Triaud : « La Ligue ? Ça va prendre toute l’émission d’en parler »
Sur GOLD FM, Triaud explique ne pas avoir voulu participer à ce jeu politicien qui s’est conclu sur une situation des plus… incroyables, symbolisant les maux du football français en termes de gestion et de gouvernance.
Puis le temps passe, la période d’élections arrive, on fait une réunion du syndicat et là on s’aperçoit qu’il y a 5 absents parmi ceux qui devaient nous rejoindre. Ils ne se comportent alors pas très bien en nous expliquant que leur absence est due à un rendez-vous professionnel très important, ou qu’ils sont pris dans les embouteillages parisiens, mais on sait rapidement qu’ils ont rejoint l’UCPF et les clubs de Ligue 2, sans prévenir. Du coup, ils exigent une révision de la répartition des droits télés, mais les 11 restants du syndicat des clubs de Ligue 1, donc la majorité, votent pour désigner 8 candidats au comité exécutif de la Ligue. Les frondeurs nous disent alors qu’ils ne voteront pas pour cette liste, malgré les engagements pris, qu’ils renient. S’engage donc une négociation pour renégocier la répartition des droits, mais avec des gens ‘tièdes’ de notre côté. Paris, on sait qu’ils on pour consigne de leur actionnaire qatari de ne pas faire de vagues ; Lyon, on sait que tout les petits clubs veulent sa peau d’Aulas et qu’il veut donc la sauver… Bref, on se met tous autour d’une table, on discute et après moult analyses on arrive à trouver un accord précis sur les droits télés pour un rapport passant de 1 à 4 à 1 à 3, et si jamais les droits atteignent 1 milliard d’euros le rapport passe de 1 à 2.5 puis de 1 à 2.1 si on dépasse les 1.2 milliards.
Cet accord trouvé, on leur dit qu’ils doivent voter pour la liste de 8 candidats désignés par le syndicat majoritaire, comme prévu dans les engagements. Mais les types en face ne se démontent pas et disent froidement : ‘Non, nous on veut la moitié des places, 4 sur les 8’. Donc moi, représenté par Alain Deveseleer avec qui je communiquais en permanence, je dis qu’il n’est pas question de céder sur ce point, que c’est les 8 ou rien. Mais comme, pour Mr Aulas surtout, et pour Paris et Monaco, plus Nice qui a voulu s’insérer, ce n’était pas concevable de ne pas être au comex de la LFP, ils ont accepté une liste commune en laissant 4 places aux autres clubs de l‘UCPF, la L2, et des frondeurs de L1. Au final, seuls 2 clubs de ‘Première Ligue’ sont restés fidèles à leur parole initiale, Toulouse et nous, Bordeaux, plus Guingamp avec Bertand Desplat, qui avait expliqué d’entrée qu’il restait avec les clubs de L2 pour renégocier les droits et être au CA. Moi, devant cette mascarade de la majorité des présidents, j’ai dit que j’allais leur simplifier la vie car les compromissions de ce type, où on est prêt à tout pour sauver sa place, y compris à renier sa parole et à se coucher devant l’adversaire, ça ne m’intéresse pas. Nicolas de Tavernost souhaitait que je sois présent, mais après c’est magouilles et compagnie. On peut être au comex, et même dans le bureau du comex, et se rendre compte qu’il y a en fait un sous-bureau qui tire les ficelles en sous-main et où chacun défend juste ses intérêts. Aulas défend les intérêts de Lyon, mais c’est le bordel.
Devant tout ce contexte, Jean-Pierre Denis, le trésorier de la Ligue, a refusé d’être candidat à la présidence alors qu’on voulait qu’il le soit, pareil pour Michel Denisot. Cela se joue donc entre Raymond Domenech, dont les petits clubs ne voulaient pas, et Jean-Michel Roussier, ancien président de Marseille, dont les gros clubs ne voulaient pas. Cela se termine à 12 voix partout après votes des différents collèges d’électeurs, car il n’y a pas que les clubs qui décident. On fait un deuxième tour, et Domenech l’emporte. Mais le nouveau conseil d’administration le rejette lors de sa première assemblée générale, donc il se retire, vexé. Là, Roussier ne pouvait plus se présenter car il avait été battu, donc il ne restait plus que deux personnes. Vincent Labrune, qui ne voulait pas du poste, et Nathalie Boy de la Tour. Elle a dit ok, mais pas pour être intérimaire. Car à la base, le nouveau président devait faire l’intérim avant que Michel Seydoux, de Lille, ne prenne la place. Mais d’un coup, cette femme se retrouve avec un mandat de 4 ans et tout le monde s’en réjouit, certains, dont Aulas, ont même le toupet de dire qu’elle était leur premier choix depuis le début. Tout ça pour dire que je n’ai pas envie de participer à ce cirque. C’est grotesque. Finalement, en dehors de Toulouse et nous, seul Mr Desplat a tenu parole, et il a eu 120% de ce qu’il demandait, servi sur un plateau par des gens trop soucieux de garder leur place au comité exécutif. Même si j’étais son adversaire dans la négociation, je dis que le patron du foot français, s’il doit y en avoir un, c’est lui. Il sort grand vainqueur de toute cette histoire. A l’inverse des ‘vieilles tiges’… »