Stéphane Martin : « Il y aura des choses sur lesquelles ma perception sera différente »
Aux côtés de Jean-Louis Triaud, à qui il succède, Stéphane Martin, le tout nouveau président des Girondins de Bordeaux a été questionné sur sa ‘méthode’. Diplomate, voici ce qu’il répond.
« Ma patte ? Très sincèrement, désolé de vous décevoir, éventuellement, mais je pense que le club fonctionne très bien. Je n’ai donc pas l’idée de faire la révolution, ni l’impression de débarquer dans un navire en plein naufrage. Évidemment, il y a quand même des choses que je percevrai différemment, ne serait-ce que parce que nous n’avons pas la même expérience professionnelle, donc bien sûr que je modifierai des choses, par petites touches. Mais, déjà, je veux m’imprégner du club, que j’ai déjà pu découvrir en tant qu’administrateur, bien que cela reste très superficiel comme découverte. Je vais rencontrer les gens, voir ce qui peut être fait, mais ce sera marginal, car on est quand même 5èmes de Ligue 1, avec un budget loin de ceux des premiers… Regardons qui est devant, nous n’avons pas à rougir d’être 5èmes. Mais c’est sûr qu’il y aura des choses sur lesquelles ma perception sera différente de celle de Jean-Louis, sans remettre en cause ma vision globale du club, très positive.
Ce que je viens de vous dire sur le club est partagé par M6. La vision est clairement moins négative que ce qu’elle a été il y a encore quelques mois, avec la mode du Bordeaux bashing, donc mes missions seront d’abord de regarder le non-sportif. Finalement, ce club, c’est deux PME en une : une partie sportive et une plus axée sur le marketing, le digital… C’est là où je pourrai, dans un premier temps, améliorer des choses, à la marge. Je n’ai passé que 9 mois dans ce club en tant qu’administrateur, et j’en ai encore une vision superficielle, mais je sais que la dimension économique est très dépendante des résultats sportifs, peu importe l’angle d’analyse des comptes. Le sportif reste le problème N°1, et sur ce point les choses se passent plutôt pas mal… On est bien doté, avec Jocelyn Gourvennec et Ulrich Ramé, plus toute une structure d’ancien pros qui amènent énormément de compétences.
Si on prend les 20 ans de présidence de Jean-Louis et qu’il dit qu’il n’en est pas fier, il place quand même la barre très haut (sourire) ! Sur la saison en cours, la dynamique est bonne, avec les contraintes d’avoir Paris, Lyon et Monaco devant nous, grâce à des budgets plus élevés et à de bonnes gestions, qui ne se sont pas construites en deux jours. Bref, voilà, aujourd’hui c’est assez compliqué d’être mieux que 5ème. Désolé d’être rabat-joie, mais c’est la réalité. Nice joue encore le titre, ça peut arriver, comme quand Montpellier a été champion, alors qu’on en était au début des Qataris à Paris et que Monaco n’était pas encore revenu au top. On ne s’interdit pas de rêver à mieux que 5ème, mais aujourd’hui c’est déjà pas mal, car le championnat de France n’est plus celui d’il y a 10 ans ; sans être encore au niveau du championnat anglais ; il devient un grand championnat européen. Et finir 5ème d’un grand championnat, cela doit susciter de l’enthousiasme auprès des supporters, du public. Cet objectif de finir 5ème n’est pas un objectif sur lequel il faut avoir des complexes. Même à terme… Ponctuellement, sur une année où tout réussit, où un joueur de L2 recruté à bas coût devient une star, tout est possible ; mais globalement la 5ème place est un objectif plus que raisonnable, et déjà ambitieux compte-tenu de l’économie du football français. Je suis un grand pragmatique, donc je regarderai ce que je peux faire sur le sportif, car l’économique en dépend trop ; mais je ne vais pas débarquer en donnant au coach la composition à mettre ce weekend !
Comme je l’ai dit, il y a des contraintes économiques à respecter, dont celles voulant que ce soit l’actionnaire, M6, qui ait la main. Je ne prendrai donc pas les décisions finales, qui seront le résultat d’une concertation commune, évidemment, avec le sportif et le financier, pour finaliser. Mais c’est déjà le mode opératoire actuel. Il ne changera pas, ce n’est pas le président qui va imposer un joueur, mais cela n’empêche pas d’avoir des idées, de participer au dialogue. La structure actuelle fait que le club est ce qu’il est, au niveau de l’équipe première mais aussi de la formation, et je n’ai aucun doute sur la qualité de cette structure. »