Johann Crochet détaille le passage de Paulo Sousa à la Fiorentina (15-17)
Le coach portugais Paulo Sousa (48 ans) ayant, selon L’Équipe, de très fortes chances de devenir le nouvel entraîneur des Girondins de Bordeaux, l’avis du journaliste Johann Crochet (Eurosport, spécialiste du foot italien) sur lui sonne donc très actuel. Voici ce que Johann Crochet a analysé, dans l’émission radio ‘Girondins Analyse‘ (R.I.G) de ce vendredi soir :
« Alors… Déjà, sur Paulo Sousa, je ne peux que vous parler de ce que je sais et de ce que j’ai vu, c’est à dire ses deux saisons comme entraîneur à la Fiorentina. Je ne me permettrai pas de juger ce qu’il a fait ailleurs, à Bâle, Videoton ou Tel-Aviv. Quand il arrive à Florence, il prend la suite d’un règne de Vincenzo Montella pendant 3 ans où la Fio a terminé trois fois 4ème de Serie A. Donc ça s’était très bien passé avant lui, avec un club en sur-performance vu son effectif et la concurrence, qui n’avait pas forcément été à la hauteur. Le jeu d’alors était un peu à l’espagnole, avec des joueurs espagnols et sud-américains, venus sous Montella, qui avaient la caractéristique d’être très techniques. Mais ce qui était surtout très appréciable, c’était le milieu, qui faisait assez souvent tourner en bourrique les adversaires. Et quand Paulo Sousa arrive, avec un effectif déjà de qualité donc, il apporte une bonne dose de pragmatisme, de conservatisme, des choses moins novatrices, tout en continuant de travailler sur les bases de Montella.
Avec Sousa, la Fiorentina jouait toujours bien au foot, ça marquait beaucoup de buts, mais il n’a pas réussi à apporter ce qu’il voulait : que l’équipe prenne moins de buts. Lors de sa deuxième saison, l’équipe prend 57 buts et a l’une des pires défenses d’Italie. Je me souviens pourtant d’interviews de certains joueurs, comme Borja Valero, qui disaient que l’effectif était mieux structuré, mais sur la durée ça n’a pas tenu : après 6 très bons premiers mois où la Fiorentina avait même été leader du Calcio en novembre, ça a marqué le pas pour terminer 5ème. La dynamique s’est cassé et la deuxième saison a été en dents de scie, avec une équipe capable de battre la Juve mais de perdre contre les derniers. Mais ça, à Florence, le caractère c’est un manque historique.
Après, de ce que disaient les joueurs dans la presse, Sousa insistait beaucoup sur les détails, l’attitude, il ne laissait rien au hasard et n’était pas un adepte de la ‘câlinothérapie’. Qu’on aime ça ou pas, il est très franc, sans être inhumain, il dit les choses en face. Mais attention, avec certains joueurs, dont les jeunes, ça peut mal se passer. En tout cas, sur cet esprit de management-là, ça me faisait penser à Gustavo Poyet. Enfin, il faut noter qu’à la Fio, il a eu des inimitiés en interne, car il aime bien s’impliquer dans beaucoup de secteurs du club. Un entraîneur faisant un peu tout, ça peut être mal vu, car ce n’est pas trop actuel comme fonctionnement, comme ça l’était dans les années 80, où ça se passait comme les entraîneurs le voulaient. Mais maintenant, les clubs ont des staffs élargis et beaucoup de salariés, donc les coaches à qui on laisse carte blanche, surtout d’entrée, ça n’existe presque plus. Pour un club, c’est risqué. »