Rohr : « J’ai été confronté à plus difficile »
« Nous allons dire que les Étalons sont en reconstruction. C’est une période où, après la dernière CAN en Guinée Équatoriale, j’ai été choisi pour conduire une mission pour le renouvellement et le rafraîchissement de l’équipe. C’est donc une période charnière où nous faisons des essais tout en essayant de faire des résultats dans les matchs de compétition. Le constat a été fait qu’après la CAN 2015, il fallait changer des choses. A mon staff et moi de trouver maintenant les joueurs nécessaires et l’état d’esprit indispensable pour repartir de l’avant avec les Étalons.
Ce match vient un peu tôt, surtout que certains matchs de préparation que nous avions prévus ont été annulés, comme celui face au Congo récemment, contre l’Afrique du Sud lors de l’avant-dernière date FIFA et contre la RD Congo. Cela nous aurait permis de voir davantage les joueurs pour permettre à l’équipe d’avoir de nouvelles organisations. Pour ce match face au Bénin, nous sommes réalistes puisqu’il s’agira, dès le match aller, de faire le nécessaire pour pouvoir se qualifier au retour et cela se joue à quatre voire cinq jours d’intervalles alors que le temps de préparation est très court. Et c’est dans ce sens que le match amical contre le Mali nous a servi à faire des constats précieux qui vont nous servir à mettre en place une équipe qui tiendra la route à Cotonou pour l’aller. (…) Je n’envisage pas du tout une élimination contre le Bénin tout en sachant que les Étalons ne sont pas au top, puisque c’est une équipe en reconstruction. C’est pour cela que j’ai été choisi à la place de mon prédécesseur, mais c’est aussi aux joueurs de prendre leurs responsabilités et de montrer qu’ils ne sont pas encore finis. Je crois que les joueurs actuellement présents, sont très motivés pour déjà montrer à l’aller, un visage solidaire, combatif, discipliné et au match retour devant notre public, quel que soit le score de l’aller, enfoncer le clou et se qualifier. Personnellement, je n’envisage que la qualification.
(…) Nous menons ce combat de la discipline et vous connaissez mes origines (NDLR : il est Français mais d’origine allemande) puisque je viens d’un pays où la discipline est de rigueur. Elle est en nous puisque éduqués ainsi, et nous voudrions y arriver ici au Burkina. Ce n’est pas du jour au lendemain que nous allons parvenir à tout changer. J’ai l’impression qu’il y a un manque de rigueur et de discipline, même sur le terrain, et j’ai constaté cela au Gabon, au Niger et en Tunisie où je suis passé. Nous sommes en train de travailler pour améliorer cette situation. (…) Si j’ai la maîtrise du groupe ? Mais, j’ai été confronté à plus difficile ! C’est un groupe qui écoute mais qui avait pris de mauvaises habitudes, et pour les changer, il faut un peu de temps voire des sanctions. Nous sommes maintenant à un stade où si les garçons ne comprennent pas l’exigence et la discipline, il va y avoir des sanctions. Le joueur peut ne pas être convoqué, ne plus jouer en sélection nationale tout comme être sanctionné financièrement. Cela n’est pas de mon domaine mais de celui de la fédération. Si je propose de sanctionner tel ou tel joueur, il faut que cela suive. Les joueurs ont leurs responsabilités et à eux de prouver qu’ils sont des professionnels, de vrais. Pas avec la langue, mais sur le terrain.
(…) Je constate que les Burkinabés sont des gens passionnés de football qui aiment bien parler avec moi des joueurs, des matchs, de l’équipe, de la tactique. Ils sont très ouverts, sympathiques, parce que j’ai été accueilli à mon arrivée avec le sourire. Dans la presse, il y a eu beaucoup de commentaires et j’y ai compris qu’on préférait un autre coach. Personnellement, je n’entre pas en conflit avec les médias parce que cela ne sert à rien. Chacun fait son travail. Je trouve que le Burkina, malgré ses difficultés, fait le maximum pour permettre à son équipe de se reconstruire pour repartir de l’avant. J’ai affaire à des dirigeants motivés, compétents, un ministre des Sports qui fait tout ce qu’il peut dans un contexte difficile comme pendant le putsch. Par deux fois, j’étais dans l’avion qui a dû faire demi-tour parce que l’espace aérien était fermé. Compte tenu de tout cela, il faut avoir un peu de patience pour permettre aux autorités, aux joueurs, à l’équipe et au staff d’avancer. (…) Il faut un nouveau départ mais on ne me laisse pas le temps parce qu’on me demande tout de suite de me qualifier pour la CAN et la Coupe du monde. Mais, avec beaucoup d’ambitions et plus d’exigence, on assume tout en essayant de faire le mieux possible et en gardant la sérénité.
(…) Mon contrat est de deux ans mais, si je ne qualifie pas le Burkina pour la CAN, il prend fin. Il y a une obligation de résultats tout en reconstruisant l’équipe. Sur le plan financier, je gagne moins que mon prédécesseur (NDLR : il s’agit du technicien belge, Paul Put). Je ne peux pas dévoiler la somme parce qu’il y a une clause confidentielle écrite dans le contrat. Je peux vous affirmer que l’argent n’était pas ma première motivation sinon, je serais allé ailleurs. Ce qui m’intéresse, c’est de faire un travail qui sert le pays, les joueurs, contre les résistances de gauche à droite, même si l’argent fait partie de notre job. Mais, je veux réussir cette mission avec le Burkina. (…) Il faut un soutien total à cette équipe en reconstruction qui se cherche encore un peu, manque de confiance, veut bien faire, mais n’est pas encore bien dans sa peau. Elle a été traumatisée à la dernière CAN. Donc, il faut un peu de temps et, comme dans la vie, de la patience et de la solidarité pour permettre à cette équipe de repartir de l’avant. »