Anciens joueurs emblématiques des Girondins, désormais devenus des consultants très appréciés sur les médias locaux et/ou nationaux,
Marius Trésor, Philippe Fargeon, Gaëtan Huard et Bixente Lizarazu ont chacun donné, ces derniers jours, leurs ressentis par rapport aux attentats de Paris, ayant eu lieu vendredi dernier. Tout comme pour
les quelques joueurs du Bordeaux d’aujourd’hui qui ont aussi commenté cette sombre actualité, les anciens sont partagés entre horreur, tristesse, peur, incrédulité et volonté de continuer à vivre, plus que jamais.
Trésor : « C’est très dur à vivre. Personnellement, j’ai du mal à comprendre tout ce qui s’est passé. La vie est tellement belle… Pourquoi faire ça ? Voir des jeunes se faire exploser comme ça… au nom de quoi ?!? On se dit que ça peut arriver à n’importe qui… Alors que tous les grands textes religieux disent pourtant de ne pas tuer. C’est incompréhensible. Moi, je regardais tranquillement France – Allemagne, j’entends les explosions, je vois Evra qui regarde vers les gradins, et ma femme est venue me dire qu’il se passait quelque chose de grave au Stade de France juste après ! Quand on voit l’entendue du désastre, on se demande comment des gens normaux peuvent faire des choses pareilles. Ca fait peur, vraiment. »
Huard : « On ne pensait pas que ces choses-là pouvaient arriver, en plein cœur de Paris.
Il faut arrêter de dire qu’on n’a pas peur, car face à ce qui se passe, c’est faux, on a tous peur ! Moi j’ai peur, pour mes enfants, pour tout le monde. Les gens vivent dans cette inquiétude tous les jours. J’ai une très grande pensée pour les familles touchées. Le monde du sport, comme tout le reste dans le monde, doit demeurer libre. On ne peut pas ne pas avoir nos libertés, la France est un pays de libertés. On s’est toujours battu pour les avoir, parce que la France est un pays de révolte et de droits. On ne va renoncer à organiser l’Euro parce qu’il y a eu ça. Ça va être plus compliqué, certes, il y aura beaucoup plus de choses à mettre en place au niveau de la sécurité qu’il faudra assumer et assurer. Mais
il faut qu’il y ait une coalition internationale et qu’on éradique tous ces tarés, ces fous ! Ce ne sont que des barbares, ils n’ont même pas compris la religion, ils ne sont
rien !
(…) J’ai souvent l’occasion d’aller sur Paris, et je pense que j’aurais un pincement au cœur les prochaines fois, je serai vraiment très ému. Mais attention, ça peut arriver partout ailleurs, notamment ici à Bordeaux… (…) J’ai une image très forte qui me revient, pendant le France – Allemagne, celle du regard de Patrice Evra au moment d’une des détonations à côté du stade. Il a directement un oeil vers la tribune, il est inquiet, on le lit dans ses yeux sur le moment. Avec toutes ces horreurs, je n’ai pas dormi, j’ai regardé la télé, pour essayer de comprendre… Pourquoi ? Pourquoi tuer ces pauvres gens ? Dans tous les cas, il faut continuer de vivre, mais il ne faut pas oublier. »
Lizarazu : « Sur place, au Stade de France, où je commentais en direct pour TF1 avec Christian Jeanpierre, tout a été très
bien géré pour ne pas alerter la foule et créer des mouvements du
public, de la panique. Au niveau des télés, pour ceux qui ont gardé
leurs oreillettes jusqu’au bout, on n’était pas informé, notamment moi
qui ait cru à des bombes agricoles sur le coup – chose qu’on connait
parfois dans les stades et qui ne nous inquiète pas vraiment -. Pour
ceux qui savaient, il y avait la consigne de ne rien dire, surtout pas à
l’antenne, pour ne pas créer encore plus de peur chez tout le monde,
même si les téléspectateurs étaient aussi au courant dès le début pour
certains, sans doute. Laisser le match se poursuivre était la bonne
décision. Il
n’y a eu aucune annonce dans le stade, même à la fin du match.
Même lorsqu’ils ont demandé aux gens de sortir par une porte en
particulier,
ils ont expliqué que c’était pour des raisons techniques. (…) On a
appris, ensuite que les terroristes voulaient faire un carnage dans
l’enceinte même du Stade de France. S’ils avaient
réussi à rentrer, cela aurait pu être encore plus horrible…
Après coup, je suis comme tout le monde : choqué, sidéré. Ce
n’est pas facile de trouver les mots. C’est complètement fou. En
janvier, ils avaient attaqués des dessinateurs, des journalistes, mais
là ce sont des gens lambdas qui
étaient à un concert ou à un match de foot, ça nous concerne tous… »
Fargeon : « Ma réaction sur ces attentats, c’est la même que tout le monde. Le match de l’équipe de France est devenu vraiment anecdotique, malgré leur bonne prestation face à l’Allemagne. Aujourd’hui, je ne me rappelle plus du tout du match… C’est dramatique tout ça, on est vraiment en guerre contre le terrorisme maintenant ! Mais on ne doit pas avoir peur d’eux, ça leur permettrait de continuer à faire ce qu’ils font en profitant de notre peur. Il faut qu’on soit solidaires entre nous pour que cette idéologie abominable ne gagne pas. Tous ceux qui aiment ce pays, qui aiment la liberté d’expression, qui aiment le respect des religions… On doit continuer de croire en ces valeurs. »