Élisa Launay : « Pour être gardien de but il faut être assez folle »
Pas à son avantage ce weekend, contre Metz (défaite 1 à 2, à domicile, dans un match qui plombe encore les chances de maintien en D1), la gardienne Élisa Launay, souvent titulaire dans les buts de la section féminine des Girondins de Bordeaux, donnait, il y a quelques jours, un entretien à Stadito.
A 19 ans, l’ancienne joueuse de Montpellier, qui a évolué dans le champ jusqu’à 14 ans et demi avant de passer dans les cages, imitant ainsi son père et son frère et adoptant le poste correspondant à son caractère, raconte son parcours et sa vision pour l’avenir du football féminin, aux Girondins et en France.
« J’ai un caractère solitaire, je suis très timide et donc je ne vais pas beaucoup vers les gens. Gardienne, c’est un poste individuel, donc c’est plus facile pour moi. Mais j’adore ce poste car j’aime plonger, arrêter des frappes, j’adore la sensation que me procure chaque arrêt que je fais, qui va éloigner le danger pour mon équipe. J’aime l’adrénaline que j’ai lorsqu’un danger approche et que je suis le dernier rempart. Même si j’avoue que pour être gardien de but il faut être assez folle pour bien aimer se faire tirer dessus… mais j’apprécie quand même.
(…) Si j’ai quitté le MHSC, c’est car je n’y avais aucun avenir footballistique. J’aurais eu un entraînement de très haute qualité, certes, mais pour moi le fait de ne pas jouer le week-end me paraissait invraisemblable pour ma progression. Tout se résume aux erreurs ou aux bonnes choses que l’on fait durant un match. Bordeaux a donc su me proposer quelque chose qui correspond entièrement a mes attentes et me fixe un objectif qui me motive davantage.
(…) Avec Bordeaux, ne nous précipitons pas. Nous avons des objectifs, oui, qui sont immédiats, mais être le ‘Cador’ de la D1 ne fait pas partie de ces objectifs. Il fait parti des objectifs, mais sur le long terme. Pour moi, il y a déjà un engouement ! Même s’il n’est pas encore très visible, il est bien là. »
(…) Ma vision sur le football féminin est simple. C’est un sport qui finira par être aussi développé que le football masculin. Mais avant que cela arrive, il va falloir beaucoup de patience. On a déjà fait de très gros progrès depuis quelques années. Il faut que l’on gagne des championnats, des compétitions internationales pour se faire connaître. Je prends pour exemple la Coupe du Monde des féminines il y a quelques années où l’on a joué l’Allemagne en quart de finale, et où, si je me souviens bien, l’audience de la chaîne W9, qui a diffusé le match ce soir-là, avait explosé. Ils avaient battu leur record. Je trouve qu’il y a une énorme inégalité entre les garçons et les filles, c’est sûr, mais je suis persuadée que cela va changer durant les années qui vont suivre. Chaque année il y aura une amélioration, même petite. »