« A quoi cela a-t-il servi, finalement, que la réunion se passe très bien ? »

Toujours dans l’émission GA de ce vendredi, après avoir raconté en détails « l’incident de la barrière », qu’il a vécu en direct et de très près, Florian, l’un des responsables des Ultramarines, a longuement décortiqué tous les tenants et les aboutissants de la réunion de sécurité qui avait eu lieu quelques heures avant à la préfecture de la Gironde autour de la sécurité du Nouveau Stade de Bordeaux. Florian a, notamment, soulevé avec passion l’enjeu des sièges.

« J’ai envie de dire que la réunion de vendredi à la préfecture s’est très bien passée, mais à quoi cela a-t-il servi, finalement, que ça se passe très bien ? Il y avait beaucoup de monde à cette réunion. Pas le préfet, mais le préfet délégué, VINCI, Jean-Louis Triaud, David Lafarge, responsable de la sécurité des Girondins, SBA, la mairie, la police et tous les acteurs qui gravitent autour d’un match de Bordeaux à domicile. En fait, une deuxième partie de réunion a eu lieu, et les problèmes de sièges que nous avons mis sur la table avaient visiblement déjà été abordés lors de la première où tout un tas de soucis qui nous dépassent et ne sont pas de notre domaine – la circulation, le tramway – ont été évoqués. C’est plutôt pas mal qu’ils nous aient évité tous ces points là d’ailleurs, chacun son métier.

Concrètement, Laurent et moi sommes rentrés au bout d’une heure. On nous a bien donné la parole et surtout on nous l’a vraiment laissée. On avait bien préparé notre discours et on a pu sans difficultés argumenter et expliquer nos ressentis de ce premier match. D’abord, on les a remerciés, car à travers nous ils ont reconnu ceux qu’on représentait et qui étaient ainsi considérés : nos 1000 adhérents, les 2-3 000 personnes qui viennent avec nous à chaque match pour vivre l’ambiance et les 8 000 personnes venues, à notre invitation, Place de la République pour « Adieu Lescure ». Ensuite, on leur a dit qu’on n’était pas du tout défavorable au nouveau stade, et ce depuis le départ, qu’on était ravi vocalement et visuellement, et on leur a rappelé que notre but ça allait être de maintenir une tribune populaire au milieu de tout le développement commercial indispensable et inhérent pour un club qui veut grandir. Ce n’est qu’après que nous avons abordé les deux problèmes majeurs. D’abord celui de la barrière, en leur disant qu’on savait bien gérer une tribune qui se compresse vers le bas et qu’il n’y avait jamais eu d’accident grave à Lescure donc qu’on pouvait nous faire confiance et que, de toute façon, les mouvements de foule étaient inévitables, ce qui devaient entraîner une adaptation des normes au contexte populaire. Sur ça, nous avons rapidement été entendus et la barrière sera consolidée.

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Arrive le sujet des sièges, qui est le problème principal depuis le départ. Et là, c’est vraiment pas marrant. Dès le début, la mairie nous a soi-disant  impliqué dans le projet et voulait qu’on soit, soi-disant, partie prenante de ce projet pour ne surtout pas le court-circuiter. Il y a eu tout un tas d’invitations au restaurant où on prenait soin de nous, pour qu’on soit bien concerné. Nous on leur disait ok pour le nouveau stade, on sait très bien qu’il le faut on n’y est donc pas fermé, mais on a certaines doléances. On a voulu qu’on soit impliqué, on l’a été, et très sérieusement, en donnant des dossiers très élaborés. On expliquait par exemple que ce serait bien d’avoir une tribune d’un seul tenant, comme à Dortmund notamment – ce qui aurait évité au passage l’effet de vibration qui en dérange certains aujourd’hui -, mais ça voulait dire pas de coursive… Pour nous, ç’aurait été hyper pratique en vue des chants, des tifos, d’être bien compact pour produire la meilleure ambiance possible, influer sur les résultats et donner une bonne image de Dortmund etc. Bon, nous n’avons pas été entendus là-dessus. Soit. Mais notre demande essentielle elle portait vraiment sur les sièges. 

Nous leur avons dit très souvent : « c’est un dossier important, ça peut être dangereux, car une tribune populaire elle bouge, elle vit, elle saute et vous ne devez pas construire ça comme une salle de théâtre ou de cinéma. Il y aura des milliers de personnes à chaque fois, plutôt d’une moyenne d’âge modérée et un peu excitées, qui vont bouger dans tous les sens, pensez à ça. »… On avait même apporté des solutions pour mettre des sièges moins chers au virage sud, et plus adaptés aux habitudes de ce public, mais désormais on nous dit que ce n’était pas possible. Admettons, peut-être… Mais en tout cas, il existe des solutions et on le leur a redit à la réunion. Bordeaux n’est quand même pas le seul stade au monde avec une tribune vivante et qui doit répondre aux normes UEFA… L’Allemagne est un vrai exemple. Le mouvement supporter y est très développé et, à ce que je sache, les clubs allemands font la Coupe d’Europe et sont soumis aux normes eux aussi. En Allemagne, je n’ai pas entendu parler de problèmes de sièges donc c’est qu’il y a peut-être de quoi s’inspirer. Encore une fois, les Allemands auraient de meilleures idées que nous, donc allons les étudier.

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Malgré tout, nous ne sommes pas des utopistes et on sait très bien qu’en septembre nous n’aurons pas une tribune avec de nouveaux sièges. Mais nous avons voulu donner aux acteurs décideurs un retour d’expérience, les alerter, car ce qu’on a vu nous inquiète beaucoup. Il y avait des sièges fendus en deux, et si un jeune, sur une poussée liée à un but ou autre, est propulsé sur un siège coupé en deux on peut avoir à parler de mort, de vie humaine ! Nous, ça nous inquiète de voir des sièges brisés devenir des piques qui peuvent blesser ou même tuer une personne tombant dessus. Ce stade va bientôt accueillir un France – Serbie et des matches de l’Euro, il va voir arriver des supporters étrangers très chauds, notamment ceux d’Europe de l’Est qui sont très sympathiques… Attention. Visiblement, des choses n’ont pas été analysées et avec nos retours donnés à la préfecture ils ne pourront pas dire qu’ils ne le savaient pas. La solution actuelle sur les sièges ne peut pas être pérenne, il vaut en trouver une autre pour tenir sur le moyen et le long terme. Sinon on va tout droit dans le mur !

On a eu l’impression d’être entendus en sortant de la réunion, mais quand on lit le communiqué qui est sorti après et qui nous accuse d’être des casseurs, on est très en colère. Nous avons immédiatement contre-attaqués et nous nous sommes dits que c’était peut-être une maladresse de plus dans une période où il y en a déjà eu beaucoup. Donc on s’active pour expliquer les choses. Laurent a contacté Sud Ouest, moi je suis là avec vous ce soir et nous continuons de communiquer. »