Stéphane Martin : « Les socios ? Il y a aussi une notion d’abonnement, une preuve d’engagement… »
Récemment, le président des Girondins de Bordeaux, Stéphane Martin, a ouvert la porte à l’idée d’un actionnariat populaire au FCGB. Interrogé par France 3 Aquitaine, qui lui parle du modèle des ‘socios’ espagnols, l’ancien banquier en… Espagne détaille longuement son avis sur ce sujet qui intéresse beaucoup les supporters.
« Les socios, historiquement, c’était dans tous les clubs espagnols, et ça correspondait, grosso modo, aux statuts des associations loi 1901 qu’on a en France. Il n’y avait donc pas de capital, et ces associations appartenaient aux abonnés du club. Donc il y a aussi une notion d’abonnement (sourire), ça ne marche pas que dans un sens… Les socios sont quand même des gens qui prouvaient une fidélité à un club en étant abonnés, et souvent en se repassant la carte du grand-père au petit-fils. Mais, il y a environ une vingtaine d’années, il y a eu une faillite quasi-globale du foot espagnol. Tous les clubs étaient en faillite, à 4 exceptions près. Donc le gouvernement a dit stop et a changé le statut des clubs, pour qu’ils passent à l’équivalent des SASP (Société Anonyme Sportive Professionnelle), comme on a en France ; c’est à dire à des sociétés classiques, avec du capital, pour éviter ces situations de faillites. Sauf que les 4 clubs qui n’étaient pas en faillite on dit ‘ok, mais on veut garder les socios et ne pas être sanctionnés avec les autres’. Voilà pourquoi seuls 4 clubs en Liga (le Real Madrid, le FC Barcelone, l’Athletic Bilbao et le Club Atlético Osasuna de Pampelune, NDLR) ont encore des socios, et pas les autres. Mais aujourd’hui, de toutes façons, la forme juridique des clubs en France ne permet pas d’avoir des socios comme en Espagne. En Espagne, s’il y a des socios, c’est parce que, finalement, il n’y a pas de structures juridiques comme ici en France. Ce qui n’empêche pas que, parfois, les différents présidents puissent avoir des garanties personnelles, comme Florentino Pérez au Real, qui en apporte.
Après, que des supporters aient envie de plus s’engager dans la vie du club, comme pourrait le faire un actionnaire minoritaire dans une entreprise traditionnelle ; pourquoi pas ? On pourrait s’imaginer une forme de ‘super-abonnement’ via un engagement supplémentaire qui donne le droit d’assister à des assemblées, et à participer plus activement à la vie du club. Ce sont des choses, des projets, qui ont été un peu d’actualité il y a deux-trois ans, avec des pouvoirs publics assez intéressés notamment, et je pense que ça peut être une bonne idée que de dire que le capital du club est partiellement ouvert à des socios. Pourquoi pas ? Mais aujourd’hui, il faut aussi comprendre, compte-tenu de la forme juridique de tous les clubs français, que ce sont les actionnaires qui dirigent ; ceux qui mettent le capital et garantissent – surtout ! – les dettes ; car il y en a dans la plupart des clubs français. Et on ne peut évidemment pas demander à un actionnaire d’abandonner le pouvoir a des gens qui n’auraient pas le même type de risques ou d’engagements vis-à-vis du club.
Ceci étant, le fait que les supporters participent plus à la vie du club, je trouve que c’est très bien. Il faut qu’ils puissent donner plus leur avis. On a déjà quelques initiatives ici, qui vont quand même dans ce sens-là. Alors, ça reste modeste, mais imaginez qu’on puisse organiser une sorte d’assemblée générale où tous les ‘super-abonnés’ seraient invités, comme les actionnaires d’une société… C’est effectivement une idée. On pourrait faire des questions-réponses, leur expliquer la vie économique du club – à ceux qui sont plus engagés -… Mais il faut que ça ailler aussi dans les deux sens. Qu’il y ait une preuve d’engagement allant un peu au-delà de venir juste à un match de temps en temps. En tout cas, oui, les abonnés peuvent tout à fait justifier à ce niveau d’informations supérieur. »