Didier Tholot : « Pour éviter une rupture, il faut un peu varier dans le discours, les méthodes… »
Passionné par son métier de coach, et passionnant quand il en parle (on rappelle, au passage, qu’il cherche un poste), Didier Tholot sait quand même que la vie sur un banc dépend parfois d’une notion de cycle, et qu’il faut renouveler. Mais quand ? Dans quelles proportions ? Du côte de l’entraîneur ou des joueurs ? Invité de ‘Girondins Analyse’ (radio RIG), l’ex N°9 des Girondins de Bordeaux dans les années 90 se livre.
« Au bout d’un moment, oui, il peut y avoir une fin de cycle, une rupture. Au niveau de l’entraîneur, et au niveau de son groupe de joueurs. Donc il faut renouveler régulièrement les joueurs, et se renouveler également comme entraîneur. Mais tout ça, encore une fois, c’est beaucoup une histoire de dialogue, de parole au quotidien. Pour être très schématique, je vais dire que c’est un peu comme avec les enfants : si vous gueulez sans arrêt, au bout d’un moment, ils ne vous entendent plus. Donc il faut prévenir les choses pour éviter ça ; varier un peu, à la fois dans votre discours, dans la méthode, dans ce que vous transmettez… Sinon, ça passe un peu moins bien. Mais vous devez faire tout ça en gardant vos principes. C’est très compliqué.
Au niveau du management, on est obligé ; à force de voir les joueurs tous les jours, de les côtoyer dans la défaite, dans la victoire, dans la blessure, et de voir aussi leurs comportements quand ils sont en confiance ou pas ; de tenir compte de l’humain. Après, on agit par la parole, par les gestes, par des regards, on peut les stimuler avec du travail et des exercices sensoriels. Tout ça, ça doit se ressentir, et ne pas s’aborder pareil selon les joueurs. Il faut être attentif à eux, à chacun, et à vous. Si sur un contrôle raté vous vous énervez, vous risquez de brusquer le joueur, donc si vous voyez qu’après il disparait vous savez qu’il faut plutôt l’encourager. Par contre, si son coéquipier fait la même erreur et qu’il devient un lion après que vous l’ayez critiqué, vous voyez qu’il avancera si on lui rentre dedans. Il y a une multitude de leviers individuels pour aider le collectif. Mais on ne voit tout ça que sur le terrain.
Quand on recrute, quand on fait son groupe, son équipe, le caractère et la mentalité comptent. Il faut bien observer tout ça, se renseigner, pour que chaque joueur, et notamment une recrue, sache rentrer et s’adapter – qu’il soit caractériel ou pas – à un cadre de vie collectif de haut niveau. »