Les aveux de Jocelyn Gourvennec sur son image « intello » et sur les joies et peines de sa vie
Toujours dans son entretien de la semaine, à L’Équipe, réalisé sous la forme d’un questionnaire « Le jour où… », Jocelyn Gourvennec s’est ouvert de manière assez… intime, expliquant avoir été vite amené à se sentir un peu différent dans le monde du football, surtout comme joueur. L’entraîneur des Girondins révèle aussi quels ont été ses plus grands moments de joie et de tristesse, dans le foot et en dehors.
Sur sa réputation d’intellectuel (par rapport au monde du football) : « C’est venu dès le tout début de ma carrière, quand j’ai accepté de signer pour le Stade Rennais. J’avais dix-neuf ans, j’arrivais de Lorient et ils m’ont proposé un contrat de stagiaire pro. Mais comme j’étais étudiant à l’université depuis un an, je voulais continuer mes études (STAPS) et donc être parfois libéré des entraînements pour les cours. Ils ont accepté, ce qui a permis de signer pour la première fois une charte entre l’université et le club. En fin de saison, sur les matches importants, des examens ont même dû être décalés uniquement pour moi. Ma réputation d’intello est partie de là ! Et j’ai été catalogué comme ça alors que je ne me suis jamais senti différent. Et je ne crois pas l’avoir été. »
Sur ses plus grandes joies hors du foot : « Quand j’ai eu mes filles (16, 12 et 8 ans). À chaque fois que ma femme a accouché, j’ai eu la sensation de décoller un peu de la surface, de sortir de moi. J’étais dans un état d’euphorie où tout était en suspens. C’est génial, magnifique. Je n’ai jamais ressenti ça dans mon métier. Car il n’y a pas d’équivalent, même après une grande victoire. Aussi, je me rends compte aujourd’hui qu’en évoluant dans le milieu très masculin du foot, c’est important et apaisant de me retrouver avec mes filles et ma femme le soir. Ça m’adoucit un peu. »
Sur ses pires moments dans le foot : « J’ai pleuré deux fois de tristesse. La première en août 1995 quand je me suis blessé au genou, avec Nantes, contre le PSG, et que j’ai compris ce qui m’attendait. La deuxième en 2006 quand on est descendus en National, avec Clermont, lors de ma dernière saison de joueur. Descendre, c’est un immense échec. En tant qu’entraîneur, par contre, je n’ai jamais pleuré. Mais le pire moment de coach que j’ai vécu, c’est en novembre 2014, avec Guingamp. On venait juste de se qualifier pour les seizièmes de finale de la Ligue Europa, mais en championnat on n’était pas bien. Ce dimanche-là , on joue à Évian et on est catastrophiques. On perd 2-0 et on se retrouve relégables (l’EAG terminera la saison… 10ème, NDLR). En trois jours, on passe d’une grande joie à une grosse déception. Le lundi matin, quand je me suis réveillé, ça n’allait pas du tout. Je suis resté complètement sonné, presque hagard, pendant deux ou trois heures. Ma femme était là et m’en reparle parfois. Ça a été une sensation bizarre que je n’ai jamais revécue depuis. »