Stopyra : « C’est une génération où c’est d’abord eux… On a parfois du mal »
(…) A Bordeaux, le climat est plutôt rassurant, mais peut-être un peu trop. On doit parfois secouer les joueurs pur qu’ils prennent le rythme et le tiennent. On leur fait comprendre que ce n’est pas le Club Med, que le club a besoin de résultats, qu’il faut travailler un peu plus pour l’autre, être convaincu de ce qu’ils font, mais comme c’est une génération où c’est d’abord eux… On a parfois du mal. Je me rappelle de 2010 et du bus de Knysna, quand les joueurs ne sont pas sortis. La différence avec nous, c’est qu’on travaillait pour l’équipe et pour le copain, pas pour nous. Moi, quand j’arrivais en équipe de France, il y avait Platini, Trésor, Bossis, Battiston (à ses côtés pour l’émission, ce dernier expliquera ensuite avoir, à ses débuts, pris du plaisir à aller… cirer les chaussures des pros, n’y avoir rien vu de dégradant et avoir accepté cela comme un apprentissage)… Au début, je les regardais sans savoir si j’allais leur dire ‘vous’ ou ‘tu’, et quand je montais dans un bus, je regardais rapidement où était assis Michel Platini et j’évitais de m’assoir à cette place. Là, aujourd’hui les jeunes s’assoient à la place d’un ancien sans réfléchir… Il n’y a pas le respect de ce genre de choses. Aujourd’hui, vous avez quand même encore des gamins qui sont très bien éduqués, qui sont entourés par des familles solides, mais il faut faire attention parce qu’ils peuvent très vite se lâcher.
(…) Quand on fait signer un jeune, on a des convictions sur ses qualités, mais le profil psychologique reste une inconnue, même si on se renseigne aussi un peu sur ce point. On sait que plus c’est jeune, moins c’est formé et plus il y a à faire. C’est normal et on est là pour ça. Tous les entraineurs sont compétents, transmettent et donnent des choses, mais vous avez des gamins qui comprennent plus ou moins bien et plus ou moins vite. Je prends l’exemple du défenseur Jules Koundé, qui joue maintenant en CFA après avoir été en catégories inférieures. Il ne fait pas de bruit, mais il progresse bien. C’était pourtant un garçon qui pouvait être en retard par rapport aux autres, car on ne l’avait pas vu tout de suite, il n’a pas fait le pôle de préformation à Talence. Et, au fur et à mesure, il a commencé à comprendre, car il est intelligent, il a pris ce qu’on lui donnait, il a retranscrit ce qu’on attendait de lui. Le père Gourcuff disait que les deux choses importantes c’est les qualités avec un ballon et les facultés à jouer dans un collectif, pour l’équipe. Je suis d’accord avec cela. »