Quand Laslandes conseille Sacko
Les deux hommes, présentant le point commun d’avoir débuté par un échec (Sacko n’ayant pas été retenu à l’INF Clairefontaine, et Laslandes ayant raté les tests aux Girondins… avant de jouer à Mérignac, puis à Auxerre et de revenir à Bordeaux, devenir l’attaquant que l’on sait), ont abordé plusieurs thèmes de façon détaillée. Voici leurs propos, retranscrits par nos soins :
Sacko : « Bordeaux est un grand club et une des plus grandes équipes de France. Quand les Girondins se sont manifestés pour me recruter, je me suis dit que je n’avais pas à réfléchir car une équipe qui se manifeste avant tout le monde c’est qu’elle t’as repérée avant tout le monde. Je n’ai jamais regretté d’être venu ici. »
Le profil de jeu et l’importance du mental :
Laslandes : « Le métier d’attaquant a évolué avec le jeu selon les époques. Le plus important, c’est de connaître ses propres qualités. Quand on me disait que j’étais un buteur, je disais non. Pour moi, un buteur c’est Pauleta, quelqu’un qui rentre pour marquer. Moi, je jouais pour le système. Après, il faut toujours avoir le caractère de se dire qu’une occasion va venir. Des fois ça marche, des fois pas… Quand l’entraîneur vous dit « C’est toi l’avant centre, c’est toi qui doit marquer les buts » il faut avoir le mental et les épaules pour l’assumer. Cela vient avec l’expérience et c’est de plus en plus facile. »
« Le mental joue vraiment pour beaucoup. Pour moi, quand un attaquant passe plusieurs matches sans marquer et dit qu’il ne doute pas, ce n’est pas vrai. C’est avec les buts que la confiance vient et, avec le temps, les regards des autres et ton image peuvent changer. A Auxerre, j’ai beaucoup appris durant ma formation. A force de jouer en jeunes et de s’entraîner, en travaillant des situations précises devant le but et en marquant de plusieurs façons, on savait qu’elles arriveraient en match et qu’on les aurait déjà vécu. C’est comme dans la vie de tous les jours, on ne se comporte pas pareil quand c’est tout nouveau ou bien quand les automatismes sont là. Le principal, c’est d’être adroit et conquérant face au but. D’où l’importance de la confiance. »
Sacko : « Jeune c’est plus simple de marquer. Depuis que je suis arrivé en
professionnel, j’ai vu tous les efforts qu’il fallait faire. Je me considère
plus comme un attaquant qui « met le feu », sans oublier cet aspect
tueur que je dois avoir. Si j’ai 4 ou 5 occasions, je dois être
dangereux. »
« Il faut se mettre dans le bon état d’esprit,
écarter les mauvais réflexes pour prendre confiance à l’entraînement et
continuer de travailler plus sereinement. (…) Même en jeune, le doute
peut venir. J’ai connu des périodes où j’avais peur de mettre le pied,
peur de tirer, où je préférais passer le ballon, ne pas prendre de
risques. C’est là où un très grand attaquant doit avoir du caractère et se
dire qu’il a raté, même si des fois ça ne veut vraiment pas venir et
qu’on a envie de dire au coach de nous mettre un peu sur le banc… Pour
moi, ne pas douter c’est être hors du commun. Même les grands attaquants
doutent, se remettent en question, bien qu’ils aient parfois marqué…
C’est ça leur force. »
« Un attaquant moderne doit
savoir jouer pour les autres, avec ses propres qualités, notamment celle
d’être bon dos au but, qui est de plus en plus déterminante
aujourd’hui. Il faut voir avant de recevoir et être capable de marquer.
C’est facile à dire, mais très dur à faire, car il faut savoir un peu
tout faire. Mais ça, très peu de joueurs en sont capables. »
La façon de s’entraîner pour rester en confiance :
Laslandes : « Quand je faisais les séances d’entraînement, sur toutes les dernières actions, je disais aux jeunes d’imaginer que c’était la 90ème minute d’un match. C’est Jean-Pierre Papin qui me disait ça. Même si ce n’est pas un match, il faut se donner un point d’adrénaline, créer l’urgence. Comme ça, si on rate, on le retient et ce n’est pas un raté banal comme on en a tout le temps à l’entraînement. Ce sont des petits détails qui font, ensuite, que ça se passe mieux en match. »
« Attaquant, c’est un peu comme gardien de but, même si les postes sont différents, soit on est le plus beau du monde, soit on est la plus grosse m****. Voilà encore pourquoi le mental est primordial et prend le dessus. Parfois, tout sourit, comme en 99 avec Sylvain (Wiltord) où on était en confiance car on savait qu’on aurait 3 ou 4 occasions franches pour marquer. Mais il y a des années plus dures où il faut s’accrocher. »
« Il faut vivre ces situations, les connaître, pour pouvoir les dépasser
en parlant au coach, à la famille, aux amis, et garder confiance en soi
et en son travail. Je me rappelle de ce que Guy Roux me disait… Un but,
même en CFA, même à l’entraînement, c’est un but. Ça doit se prendre de
la même façon. Il faut aussi travailler la complicité aux entraînements
avec les passeurs, savoir comment le centreur va mettre le ballon et
qu’il sache comment on le veut. Avec Ali (Benarbia), j’avais dit qu’il
fallait éviter la profondeur. Il le savait. Ces détails permettent
d’avoir des automatismes sur le terrain et un coup d’avance sur les
défenseurs. »
Sacko : « Marquer et retrouver le sourire à l’entraînement c’est déjà un premier
pas pour vaincre le doute. Il faut se dire que le but va revenir et que
ce n’est qu’une question de temps. Souvent, quand ça repart, c’est
d’ailleurs pour un bon moment. »