Jean-Marc Furlan : « À Bordeaux, on avait un style de jeu très british »
Il a fait monter Brest en Ligue 1, mais Jean-Marc Furlan est pourtant resté en Ligue 2, devenant le nouveau coach d’Auxerre. Disciple de feu André Menaut, l’ancien défenseur des Girondins de Bordeaux a de grandes ambitions avec l’AJA : de résultats, mais surtout… de jeu.
Car pour JMF, c’est toujours ça qui prime, comme il le (ré)explique à Onze Mondial, retraçant son parcours et surtout son cheminement intellectuel ; alors qu’il a paradoxalement été formé – à Bordeaux – dans un style plus physique que technique, très différent de ce qu’il prône en tant qu’entraîneur :
« Si tu me parles d’autre chose que de foot, je vais être muet. Mais quand tu me parles de foot, c’est différent, c’est ma plus grande passion. Ça vient de mon père et de mon grand-père. Des deux côtés de ma famille, on jouait au football. J’étais un passionné de ballon au point où cela me bloquait dans les études. J’ai 61 ans, je fais partie de la génération des premiers qui ont connu les centres de formation. J’étais chez les Girondins de Bordeaux. C’était les premiers centres imposés par la Ligue Nationale de Football. J’ai une passion folle du ballon, mais surtout du jeu. Certains sont supporters d’un club, moi, je suis supporter du jeu. En passant entraîneur, je suis devenu quelqu’un qui aime les footballeurs et qui veut les faire progresser.
Quand j’étais à Bordeaux, on avait un style de jeu très british, on était éduqués là-dedans, dans un football très physique. D’ailleurs, au centre de formation, on se définissait plus comme British que Français. J’ai joué dans toutes les catégories de l’équipe de France sauf la A. Dans mon parcours, j’ai fréquenté les Nantais qui ont impacté le football avec une vraie culture du jeu qui existe moins. Ils m’ont beaucoup impacté et j’étais obsédé par le jeu. Ce qui me fascinait, c’était le jeu du FC Nantes et l’avènement du football total avec l’Ajax et les Pays-Bas qui ont marqué durablement le football mondial.
Ma reconversion d’entraîneur a été impactée par le beau jeu et c’est vrai que beaucoup de gens en France ne lient pas le résultat au beau jeu, et ce dans tous les sports. Moi, je fais partie de cette “franc-maçonnerie”, je fais exprès de dire ça, qui dit que pour avoir des résultats pérennes et remplir un stade il faut forcément avoir une culture de jeu très importante. (…) Le sport en France est très marqué par l’idée d’efficacité et de résultat. Alors qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas, c’est indispensable de créer de l’émotion. Au-delà du beau jeu, moi je dis aux joueurs qu’on est là pour créer de l’émotion. On veut tous gagner, moi le premier, mais ça, c’est implicite. L’important, c’est de quelle façon tu gagnes. (…) Il y a beaucoup de gens qui s’adaptent en fonction de l’endroit où ils sont et du moment. Moi non. Comme je le dis souvent, si tu engages Furlan, tu sais déjà que tu vas prendre des risques. Si tu ne veux pas, ne l’engage pas. Moi, tu ne vas pas me faire jouer autrement. »