P. Rondeau : « Même en cas de bons résultats, l’objectif est de se faire de l’argent sur les joueurs »
Pierre Rondeau, économiste, a expliqué aux étudiants de l’Institut de Journalisme de Bordeaux pourquoi il était assez sceptique quant à l’intérêt qu’un fonds d’investissement américain rachète, éventuellement, les Girondins de Bordeaux.
« Bordeaux, ça présente l’avantage d’être une marque. C’est sans doute ce qui distingue le plus le club de ses concurrents de même niveau sportif comme Rennes ou Saint-Etienne. Le vin de Bordeaux est connu sur les cinq continents. C’est un peu la même chose que Paris avec la tour Eiffel. Cela permet aux investisseurs de gagner en visibilité à l’étranger et ça, les Américains le savent pertinemment. (…) Je suis inquiet quand je vois des fonds d’investissement arriver dans le football car ils n’ont pour but que la rentabilité à court terme. On voit bien ce qu’il s’est passé à Lille. Un fonds d’investissement a accordé des crédits au club pour booster les performances sportives et ainsi engendrer des bénéfices qu’un taux d’intérêt est alors censé venir rembourser par la suite. Pour l’instant, le pari est perdant. Mais le problème des fonds d’investissement est encore plus profond que ça. Même en cas de bons résultats sportifs, l’objectif est de se faire de l’argent sur le dos des joueurs, dont la valeur marchande aura augmenté au fil du temps. Or vendre ces joueurs, c’est annihiler toute pérennisation de la logique sportive, qui se construit sur le long terme. Ces investisseurs n’ont rien à faire de la réussite sportive. Ils veulent juste voir la couleur de l’argent. »