Rolland Courbis : « A Bordeaux, Zizou avait déjà la vision, et sa gestuelle si rare »
Lui aussi dans « Le Vestiaire » (SFR Sport), Rolland Courbis a parlé de Zinédine Zidane. L’ancien (et fantasque) entraîneur des Girondins de Bordeaux, qui a fait venir ‘Zizou’ de l’AS Cannes en 92, n’imaginait pas encore que le N°7 bordelais allait devenir l’un des plus grands joueurs de tous les temps. Et encore moins un entraîneur déjà en passe de gagner deux Ligues des Champions de suite, à la tête du Real Madrid.
« Au départ, oui, il a du mal à tenir physiquement tout un match, mais bon… On le gère. Et quand il y avait trois matches dans la semaine, il ne démarrait pas celui du milieu mais le terminait, souvent, pour débuter le troisième match et sortir à la 70ème minute. Voilà. Par contre, son positionnement ; mais là c’était peut-être une erreur de ma part, en tout cas c’était un choix ; ce n’était pas N°10, comme il l’a été après dans sa carrière. Avec moi il était plutôt un 8 qui devenait 10 quand on avait le ballon mais se replaçait à la perte. En jouant ainsi, il avait le temps et la place, en plein cœur de l’équipe, pour accélérer notre jeu. C’était une question de goût, de vision, et, sans dire que c’était la bonne, c’était la mienne. Zizou avait déjà la vision, et sa gestuelle si rare, ce talent pur, tout le monde le voyait, à moins d’être non-voyant. Je ne lui ai pas spécialement dit de muscler son jeu… Car celui qui était alors capable de voir qu’il pourrait faire la carrière qu’il a faite ensuite ; en s’imposant à la Juve puis au Real, dont il est devenu l’entraîneur ; sincèrement, je lui tire mon chapeau, car moi je n’avais pas vu tout ça. On avait évidemment vu qu’il pouvait devenir un super joueur, mais un immense joueur à ce point-là, non. On savait tous que la marge de progression existait, mais cette progression a été vraiment extraordinaire. »