Christophe Hutteau : « Un joueur qui ferait carrière sans agent ? Pour moi, ce n’est pas possible »

On en termine avec les écrits issus de l’interview ‘Girondins Analyse’ (radio RIG, podcast complet ICI) de l’agent Christophe Hutteau, conseiller (notamment) de l’attaquant girondin Gaëtan Laborde. Ici, Hutteau admet être compréhensif par rapport à certaines critiques sur le rôle d’agent, qu’il juge cependant indispensable dans le football professionnel actuel.

« Je peux comprendre la position de ceux qui doutent et émettent des critiques sur notre métier, même si je ne la partage évidemment pas (sourire), mais un agent doit être assez intelligent et ne pas se mettre dans la situation d’avoir – par exemple – deux joueurs du même poste dans le même club, car c’est ingérable et vous obligé à faire un choix. Il y a conflit intellectuel, pour ne pas dire conflit d’intérêts… Mais, croyez-moi, les joueurs sont tout sauf idiots, et s’ils constatent cet état de fait, ils prennent les devant et tranchent en changeant d’agent pour ne pas risquer que l’agent privilégie un joueur à l’autre. Vous n’avez même pas le loisir de décider…

(…) Un joueur qui ferait carrière sans agent ? Pour moi, ce n’est pas possible. Et si vous le croyez, c’est car vous n’avez jamais été joueur professionnel (sourire)… Ou alors, il faudrait faire un distinguo entre le joueur de très, très haut niveau, mondialement reconnu, et le ‘simple’ joueur professionnel de bon niveau, qui n’a pas tous les clubs de la planète à ses pieds… Mais un joueur sans agent, ce n’est pas possible. Vous pouvez penser le contraire et ne pas me croire, mais moi je vous le dis (sourire). On est en plein dans le cliché si l’on croit que le joueur a le temps de tout gérer car il s’entraîne juste une heure et demi par jour – comme s’ils ne s’entrainaient que sur le terrain principal… -. Mais vous ne voyez pas les entraînements en salle, le travail individuel, le travail avec le staff médical, les séances vidéo collectives voulues par le staff technique, ainsi que la récupération et les à-côtés que sont les sollicitations médiatiques, les sponsors, ou les éventuels engagements associatifs et humanitaires. Aussi, quand l’équipe joue à l’extérieur, il y a un déplacement, ils partent la veille, avec un stress hallucinant, la pression de la compétition, ce que seuls les sportifs de haut niveau – footballeurs ou autres – peuvent connaitre et comprendre. Donc, non, ils n’ont pas le temps libre que vous pensez pour gérer leurs intérêts. Cette vision ne correspond pas à la réalité. Soyons sérieux. »