Cédric Carrasso : « À 35 ans, je ne me sens pas comme un joueur de mon âge »
A nouveau dans sa grande interview pour France Football, le gardien Cédric Carrasso retrace sa saison 2016/17, sa toute dernière avec les Girondins de Bordeaux, et aussi sa carrière, à travers ses meilleurs souvenirs sportifs… et ses blessures.
« Mon ‘Étoile d’Or’ France Football ? Oui, c’est très sympa d’être reconnu à titre individuel, même si j’y associerai toujours le collectif. Sans les autres, tu n’es rien. Même quand tu joues gardien. Au niveau des performances, vous semblez d’accord avec moi, car c’est aussi mon ressenti. En plus, le contexte général de ma saison me fait analyser les choses de cette façon. J’ai quasiment été en permanence dans un ascenseur émotionnel entre le bien-être total que je ressentais sur le terrain et cette situation si compliquée, incertaine. Ce contraste, il a été assez bizarre, mais il a contribué à réévaluer mes performances.Tout mélangé, les performances étaient là, dans un contexte pourtant délicat, avec cette fin de contrat et l’incertitude qu’on faisait planer sur mon sort chez les Girondins. Ces six derniers mois n’ont pas été faciles, plus pour l’homme que pour le joueur.
(…) Mon meilleur souvenir sur le terrain ? Ma première saison avec Bordeaux, en 2009-10. On effectue un grand parcours en Ligue des champions. À ce moment-là, on planait avec une équipe assez extraordinaire. Puis, on s’est malheureusement essoufflés. C’était presque incroyable d’être aussi haut à un moment. Laurent (Blanc) et Jean-Louis (Gasset), qui m’ont recruté aux Girondins, m’ont aussi énormément marqué. Cette paire est fantastique. Avec leur complémentarité, ils ont réussi à nous sublimer. Mais je suis surtout très fier d’avoir été performant avec Bordeaux dans des moments plus difficiles. C’est là que j’ai gagné le respect des gens qui aiment les Girondins.
(…) À 35 ans, je ne me sens pas comme un joueur de mon âge, tel que je pouvais le voir avant, par exemple. J’ai la forme et une jeunesse intérieure qui me permettent de continuer. À la fin du championnat, je n’avais pas envie que la saison s’arrête… J’étais prêt à embrayer dans la foulée. Mais je suis aussi réaliste. Je sais que je ne vais pas négocier quatre ans de contrat avec mon prochain club ! J’ai toujours été honnête avec moi-même et les autres. Un projet sur deux ou trois ans me paraît cohérent, en aménageant ce bail suivant mes performances. Après, on peut monter plein de choses. Moi, je sais que je ne me vois pas trop beau, mais je me sens bien, tout simplement. Comme je l’ai déjà dit, mes blessures m’ont toujours apporté de la fraîcheur mentale. Je suis toujours revenu plus fort derrière, blindé personnellement et sur mon métier. En fait, l’usure est presque plus psychologique que physique. Moi, je me suis servi de mes longues blessures comme de vacances psychologiques. »