D’anciens Bordelais racontent le retour d’Alain Giresse à Lescure… avec Marseille !
Il y a un peu plus de 30 ans, le match Bordeaux/Marseille était le théâtre d’un vrai psychodrame : le retour d’Alain Giresse dans « son » Parc Lescure… avec le maillot marseillais. Véritable « prise de guerre » de Bernard Tapie, le président phocéen de l’époque, vis-à-vis des Girondins de Claude Bez, avec qui ‘Gigi’ est parti fâché, ce mouvement avait créé une polémique énorme et le natif de Langoiran avait été pris de manière très physique par ses anciens coéquipiers, en tête desquels… Gernot Rohr, exclu pour l’avoir salement taclé.
Dans L’Équipe, en plus des regrets de Giresse d’avoir joué à Lescure sous d’autres couleurs que celles de Bordeaux, d’anciens aquitains ont témoigné de ce jour très particulier où l’ex capitaine et enfant du pays était devenu un paria.
GERNOT ROHR : « Pour nous, ça a été un bon souvenir (3-0). Beaucoup d’émotions, des histoires collectives et personnelles, tout cela a fait le charme du football. Les médias en ont beaucoup rajouté pour faire un drame de ce qui n’en était pas. Il n’y a pas eu de blessés… J’ai joué contre Alain Giresse comme contre Michel Platini, mais la France m’avait alors dit bravo parce que c’était contre la Juventus… Mon expulsion, la seule de ma carrière, était justifiée. Sur cette action, il y a eu un peu plus de choses que sur Platini… des tacles dangereux, plus de l’agressivité exagérée, mais face à Turin j’avais été provoqué à l’aller. Pour ce match contre Marseille, je n’étais pas l’homme de main de Mr le président Claude Bez. Il ne m’a pas demandé d’éliminer Giresse. Il m’a juste dit, comme toujours, “ne fais pas de cadeau”. »
LÉONARD SPECHT : « Nous, on n’en voulait pas à Gigi. C’était un seigneur, un ami. Mais si vous ne le neutralisiez pas, vous étiez mal, car il était génial. »
RENÉ GIRARD : « Retrouver Gigi face à nous, c’était impensable… On a plaisanté un peu avant le match. Il avait beaucoup de pression… Et pour nous, avec le respect qu’on avait pour lui, c’était vraiment difficile. Tout le monde était prêt pour le combat, malheureusement Gigi était en face… Il n’y avait pas de contrat, ça serait faire injure à Aimé Jacquet de dire cela. »
BERNARD MICHELENA (ex coach adjoint) : « La personne qui a pris Alain Giresse au marquage… Je ne le cite pas… mais je n’ai pas oublié… Le plan de jeu prévoyait de neutraliser Giresse, mais pas de cette façon ! »
JEAN-MARC FERRERI : « Bez nous avait bien remontés : on devait effacer l’affront de la défaite à Leipzig, on savait que Gigi était “parti à l’ennemi” et que son retour serait très chaud. Gernot est un sanguin, même à l’entraînement, il te taclait à la gorge. Et comme il était très proche du président, il était remonté comme une pendule. »