Un leader des Ultramarines raconte l’incident de la barrière
« Les vibrations, c’est quelque chose que nous avons pu observer dans beaucoup de stades en Europe. Les grands stades, généralement, vibrent beaucoup. Il est sûr que pour les gens un petit peu moins habitués à bourlinguer comme on le fait et qui n’avaient l’habitude que de Bordeaux et de Lescure, ça a pu surprendre. Mais pas pour nous. Des entreprises comme Vinci et Fayat ont une réputation et on ne peut pas leur enlever leur professionnalisme et dire que des entreprises de ce niveau n’offrent pas toutes les garanties pour construire un stade sécurisé, qui ne s’écroule pas. Ça coule de source. Sur ce point là, vu que nous ne sommes pas des professionnels du bâtiment, on ne maitrise pas donc on ne s’est pas trop exprimé. On laisse ça aux professionnels. En bas, nous n’avons pas ressenti de vibrations. Après, j’ai souvenir de nombreux stades où ça vibrait en haut, mais ce n’est pas désagréable, même si ça surprend un petit peu. Pareil pour la pente, mais il faut s’y faire. A Valence, à Barcelone et dans d’autres stades, si tu commences à sauter, tu te retrouves 30 mètres plus bas… Il faut s’habituer. Mais ces points ne nous ont pas vraiment travaillés plus que ça durant cette semaine.
Sur la question des barrières, nous avons réagi à froid car nous savons les choses parfois particulières qui se passent dans les stades. Il est vrai que nous avons tellement été ravis de notre soirée samedi dernier, avec ces nouveaux rendus niveau vocal et visuel, que cet évènement de la barrière qui cède, nous ne l’avons étudié que le lendemain. Après coup, on réalise que c’est quand même extraordinaire… On savait qu’il allait y avoir des mouvements de foule importants, des poussées dans le virage il y en a depuis des décennies, sur les buts, quand les joueurs viennent nous voir, donner leur maillot, il est donc évident qu’il faut des barrières qui résistent. On nous dit qu’il y a des normes, mais comme Mr David, un des adjoints du maire de Bordeaux, l’a justement signalé, il y a parfois des normes qui ne sont pas adaptés et n’apportent pas toutes les garanties de sécurité. On a donc fait remonter notre expérience au club, pour qu’on trouve une solution avec cette barrière. Parce que là, c’était juste une petite poussée, rien de bien phénoménal. Un but à la 93ème amènerait un mouvement de foule beaucoup plus intense. Ne pas avoir anticipé ça, c’est quand même dommage car c’était évident… Mais c’est comme ça, tant pis. Maintenant, il n’y a qu’une seule solution, consolider cette barrière pour ne pas qu’elle s’ouvre. Des gens ne connaissant pas le monde des tribunes nous disent que c’est pour évacuer, mais elle est située à plus d’1 mètre 50 du sol tout de même… Sachant qu’elle peut s’ouvrir manuellement et à distance, il faut qu’elle résiste aux charges. Mais ce problème a visiblement été réglé.
En fait, on était tellement dans l’ambiance particulière de ce grand soir qu’on ne s’est pas rendu compte, mais après réflexion… Il y a une barrière qui s’est ouverte et des dizaines de personnes qui sont tombées quand même ! Et notre hantise de leaders ultras, quand nous sommes vite descendus à 3-4 sur le terrain pour agir, c’était qu’il y ait un envahissement. Car nous ne sommes après tout qu’à 1m50 du sol dans ce stade. Il n’y a pas la fosse et les piques comme avant, à Lescure, où lorsqu’un envahissement avait été fait l’année du titre de 2009 on avait eu la peur de notre vie que des gens se fassent mal. Depuis, on s’est dit que les envahissements c’était terminé ! A Lescure, c’était simple de gérer, mais là, c’est plus difficile à contenir car on est très poche du terrain, avec une grille pas bien haute. Du coup, tout le match on a été concentré pour éviter ça, car même si on connait quand même plusieurs centaines de personnes qui viennent avec nous en bas, il y en avait cette fois des milliers.
Lorsque la barrière a cédé, nous avons été réactifs pour descendre, aider les gens à se relever et leur dire de vite remonter. Les stadiers nous on fait une énorme confiance car on les connait très bien depuis des années vu qu’on parcourt les stades du pays ensemble toute l’année, ils ont senti qu’il fallait nous laisser faire. On a bien crié aux gens de remonter, les gens ont perçu le danger et il y a rapidement eu un fort mouvement de recul pour que les gens écrasés ne le soient plus et qu’on remonte rapidement en tribune pour refermer la barrière. En quelques dizaines de secondes, nous en sommes arrivés aux dernières personnes à relever. On a vu des bobos, mais rien de grave heureusement. Une catastrophe avait été évitée et notre souci de réussir le premier match est redevenu prioritaire. Comme pour le club et les joueurs, notre but c’était bien ça ! On ne voulait pas qu’il y ait de problèmes, pour encore montrer à tout le monde qu’on pouvait gérer notre tribune. On a été contents de pouvoir nous déconcentrer sur l’animation, tout en veillant à ce que personne n’aille s’introduire sur le terrain. »