R. Molina : « J’ai été étonné qu’il n’y ait pas d’autres repreneurs, même si M6 demande beaucoup trop »
Invité pour intervenir, par téléphone, dans ‘Girondins Analyse‘, vendredi, le journaliste indépendant et auteur de livres liés au football, Romain Molina, qui enquête en ce moment sur les coulisses du foot pour un nouvel ouvrage autour des ‘magouilles’ dans le monde du ballon rond, a été questionné sur la somme de 100 millions d’euros, qui serait finalement celle de la vente des Girondins entre M6 et les fonds d’investissements américains GACP et King Street.
« Regardez Michel Seydoux, à Lille, il a vendu à Gérard Lopez. Donc voilà… Là, c’est pareil, même situation : il y a un déficit chronique d’exploitation, avec aussi un nouveau stade qui est – pour moi – beaucoup trop grand et mal placé ; et qui est ‘antithèse de ma vision du foot car un stade comme ça, qui n’est pas un lieu social et culturel dans la ville, je ne vois pas ce que ça représente. Après, sur ça, chacun son avis et sa définition du foot. (…) En tout cas, pour reprendre le parallèle avec Lille : l’investisseur en place veut se barrer car il perd de l’argent, il y a un déficit d’exploitation, ça fait des années où c’est, globalement, un peu la foire, puis le nouveau stade coûte trop cher pour ce que c’est et dessert le club – comme d’autres – ; et là des types arrivent d’on ne sait où, ce n’est pas leur argent mais des prêts… C’est le même projet que Gérard Lopez à Lille, avec l’idée du trading de joueurs. Est-ce que c’est ça qu’un club historique du foot français mérite ? Moi, je ne pense pas. Et puis, bon, si ces repreneurs-là ne veulent que des joueurs gratuits, libres, en prêt, c’est pour quoi d’après vous ? Parce qu’ils n’ont pas d’argent sans doute. (…) Après, Joseph DaGrosa, si vous attendez qu’il s’exprime, dites-vous bien qu’il peut dire absolument tout ce qu’il veut, être super démagogique et dire que le club est beau, qu’il va investir ; ce que tous les supporters veulent entendre.
(…) Bordeaux, c’est quand même une ville d’influence, avec un rayonnement qui dépasse l’Aquitaine, et donc c’est pour ça que j’ai été étonné qu’il n’y ait pas d’autres repreneurs possibles ; même si M6 demande beaucoup trop d’argent. En tout cas, c’est mon avis. Le club est vendu pour beaucoup plus cher qu’il ne vaut, surtout quand on voit des clubs en Espagne, et si c’est ça M6 s’en sort très bien ; bravo Nicolas de Tavernost, il sait bien négocier, et ça on ne va pas lui apprendre. Vous pensez réellement, vous, que Bordeaux vaut 100 millions d’euros ? (…) Mais il y a aussi eu un autre repreneur intéressé, je peux vous le dire… Il s’appelle Pairoj (Piempongsant, NDLR), mais je n’arrive jamais à prononcer son nom. C’est un thaïlandais, qui détient le club belge de Mouscron aujourd’hui, dont le fils avait aidé aux rachats de Sheffield et Reading, en D2 anglaise, et à celui de Manchester City, à l’époque où c’était des thaïlandais. Ce Monsieur Pairoj, il avait donc été intéressé par Bordeaux, mais – et je cite – ‘Il y avait trop de mecs à corrompre, des politiques et tout ça’, donc c’est pour ça qu’il n’est pas venu, car c’était trop le bordel pour eux. Voilà… (…) Et je précise, quitte à faire le mec arrogant, que si j’ouvre ma gueule sur un sujet c’est que je peux l’ouvrir car j’ai tout en mains niveau preuves. Pour mon prochain livre, j’ai interviewé Pini Zahavi, qui est je pense le plus grand agent du monde, pendant 4 heures. Mais je ne peux pas tout dire. »