Jean-Luc Dogon : « On a quelques joueurs qui promettent vraiment, on doit en faire des pros »

Sur GOLD FM, relayé par CFAGirondins.fr, le formateur bordelais Jean-Luc Dogon (coach des U19 des Girondins) a expliqué comment il vivait les allers-retours de ses joueurs entre les différentes catégories où ils sont amenés à jouer et les sélections de jeunes. L’ancien défenseur central des Marine et Blanc doit bien les encadrer, à la fois sportivement et humainement.

« Bien sûr qu’ils regardent un peu plus sur le terrain de la CFA 2, parce que c’est la progression logique, parce qu’ils ont envie d’y aller, ou au moins de s’entraîner, de jouer quelques matchs. Et puis après ils vont se projeter avec les pros. Le fait qu’ils s’entraînent déjà avec les pros, c’est assez prometteur, mais bon, ils sont, je le pense, suffisamment intelligents et ils ont suffisamment les pieds sur terre pour savoir qu’il n’y a rien de fait. Pour l’instant, ça se passe très bien, ils le gèrent très bien, je pense que le discours des pros est aussi intéressant, ils sont là pour progresser, pour voir comment ça se passe, et ils n’y restent pas, pour les U19. Ils vont faire un tour et ils reviennent. Ça leur donne de l’assurance, souvent, ils sont un peu fatigués, parce qu’au niveau de l’influx nerveux c’est différent.

C’est un peu stressant, il ne faut pas croire que c’est facile, car ça va bien plus vite, et donc ça leur demande beaucoup plus de concentration, plus d’efforts. Ils reviennent fatigués, plus mentalement que physiquement, mais ils reviennent relativement bien. Le danger, c’est quand ils y restent trop longtemps, parce que les pros ils ne s’entraînent pas pareil, c’est une conduite par rapport à un match, nous c’est sur long terme, donc on ne fait pas les mêmes efforts. C’est parfois très difficile de reprendre le même rythme que le centre de formation. On a des joueurs intéressants, il y a toujours l’effet génération, mais on a des joueurs assez prometteurs. On a la chance d’avoir quelques joueurs qui promettent vraiment. On est vraiment là pour en faire des professionnels, et pour les aider à progresser encore. Il leur manque de la maturité, un peu de technique, un peu de tout pour certains, mais ils ont déjà une base, et une ossature intéressante. S’ils sont attentifs, s’ils continuent à bien travailler, à chercher à progresser, il n’y a pas de raison que ça ne passe pas pour certains.

(…) La sélection, c’est à double tranchant. Il y en a qui le vivent très bien, car ils y jouent. C’est un peu plus fatiguant, parce qu’en général ils partent juste pendant la période de repos, donc ils ont un peu moins de repos que les autres joueurs, et il faut les gérer différemment. Il y en a certains qui sont capables de gérer ça très bien, mais d’autres qui s’enflamment un petit peu. Il y en a qui y vont, mais qui ne sont pas pris après, donc ils sont déçus, il y a le contre-coup. Le danger, c’est qu’ils s’enflamment. Il y a je ne sais pas combien d’agents qui viennent les voir dans ces matchs internationaux, ils sont tous à l’affût du moindre petit talent. Et il faut faire attention à ce que ça ne leur tourne pas la tête. Parfois oui, ça va trop vite. Pour moi, ce n’est pas toujours une bonne chose qu’ils aillent en sélection. C’est le système qui veut ça. C’est valorisant, c’est bien pour le centre, pour le joueur, parce que c’est d’autres genres de matchs, et car c’est d’autres confrontations, mais ce n’est pas pour ça que les internationaux chez les jeunes deviendront professionnels, loin de là. Ça représente bien le football français, à une certaine période on cherche en sélection des joueurs qui sont déjà très matures, qui sont déjà prêts, mais ce n’est pas pour ça qu’ils vont progresser après. Et donc, pour moi, ce n’est pas primordial qu’ils aillent en sélection. »