« Sagnol est vraiment tombé amoureux de Bordeaux et ça l’intéresse de bâtir aux Girondins »
« Cette saison, j’ai beaucoup aimé la dignité du Virage Sud qui continue de chanter pour les couleurs des Girondins à la fin du 0-5 contre Lyon. Une belle leçon pour certains groupes qui sifflent quand il y a 0-0 à la mi-temps. Il y a aussi eu une vraie communion avec les joueurs lors des après matches tout au long de la saison et c’est une bonne chose à retenir. Il faut savoir qu’au fil des années, sans que ce soit médiatisé au début, à force de se rendre au Haillan pour leur parler, juste les gens du noyau dur parfois, pour leur dire des choses durement, on a noué des liens avec certains joueurs. On a même eu des frictions avec certains, mais les relations se construisent aussi comme ça. (…) Au stade, par contre, scander le nom des joueurs ce n’est pas ce qu’on préfère. Même si des joueurs comme Carrasso ou Planus ont un lien particulier avec nous, une affinité. Pour Carrasso, vu qu’il est devant nous car il est gardien, et comme c’est un cadre de l’équipe, on va gueuler son nom plus facilement… Mais si le stade a besoin d’ovationner un joueur, il peut aussi bien le faire sans nous, nous ne sommes pas opposés du tout, on suivra même volontiers. Si le joueur est efficace sur le terrain…
(…) Oui, l’idée de la grosse minute d’applaudissements pour Marc Planus à la 27ème minute de Bordeaux – Nantes ça vient de Claude Pèze, nous n’avons aucun souci pour le dire. On s’enrichit aussi de ce genre d’idées extérieures. Ce serait con de dire que ça vient de nous en plus… On avait mille autres choses à penser, donc quand on a vu cette idée qui arrivait on l’a validée spontanément et avec plaisir.
(…) Sagnol ? Je suis heureux d’en parler. Car Willy Sagnol fait partie de ces entraîneurs qui nous ont profondément respectés. Il est de la race des gens vrais. Gillot en faisait partie lui aussi. Avec Blanc, c’était un peu plus compliqué, mais ça s’est assez bien passé quand même. C’est avec Tigana que ça avait été très particulier, car il est d’une ancienne génération. D’ailleurs, après avoir gueulé pour qu’il démissionne en 2011 – c’était un crève-cœur murement réfléchi car il avait tout fait à l’envers d’entrée – , on aurait trouvé incongru de l’inviter pour « Adieu Lescure », même si c’est un glorieux ancien lui aussi. (…) En fait, quand un nouvel entraîneur arrive, on a pris l’habitude d’aller nous présenter à lui immédiatement. Et quand on a demandé à voir Sagnol après son arrivée, il n’y a eu aucun problème, on a discuté longuement, bien fait connaissance. Je pense que le feeling a été bon entre lui et nous et qu’il a été surpris – comme Gillot l’avait été – de voir qui nous étions, de connaître nos actions, notre passé.
(…) C’est très important que les entraîneurs sachent bien qui sont les supporters et comment ils se comportent avec le club, les joueurs etc… Après, on a voulu savoir ce qu’il avait dans le ventre et ce qu’il voulait faire, quand même ! Et ce qui est bien avec Sagnol, c’est qu’on voit qu’il a été au contact des très grands clubs étrangers et pendant très longtemps même, mais que donc aller entraîner Manchester, le Bayern ou un club de ce genre, ça ne le tente pas plus que ça. Il a tout vu comme joueur, il a donné, donc c’est bon, il connait. Il est vraiment tombé amoureux de la ville de Bordeaux, sa famille s’y sent très bien, et ça l’intéresse de bâtir quelque chose ici, aux Girondins.
(…) S’il veut prendre de l’ampleur au sein du FCGB comme l’a avancé Sud Ouest, pourquoi pas ? En tout cas, Willy est très respectueux avec nous, très accessible, pas langue de bois, clair, net. Il a énormément apprécié notre démarche de venir parler aux joueurs pour leur dire nos ressentis de supporters, qui changent des siens ou de ceux de Triaud, auxquels ils sont habitués. Beaucoup de supporters, et d’Ultras, ont à peu près l’âge des joueurs et Willy Sagnol a parfaitement compris qu’ils devaient pouvoir, de temps en temps, venir leur dire ce qu’ils pensaient d’eux. A notre petite échelle, on est partie prenante du club et on est aussi un peu dans le management du groupe.
(…) « L’affaire Sagnol » et le traitement médiatique qu’il a subi après ses propos de l’automne, c’est juste honteux. Honteux ! On donne continuellement des antennes aux idées nationalistes et racistes depuis des années sans que personne ne s’en offusque vraiment, et là un gars dont on sait pertinemment qu’il n’est pas raciste dit des choses maladroites et on fait les vierges effarouchées ? C’est trop facile. Je trouve ça indigne et profondément dégueulasse. Je ne souhaite donc ça à personne et je pense que Willy en a extrêmement souffert. »