Quiniou : « Réglementairement, le carton rouge s’imposait pour Giresse »

Continuant sa saga pour fêter les 30 ans du succès bordelais en Coupe de France contre… le rival marseillais, le site des Girondins a donc été recueillir de nouveaux témoignages, dont ceux de Michel Audrain, ancien milieu du FCGB mais qui jouait alors  à Marseille, et de Joël Quiniou, ex arbitre international qui officiait durant cette rencontre.

MA : « Bordeaux, ce sont sans contestation possible les meilleures années de ma carrière. J’avais été international Espoirs, mais quand je me suis retrouvé dans un groupe où il y avait sept joueurs de l’équipe de France, il était clair pour moi que j’étais venu là pour progresser. C’était impressionnant. J’avais pourtant la confiance d’Aimé Jacquet qui m’avait dit d’être patient, mais je considérais que je ne jouais pas assez souvent. Je ne l’ai pas entendu comme ça et j’ai refusé la prolongation de trois ans que Bordeaux me proposait. Malgré les mises en garde de certaines personnes m’expliquant que je n’avais pas la mentalité pour y aller, je suis parti à Marseille. Cette finale était la cerise sur le gâteau après la saison difficile que nous avions connue. Je ne devais pas être titulaire, mais Bernard Zénier s’est blessé à l’échauffement et je l’ai donc suppléé.

(…) Le geste exceptionnel sur le deuxième but bordelais est la marque de toute la classe et de la lucidité de « Gigi » à ce moment du match. On n’avait pas fait un mauvais match, mais bon, Bordeaux nous était quand même supérieur. On avait bien préparé cette finale, mais il y avait des joueurs de talent et de tempérament aux Girondins. Même si nous avons perdu cette finale, cela a quand même été un moment merveilleux. »

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JQ : « Mes deux autres finales de Coupe de France (1989 et 1991) m’ont laissé un meilleur souvenir que ma première. C’était le premier match marquant que j’arbitrais. Une finale de Coupe de France, c’est un rêve pour un arbitre. Cela m’a sans doute stressé. En revoyant les images après le match, en rentrant sur le terrain, je ne me suis pas reconnu, j’étais beaucoup trop contracté, tendu, et je n’avais pas réussi à trouver la sérénité qui est demandée aux arbitres pour diriger ce genre de rencontres de haut niveau. Il faut toujours tirer profit de ce genre de rencontres qui ne vous laisse pas un sentiment positif. Mais cela m’a été profitable pour la suite de ma carrière.

(…) Je n’ai pas vu la main de Bonnevay que tout le monde a vu. Tout a été si vite. Sur l’action, j’ai vu deux bras qui se lancent, un marseillais et un bordelais et comme les manches des maillots étaient à peu près identiques, cela a créé la confusion dans mon esprit donc plutôt que de siffler sans en être sur, j’ai préféré que le jeu se déroule. C’est une absence de décision qui n’a pas mis le feu au poudre mais a créé un sentiment de frustration de la part des Bordelais, surtout Alain Giresse qui était très énervé après ma décision, c’est le moins que l’on puisse dire. J’ai revu les images le lendemain sur le plateau d’Antenne 2 sur lequel j’étais invité, j’ai eu l’humilité de dire que le penalty s’imposait. Il faut savoir le reconnaître et ne pas rester ancré dans ses erreurs ou dans ses lacunes arbitrales. Quand on n’est pas bon, il faut le dire. Il faut surtout éviter que ces erreurs se renouvellent. Là, ça ferait un petit peu tâche.

(…) On m’a reproché de ne pas avoir exclu Alain Giresse mais ce n’était pas dans ma nature. Je connaissais l’individu, c’est quelqu’un qui a toujours été très respectueux. C’est un élément qui est à prendre en compte, ce n’est pas un joueur qui est amené à franchir la ligne blanche. Forcément, quand vous les connaissez, vous avez peut être une autre vision par rapport au comportement. Mais il n’empêche que ce jour là, lors de cette finale, je pouvais bien sentir ce sentiment de frustration et je me suis dit qu’il y a eu quelque chose visiblement compte tenu de l’énervement et des réactions du public et des joueurs. J’ai dû oublier le penalty, je m’en suis bien rendu compte. Mais c’est vrai que réglementairement, le carton rouge s’imposait pour Giresse. »