Faubert et Triaud répondent au désamour du public bordelais
Voici ce que Jean-Louis Triaud et Julien Faubert, interrogés pour ce papier, répondent aux critiques sur la « perte des valeurs », le « manque d’envie », le « non respect des supporters », « l’absence d’ambition et de spectacle » et autres ressentis de nombreux supporters déçus qui boycottent le stade.
Triaud : « Pour moi, cette baisse de fréquentation n’est pas dramatique parce qu’elle est nationale. A part Paris avec ses 11 millions d’habitants et son équipe exceptionnelle, on la constate partout. La raison, ce sont les horaires inadaptés, surtout pour nous qui avons joué un grand nombre de matchs joués à 14 heures. C’est trop tôt, et 21h c’est trop tard pour des supporters qui viennent de loin, avec les enfants. La crise économique entre aussi en compte, les gens ont moins de moyens, ils choisissent leurs matchs. Dans un stade qui n’est abrité qu’au tiers, les conditions climatiques de ces derniers mois n’ont pas encouragé à venir. Enfin, les résultats sont un facteur à prendre en compte. Mieux vaut jouer les trois premiers places que le milieu du tableau pour attirer du monde.
Le manque de spectacle n’est pas un argument valable à mes yeux. Quand on est 2ème avec Ricardo (saison 2005-2006) avec un jeu ultra-défensif, il y avait du monde. Et il y en aurait davantage cette saison si on était 4ème en pratiquant le même football. Ceci étant dit, cela ne nous satisfait pas mais à part donner de l’emploi à tout le monde et changer les horaires, je ne vois pas trop ce que je peux y faire. Sauf souhaiter que les joueurs évoluent au meilleur de leur potentiel. »
Faubert : « Comme joueur, je suis énormément sensible au fait que les gens soient beaucoup moins nombreux au stade. J’étais en tribune contre Lyon (défaite 2-1 le 9 mars NDLR), voir le stade pas plein quand on a connu de grandes ambiances… C’est vraiment dommage parce que Bordeaux a besoin de son public.
Pour moi, c’est une question de culture et de mentalité : quand on est supporter, on l’est jusqu’au bout, que cela se passe bien ou mal. J’ai connu une descente avec West Ham, le stade était plein tous les week-ends en deuxième division. En Angleterre, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, que l’équipe soit dernière ou pas, le stade sera plein quoiqu’il arrive. En France, on se dit que c’est le dimanche, le jeu, il pleut, on travaille… Ce n’est pas la même mentalité. Je comprends le désarroi du public bordelais, pas forcément virulent mais très exigeant. Il vient d’abord au stade pour assister à un spectacle. Il nous reproche la qualité du jeu et le manque d’envie qu’on peut soit disant discerner même si ce n’est pas mon impression.
Mais il faut se mettre dans la tête que le club est dans une phase de transition après des années où il a été champion, disputé la Ligue des champions et où il avait cette culture de la gagne. Le problème, c’est qu’il y a trop d’écart, trop vite après le titre (de 2009 NDLR). Les choses ont changé mais les gens n’ont pas encore assimilé que cette période est finie et qu’il faut reconstruire pas mal de choses ».