Annabelle Creuzé, la prof de langue(s) du FCGB, présente sa méthode
Professeure de langue(s) des Girondins de Bordeaux et aussi traductrice/interprète du FCGB, Annabelle Creuzé était invitée dans ‘Girondins Analyse‘, ce soir, sur la radio R.I.G. Répondant aux questions de l’équipe, elle présente son parcours, son rôle et ses relations avec les joueurs ; mais pas qu’eux…
« Mon rôle ? En fait, je dois faciliter la communication entre les français et les étrangers. Du coup, ça passe par l’enseignement du français pour les joueurs, joueuses et coaches étrangers mais aussi par l’enseignement de l’anglais aux Français qui veulent mieux communiquer avec les étrangers et donc bien les accueillir, mais aussi aux jeunes du centre de formation et à tous ceux qui veulent s’améliorer, en vue de jouer plus tard à l’étranger peut-être. Je fais également de la traduction pour le club, notamment des documents pour les coaches, et je suis enfin interprète lors des conférences de presse – au moins là pour rassurer les joueurs (sourire) – ou de réunions. Mon nombre d’élèves aux Girondins ? Un peu moins de 30. Le fonctionnement de mes cours ? Ils sont obligatoires pour les étrangers, qui n’ont pas trop le choix, et puis pour l’anglais que j’apprends aux Français c’est basé sur le volontariat, notamment chez les jeunes du centre.
Mon parcours ? Je suis salariée du club depuis avril dernier, mais j’ai un parcours assez spécial : j’ai commencé par le droit international, en me spécialisant dans les droits de l’Homme, puis j’ai été journaliste. J’en suis venue à travailler avec Pierrot Labat – que vous connaissez certainement et que je salue -, en 2011. Il cherchait une traductrice car un coach américain venait, puis j’ai traduit son livre et ses rapports de stage quand il allait au Canada. Aussi, comme j’étais journaliste et que je venais régulièrement au club pour lui, je l’ai aidé pour ses vidéos et sa chaîne Youtube. J’ai, après, travaillé pour l’Union Bordeaux Bègles, je suis partie un an en Tanzanie, et à mon retour j’ai commencé à travailler pour les Girondins, en 2016, d’abord en auto-entreprise. Je donnais déjà des cours aux joueurs et à leur compagne. Puis comme tout se passait bien et que j’étais sollicitée pour les conférences de presse, les avant-matches et pour l’Europa League, le club m’a salariée il y a 8 mois. Mais ça va faire 4 ans bientôt que je travaille pour les Girondins.
Mes relations avec les joueurs ? Pour qu’ils apprennent bien, il est important, surtout, qu’ils soient en totale confiance, qu’ils se sentent bien, qu’ils soient relâchés et qu’ils aient le sourire au début et à la fin. Je veux qu’ils s’amusent. Donc ma façon de faire est très ludique et je crée mes propres supports : jeux de société, cartes, exercices de grammaire particuliers. J’essaye toujours qu’il y ait un lien avec le foot, pour qu’ils s’amusent. Je sais aussi que les joueurs sont parfois jeunes, vivent peut-être leur première expérience à l’étranger pour certains, découvrent un contexte nouveau et ont la pression, donc je prends tout ça en compte, tout comme la fatigue et le mental par rapport au foot selon les résultats, les blessures, les choix du coach. Aussi, les joueurs n’ont pas toujours pu faire des études, donc ils sont inquiets des fois mais j’essaye de vite les comprendre afin qu’eux soient relax pour bien apprendre. J’enseigne le français, l’anglais, puis l’espagnol et je me suis mise au portugais ; même si c’est plus le portugais du Brésil. Mais là, avec le coach Paul Sousa, je suis sur le portugais du Portugal (rire). Pour moi, afin de simplifier les cours, c’est aussi important de leur montrer que j’essaye aussi de parler leur langue.
Quelles sont les spécificités que je vois à enseigner les langues pour un club de foot ? C’est un gros challenge, car on doit répondre à des exigences très hautes et rapides, dans un contexte très pro. J’essaye de mettre très vite du vocabulaire foot dans mes cours, car les joueurs doivent s’intégrer au club, par rapport au foot, comprendre les causeries, communiquer aux entraînements ; mais aussi à la culture du pays et à la vie locale. C’est donc tout ça mon gros challenge. Après, j’adore le sport, donc pour moi c’est très intéressant d’apprendre à des joueurs. Depuis 4 ans, j’ai même créé mon propre lexique foot et j’en ai fait un livre, que je vais adapter en espagnol. Dans mes cours, je mélange du vocabulaire général et du vocabulaire foot, pour qu’ils puissent comprendre tout ce qui se passe niveau foot et aussi qu’ils puissent aller en ville ou acheter leur pain (sourire). Je les aide aussi, parfois, dans leur vie privée, quand il y a un souci d’électricité ou de jardinage ou autre. Mais c’est normal (rire) ! »
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