Tounkara : « Se taire, travailler et attendre son tour »
« Je suis né à Paris. Puis, je suis parti en pré-formation à Lens. J’ai eu des problèmes de comportement qui m’ont fermé la porte du centre de formation. Je ne réalisais pas la chance que j’avais. Je suis donc rentré chez moi en famille et j’ai intégré le Paris FC. Je m’entraînais souvent en U17 DH et je jouais les matches avec les U15. Suite à ça, j’ai eu l’opportunité d’intégrer le club de Valenciennes. Puis, mes vieux démons m’ont rattrapé et j’ai eu de nouveaux problèmes de comportement. Je ne comprenais pas toujours le choix des entraîneurs. Il fallait se taire, travailler et attendre son tour. Je n’avais pas la maturité à l’époque pour comprendre cela. Après Valenciennes, j’ai connu des moments vraiment difficiles. Beaucoup de clubs en France se méfiaient de mon comportement.
J’ai eu l’opportunité de signer avec Nottingham Forest. J’ai choisi ce challenge pour gagner en maturité. L’adaptation s’est bien passée. Je me suis fait des amis et tous les mercredis, j’avais des cours d’anglais. Rapidement, j’ai réussi à communiquer et à m’intégrer au groupe. Puis, l’entraîneur a préféré faire jouer des joueurs anglais et m’a mis petit à petit de côté. J’ai compris qu’il fallait que je reparte pour m’imposer ailleurs. (…) Chelsea avait un œil sur moi depuis mon passage à Lens. J’ai donc été invité à faire un essai. Le réservoir de joueurs à Chelsea est incroyable. De nombreux jeunes sont prêtés aux quatre coins de l’Europe. Il y a également un centre de formation très fourni. Nous étions tous réunis pour quelques semaines. C’est là l’occasion pour Chelsea de voir la progression de leurs joueurs. Suite au refus de Chelsea de me conserver, je me suis posé beaucoup de questions sur ma carrière de footballeur.
(…) J’ai alors rencontré un recruteur des Girondins. Il m’a proposé de faire un essai. J’étais blessé mais ils ont insisté pour que je vienne quand même. Je pense qu’ils avaient surtout des inquiétudes sur mon comportement. C’est un nouveau départ pour moi. Je travaille deux fois plus pour rattraper le temps que j’ai perdu ! Mon cadre de vie est idéal. Comme je suis arrivé en cours d’année, je n’avais pas de logement. Par chance, je connaissais Baba Traoré, Jordan Blaise et Cédric Yambéré. Baba Traoré m’a invité en colocation chez lui. Nous avons un appartement tout proche du centre d’entraînement. Mon intégration s’est très bien passée. Je suis ravi et conscient de la chance que j’ai d’être ici. J’ai pris conscience de la chance que j’ai et des conséquences désastreuses que peut avoir mon comportement. Avec Baba Traoré, mais aussi avec Cédric Yambéré, nous allons souvent à la Mosquée. C’est un lieu où je peux me calmer et relativiser beaucoup de choses. C’est un apport important pour moi. Cela me permet de me remettre dans le droit chemin et de me motiver pour travailler dur. Je suis jeune et j’espère qu’en grandissant ces problèmes de comportement récurrents appartiendront définitivement au passé. Pour tout cela, la religion m’apporte beaucoup de patience.
(…) Lors de mon arrivée, beaucoup de gens m’avaient vanté la qualité de ce staff. Honnêtement, je ne connaissais pas la carrière de Yannick Stopyra, Patrick Battiston ou Marius Trésor. Puis un jour, en jouant à FIFA, avec Baba Traoré, dans l’équipe de légende, je me suis rendu compte que je jouais avec « Trésor ». J’ai alors réalisé à qui j’avais à faire (rires). C’est une opportunité incroyable pour moi de pouvoir progresser à leurs côtés. Je parle souvent avec Patrick Battiston. Il me fait prendre conscience de la chance que j’ai d’être ici. Je suis motivé et j’ai beaucoup d’espoir. Je pense qu’avec le travail je dois bien pouvoir m’imposer dans ce club. C’est là mon ambition. Je suis heureux d’être dans un club qui fait confiance aux jeunes. Baba Traoré, Robin Maulun ou même Kevin Soni ont intégré le groupe. Si je travaille bien, j’espère avoir leur chance. (…) Dans un premier temps, je dois gagner en maturité. Si je progresse psychologiquement, mon jeu s’en ressentira. Je suis encore jeune. J’ai besoin que l’on soit derrière moi pour me motiver et m’encourager. Le monde professionnel n’est pas comme cela. Je dois bien me préparer et m’adapter. Si dans les prochains mois, je suis capable de bien assimiler cet aspect alors je suis sûr que je progresserai énormément dans le jeu. Je dois être prêt à me battre, m’entraîner deux fois plus que les autres. Je dois faire de mon parcours une force et non un boulet. »