Christophe Dugarry raconte d’où lui est venue sa vision du football
Dans son émission ‘Team Duga’, hier, sur RMC, l’ancien attaquant espoir puis capitaine (lors de son deuxième passage) des Girondins de Bordeaux, Christophe Dugarry, a profité des propos pro jeu et anti résultat à tout prix de Paulo Fonseca, l’entraîneur portugais du Chakhtior Donetsk (adversaire de Lyon ce soir en Ligue des Champions), pour réaffirmer sa vision « innocente » du football :
« Oui, moi j’avais dit que je préférais gagner une Coupe de la Ligue avec des potes qu’une Ligue des Champions avec des gens dont je n’avais rien à foutre, mais je n’avais rien compris au football et j’ai toujours su que j’étais à côté de la plaque, rassurez-vous (rire) ! (…) Après, par rapport à ce que dit Fonseca, on sait qu’il y a plusieurs types d’entraineurs, car certains sont plus des managers à l’anglaise et d’autres animent les séances au quotidien pour faire progresser des jeunes, former, quand d’autres sont là pour gérer des gros joueurs de caractère et avoir des résultats. Il y a plusieurs façons d’entraîner, c’est sûr, mais ça m’a fait plaisir de lire ça, et de voir quelqu’un parler d’autre chose que de résultats. J’aime ça, qu’on parle de jeu, de gestes techniques, de football, de plaisir simple, car c’est ce que moi j’attends et c’est ce que j’ai toujours attendu d’un match de football.
Je n’ai jamais regardé un match de football comme un supporter, ça ne m’est jamais arrivé, même quand j’allais, petit, voir les matchs des Girondins à Lescure, avec Alain Giresse, Tigana, Battiston, Marius Trésor… Le résultat, je m’en suis toujours fichu, j’avais envie de voir la belle action d’Alain Giresse, le petit piqué, ou la belle passe, l’agressivité de René Girard, l’élégance de Patrick Battiston quand il prenait le ballon… Voilà ce qui m’a toujours plu, donc quand un entraîneur a ce discours, ça me fait du bien, car c’est aussi celui que j’essaye de faire passer ici. Alors, je le fais peut-être maladroitement, car on me fait passer pour quelqu’un de jamais content, qui n’aime pas le football, qui est défaitiste. Mais j’ai juste une vision du football que j’aime qui est comme ça, car c’est ma vie depuis que j’ai 7 ans.
Alors peut-être que cette vision-là m’a apporté des problèmes et ne m’a pas permis d’être un meilleur joueur, mais elle me plait. Je pense que je n’aurais pas pu être un joueur différent de ce que j’ai été, malgré tout, car j’ai ma vision du foot ; même si j’aurais pu faire une meilleure carrière. D’où cette vision m’est venue ? Je ne sais pas, peut-être que c’était car les Girondins de Bordeaux de la saison 1983-1984 était une équipe extraordinaire. Elle gagnait, oui, mais elle était surtout élégante. Et moi, je venais au stade pour juste voir un bon match, et c’est ça qui me rendait content, pas le résultat. Alors que mon oncle, avec qui j’allais au stade quand j’étais enfant, était plus supporter et intéressé par le résultat. Une fois, je me souviens, il était fou de rage car Bordeaux avait manqué un penalty, et moi je m’étais fait engueuler car je disais que ce n’était pas grave et qu’on allait quand même marquer but, en jouant.
Et donc, quand les gens pensent que je suis défaitiste ou je ne sais quoi, c’est peut-être car je n’arrive pas à faire bien passer, par les mots, ce que je ressens au niveau du football. Là, l’entraîneur du club ukrainien, il dit quand même que le niveau de jeu général de la Coupe du Monde ne lui a pas plu, et moi je trouve ça intéressant, car je le pense aussi, et que très peu de gens le disent. »