Frédéric Roux : « Avec Domi et Ulrich, on formait un trio extraordinaire »
Encore dans son interview de la semaine dernière, pour ‘WG Le Talk‘, l’ancien gardien numéro deux des Girondins de Bordeaux entre 2000 et 2006, Frédéric Roux, avait raconté quels étaient ses rapports avec le titulaire, Ulrich Ramé, et avec les grands entraîneurs des gardiens qu’il a connus : Dominique Dropsy (RIP) et Joël Bats (Lyon).
« Dominique Dropsy et Joël Bats ? Pour moi, ce sont les références du poste. J’ai eu la chance de les côtoyer, ils étaient mes entraîneurs, c’est vrai. Domi, je l’ai côtoyé au quotidien pendant six saisons, et comme je le dis souvent c’était un homme extraordinaire et un entraîneur fabuleux, dont j’ai souvent l’occasion d’évoquer le nom. Autant, il m’a apporté techniquement sur le poste de gardien de but, autant il m’a aussi apporté humainement, sur la façon appréhender ce poste, ce rôle de doublure et surtout comment appréhender la vie au sens pur du terme. C’était un grand Monsieur. Et puis Joël Bats, à Lyon, c’était un modèle aussi, car il avait déjà fait ses gammes et que je me souviens de lui comme joueur au Mondial 86. Il ressemblait à Domi, entre professionnalisme et rigolade quand il fallait. J’ai eu de la chance d’être coaché par eux. Ils mettaient les gardiens de but dans les meilleures conditions.
Ma relation avec Ulrich Ramé ? Lorsque les Girondins m’ont fait confiance en me faisant signer quatre ans, il était prévu qu’Ulrich puisse quitter le club et il était notamment question d’Arsenal à l’époque… Donc le club m’avait clairement signifié que j’aurais pu prendre la succession d’Ulrich, mais après ça ne s’est pas fait et j’ai vécu six saisons dernière Ulrich, qui était international et faisait partie pour moi des meilleurs gardiens français de l’époque. Après, on a toujours eu d’excellents rapports, il y avait un respect mutuel. On savait pourquoi on était là et j’ai toujours accepté le deal ; et lui aussi quand je jouais en coupes, il avait ce respect et me mettait dans les meilleures conditions possibles. Je pense que ça fait partie de la famille des gardiens de but ce respect mutuel, et j’ai toujours plaisir à rencontrer des collègues gardiens. Je pense qu’Ulrich aussi. Enfin, voilà… Avec Dominique Dropsy et Ulrich Ramé, on formait un trio extraordinaire au quotidien et j’avais une qualité d’entraînement que je souhaite à tout le monde et à tous les jeunes gardiens de but.
Si le rôle de doublure est le plus difficile ? Oui, c’est ce qu’on me dit. Déjà, le poste de gardien de but en lui-même il est très difficile, mais doublure c’est très exigeant. Quand les rôles sont bien définis, qu’on sait qu’on est doublure, c’est psychologiquement difficile. L’avantage que j’avais, c’est que j’ai débarqué en Gironde à 27 ans, donc avec déjà de l’expérience et du recul, donc ça m’a permis de bien appréhender ce rôle. Je savais, encore une fois, pourquoi j’étais la : pour parer à une éventuelle défaillance d’Ulrich, suspension ou blessure. Par contre, ce que les gens ne savent pas, c’est que l’on travaille plus que le titulaire quand on est doublure, pour être prêt si on doit jouer et pour être au top quand on a la chance de jouer. Mais comme on joue peu, c’est très dur à gérer. Aujourd’hui, dans tous les clubs, on voit que la doublure est un jeune, donc ça a changé. Là, à Bordeaux, c’est Gaëtan Poussin, formé au club, qu’on essayer de pousser pour l’exposer au mieux quand il arrive à maturité, y compris en le prêtant peut-être. Mais à mon époque les doublures avaient plus souvent 27-28 ans, car les clubs misaient plus souvent sur de l’expérience en cas de défaillance du titulaire. Maintenant, il y a plus d’impatience aujourd’hui chez les jeunes, qui veulent être titulaire et ils ont les crocs. Avant aussi les jeunes avaient les crocs, mais les mentalités ont changé, on voit beaucoup plus de choses autour des jeunes, qui sont plus ou moins bien conseillés, donc ils espèrent manger le titulaire. Moi, bien sûr, j’étais là comme professionnel et payé pour jouer, mais jamais de la vie je n’aurais fait un coup dans le dos d’Ulrich. C’était inconcevable. Maintenant, je ne dis pas que les jeunes vont faire des coups dans le dos du titulaire, mais on sent une vraie faim et plus d’impatience. Mais ça se comprend. On a tous envie de jouer. Mais il n’y a pas forcément de place pour tout le monde. (…) Avec Ulrich, on s’était un peu perdu de vue, mais quand je suis retourné au stade voir un match c’est quasiment le premier qui m’a accueilli. Et c’est toujours un plaisir de revoir d’anciens coéquipiers, d’échanger.
(…) Ma pige à l’OL ? Oui, j’ai fait une pige à l’Olympique Lyonnais, suite à une grave blessure de Grégory Coupet. Moi, j’étais sans club après avoir résilié avec l’AC Ajaccio, je m’entraînais au Haillan, et j’avais la chance de connaître Alain Perrin, coach lyonnais, et Joël Bats, entraîneur des gardiens que j’avais lui connu à Châteauroux. Alors, j’ai proposé mes services et j’ai pu ainsi signer à l’OL, qui était le plus grand club de France à l’époque, sextuple champion. J’ai débarqué dans le vestiaire de Junhino, de Benzema, Ben Arfa et autres, c’était un peu inespéré, car j’avais 35 ans. Même si je n’ai pas eu de temps de jeu cette saison-là, ça m’a permis de vivre une année riche en émotion, car nous avions fait le doublé Coupe de France – championnat. Cette année-là, de m’entraîner avec que des internationaux a été sur un plan personnel une expérience énorme. »
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