fait rêver en Ligue des Champions, il faut le soutenir, voilà tout ! Moi ça ne me choque pas qu’on soutienne tous Paris contre Barcelone, au contraire. Je suis pour le rassemblement, l’atmosphère hostile dans le foot ne me convient pas. En Angleterre, personne ne siffle les joueurs adverses, malgré plein de rivalités qui existent, et pourtant, en Angleterre, on est tous unanimes pour dire que c’est là les meilleures ambiances. En Espagne, c’est pareil, on siffle très peu… Après, je respecte tous les avis, mais ça ne reste que du football et ça me dépasse un peu qu’on en fasse autant, en étant à ce point pris aux tripes par la seule passion d’une équipe, et donc par autre chose que la passion du football en tant que tel. Quand je vois des supporters avec le tatouage du blason de leur club, je suis dépassé ; désolé. Alors, bien sûr, ce n’est pas un gros défaut, mais je n’y suis pas sensible. Au final, tant mieux qu’il y ait des gens comme ça, ils sont très importants dans le football, mais cette mentalité ne me parle pas. Je ne suis pas un ultra comme toi, Gilbert, avec Strasbourg (rire) ! Je suis plus dans l’esprit anglais, où on applaudit un ancien même s’il porte un autre maillot, où tout le monde participe aux chansons…
(…) En fait, vous savez, moi je ne souhaite le malheur et la défaite de personne. Ce n’est pas dans mon esprit, désolé, même pour les gens qui me saoulent (rire). Mon problème est peut-être là : je ne déteste personne. Sincèrement. Alors, oui, je suis un footix, un béni-oui-oui, ou tout ce que vous voulez, et certainement que je ne mesure pas la dimension d’identification chez certains, mais je ne vais pas souhaiter au Paris d’en prendre 5 à Barcelone ! Je reste Français, donc dans l’absolu… Voilà, je ne sais pas. En tout cas, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Car je ne suis pas contre les supporters, tant mieux qu’ils soient là, je les adore ! Je ne veux plus lire sur Twitter : ‘Duga n’aime pas les supporters‘ ; car j’ai bien compris que leur passion fait l’essence même du foot et des clubs. Mais j’ai du mal avec tout le reste… Tu es trop clivant toi, Gilbert, moi je veux rassembler la France du football (rire) ! »