Niša Saveljić : « J’ai marqué 3 fois dans les derbies de Belgrade ; c’était magique, inoubliable »
Hier soir, sur les ondes d’R.I.G, l’émission ‘Girondins Analyse‘ a diffusé son entretien avec Niša Saveljić, défenseur central des Girondins de Bordeaux de 1997 à 2001, puis de Sochaux, Guingamp, Bastia et… Istres. Mais le pays où notre ‘Nino’ s’est d’abord fait connaître, c’est la Serbie. Enfin, la Yougoslavie, puis la Serbie-et-Monténégro, car cette région géographique, réputée au niveau football et… tribunes, a connu beaucoup des bouleversements. Explications avec un Niša Saveljić très apaisé sur ces sujets.
« La Yougoslavie, c’est une très grande école de formation au football, et aussi d’éducation. On dit de nous que nous sommes les ‘Brésiliens d’Europe’ ! A l’époque, quand j’étais en Espoirs, je jouais dans une équipe nationale de l’ex Yougoslavie, qui regroupait la Croatie, la Serbie, la Bosnie, le Monténégro, la Macédoine, le Kosovo aussi… Après, pendant ma carrière, les choses ont évolué, et j’ai joué pour l’équipe de la Serbie-et-Monténégro : 33 sélections. Je suis fier d’avoir participé à cela, surtout vu ma génération, c’était… inoubliable : Boban, Stanković, Mirković, Jugović, Šuker, Stojković, Živković, Bokšić, Mijatović, Savićević, Prosinečki… Énormément de grands joueurs que je suis très fier d’avoir croisés. Après, avec les choix de chacun ; parfois sur fond de politique ; il y en a avec qui on s’est séparés. Il y a même eu des rivalités, avec la guerre, mais aussi des amitiés qui sont restées, surtout. Quelqu’un comme Zvonimir Boban par exemple, il était un grand joueur, et un super mec, mais il a fait son choix politique, que je n’ai pas apprécié d’ailleurs. Il avait même un peu menti sur le fait qu’il n’avait jamais chanté l’hymne yougoslave en Espoirs, ce à quoi Predrag Mijatović avait répondu ensuite qu’il devait donc avoir mal entendu. (…) Ma nationalité dans tout ça ? Je suis Monténégrin. Je l’ai toujours été, même en jouant pour la Serbie. Je n’ai jamais été contre les autres pays. Et la guerre (il soupire)… Vous savez, moi je dis toujours que la guerre c’est surtout un business. Les territoires sont marqués par leur histoire, et je vois beaucoup de Serbes, de Croates etc bien s’entendre et faire la fête, sans se soucier de tout ça. Les années aident aussi à oublier certaines choses. Moi, en tout cas, j’ai des amis partout, je n’ai pas de frontières, et le foot m’y a aidé. Mais sinon, je suis aussi Français (sourire), depuis 2003. J’ai la double nationalité.
(…) La rivalité Étoile Rouge de Belgrade / Partizan Belgrade ? C’est incroyable ! Quand je suis arrivé au Partizan, j’avais déjà une certaine expérience, après ma formation et le fait d’avoir fréquenté des rivaux en équipe nationale Espoirs de Yousoglavie, entre les Serbes, les Monténégrins, les Croates… Et mon premier match avait été un derby ! On avait fait 2 à 2, j’avais fait 2 erreurs dans le match et le gardien de but m’avait dit : ‘Nino, quand tu joues dans cette ambiance, si on marque, si tu marques, les supporters seront derrière ensuite pour pousser, nous garder en vie’. On perdait 2 à 0 à domicile contre l’Étoile Rouge, et on avait alors fait 45 minutes de folie. J’avais même égalisé à la 76ème minute ! Il y avait 50 000 personnes qui poussaient, rendez-vous compte ! Déjà, quand tu vas sur le terrain, 2 heures avant le match, il y a déjà une énorme ambiance ! C’était incroyable ! Et puis, sur la rivalité en général, les deux stades sont séparés de 500 mètres, donc ça amplifie les choses. Je me souviens d’une fois, alors que nous n’avions plus gagné au Marakana depuis 30 ans, j’avais pris la parole avec l’entraîneur, car j’étais plus âgé, et on avait gagné 3 à 0. On était hyper motivés ! Et comme par hasard, j’avais encore marqué (rire) ! J’ai marqué 3 fois dans les derbies ; c’était magique, inoubliable, pour moi comme pour les supporters ! Surtout que les supporters du Partizan Begrade sont, on peut le dire, les meilleurs du monde, dans tous les sports, et sutout en basket, où ils sont le plus réputés. Car en Serbie, on supporte aussi le club en basket, en volley ou en water-polo. Mettre l’ambiance, c’est une tradition, une particularité locale, dans toute la Yougoslavie. Il faut vraiment le vivre ! Et même en étant habitué, c’est quelque chose… Surtout quand il y a des rivalités. »