Lees-Melou : « On ne fait que du foot, on est payé pour ça, on n’a pas le droit de se plaindre »
« Je n’ai pas été conservé à Bordeaux en raison de ma petite taille, c’est ce que m’ont dit les dirigeants à l’époque. Après, il devait également y avoir un problème de niveau, faut pas se voiler la face. Il faut savoir qu’à seize ans, je ne mesurais qu’un mètre soixante, ce qui n’est pas très grand quand même (rires). À cet âge-là, les formateurs regardent beaucoup le physique, mais bon, la taille, ce n’est pas quelque chose qu’on peut travailler, hein. Je savais que j’allais finir par pousser, puisque tout le monde est grand dans ma famille, mais dans les clubs professionnels, ils n’ont pas toujours le temps d’attendre. Dans mes souvenirs, ils avaient recruté un Argentin après mon départ, preuve qu’ils pouvaient récupérer des joueurs de partout et qu’ils n’avaient pas d’intérêt à attendre mon évolution physique.
(…) Pour être honnête, même quand j’étais chez les Girondins, je n’espérais pas du tout passer professionnel un jour. Je prenais les choses au sérieux, mais je trouvais qu’il y avait trop de joueurs meilleurs que moi. Je vivais chaque année là-bas comme un bonus et je pense d’ailleurs que la désillusion a sûrement été moins forte du fait que je ne m’étais jamais bourré le crâne avec l’idée de signer pro un jour. Après, ça reste une déception, ce n’est jamais agréable d’être viré. Mais j’étais loin d’être abattu. Ça ne me déplaisait pas de retrouver le foot amateur et la vie d’un gamin normal. (…) Aujourd’hui, bien sûr que je me rends compte qu’être footballeur pro, c’est la vie de rêve, mais honnêtement, ma vie d’avant, je l’adorais aussi. J’aurais clairement pu faire ça très longtemps, je me serais installé sur le bassin d’Arcachon, j’aurais été très heureux. C’est grâce à ça qu’aujourd’hui j’ai conscience de la chance que j’ai et que je ne vais jamais me dire à un entraînement : « Aujourd’hui, j’ai la flemme, je ne fais pas grand-chose », ça c’est pas possible, on ne fait que du foot, on est payé pour ça, c’est le rêve, on n’a pas le droit de se plaindre ou de faire le minimum.
(…) Je ne pensais pas que tout allait arriver si vite, du CFA 2 à la Ligue 2 puis à la Ligue 1. C’est quelque chose d’inespéré, quelque chose dont on a toujours rêvé sans croire que ça pouvait être possible. Gamin, comme beaucoup, je disais à l’école que plus tard, je voulais être footballeur professionnel, mais je n’aurais jamais cru y arriver. C’est un rêve oublié qui s’est réalisé. »