Rohr, Gallice, Ramé, Kargu, Giresse : le Top 5 historique de Julien Bée
La création et les premiers trophées des Girondins de Bordeaux, puis son Top 5 personnel et, maintenant, un Top 5 historique général et plus objectif. Le journaliste Julien Bée (GOLD FM), grand supporter du FCGB et co-auteur de plusieurs livres sur son histoire, dresse donc un portrait de ceux qu’il pense être les plus grands de l’histoire du club. Stats, palmarès et aura ont été ses critères retenus, ainsi que la période des années 50 à aujourd’hui, car avant il est plus dur d’avoir des des chiffres selon lui.
« En numéro 5, je choisis Gernot Rohr. Gernot Rohr, légende des Girondins et le plus français des Allemands, est trois fois champion de France : 84, 85 et 87. Rohr a aussi disputé 430 matches avec les Girondins et il a gagné deux Coupes de France, 86 et 87, avec évidemment une demi-finale de Coupe des Clubs Champions 85, l’ancienne Coupe des Champions, où après une défaite 3-0 au match aller Bordeaux s’était imposé 2 à 0 au retour face à la Juventus, perdant malgré tout. Mais cette équipe, à l’époque, était l’une des meilleures d’Europe, et il y avait des joueurs en son sein qui ont été assez importants. Et Gernot a traversé ce temps avec les Girondins : il est arrivé à la fin des années 70 et s’est inscrit dans le temps. Et puis, même si j’ai décidé de ne pas parler de l’après dans mon Top 5, Gernot a été aussi directeur sportif et entraîneur à deux reprises des Girondins, et notamment en seconde division quand Bordeaux a été rétrogradé. Il faut le dire, c’est quand même une personnalité très importante du club, et encore aujourd’hui. Même s’il est sélectionneur du Nigéria, il a toujours – vous devez le voir à la télé – la cravate des Girondins, toujours cette petite appartenance. Il est un joueur indispensable, une personnalité indispensable dans l’univers de nos Girondins de Bordeaux, et pour moi c’était impossible de ne pas le placer dans ce Top 5. Surtout, statistiquement et en termes de palmarès, c’est plutôt pas mal ! Gernot Rohr fait même mieux, en titres avec Bordeaux, que celui qui est mon numéro 1.
En N°4, René Gallice, que les jeunes connaissent car un vote populaire des Ultramarines a décidé que le stade Matmut Atlantique portait son nom : René Gallice. Et moi je le mets Top 4. Dans les stats, il est resté très longtemps au club : 17 ans en tout et pour tout. Mais lors de ses 17 années, il y a cette période de guerre et sa coupure. René Gallice, il faut savoir que c’est un minot marseillais, qui est arrivé jouer avec Marseille du côté de Talence, pour un match amical face aux Girondins. Il jouait dans cette équipe marseillaise et il a tapé dans l’œil des dirigeants bordelais et de l’entraîneur Benito Diaz, qui voulaient faire venir ce jeune homme, lui qui avait éclaboussé de son talent ce match amical joué au Parc de Suzon en 1938. René Gallice arrive donc à Bordeaux, commence à jouer, mais il est appelé sur le front et part combattre en Afrique du Nord, longtemps, en raison de la guerre, mais il va revenir. Il va revenir plus fort. Malgré une blessure subie lors de cette guerre, il va revenir, se relever et jouer. René Gallice va faire partie de cette équipe extraordinaire des années 49-50, puisque cette équipe va en 49 réussir à accéder à la première division et derrière à obtenir le titre de champion de France de première division en 1950. C’est la première formation de l’histoire, en France, à réaliser pareil exploit : monter de la D2 vers la D1 et gagner l’année suivante le titre de champion de France. Et donc, René Gallice, fait partie évidemment de cette histoire, poursuivant ensuite l’aventure. Je profite d’alleurs qu’on parle de René Gallice pour digresser sur Jean Swiatek, son ami fidèle et collègue de toujours, défenseur des Girondins et de l’équipe de France, connu des plus anciens – comme Gallice – car ‘Gallice & Swiatek’ a été pendant longtemps un magasin très connu de Bordeaux où on pouvait acheter des articles de sport. Jean Swiatek, on ne l’oublie pas, il aurait pu, lui aussi, être dans ce Top 5.
Sur le podium, en 3ème, on va monter dans le temps, passer dans les années 2000 et la fin des années 90, car c’est Ulrich Ramé. Il faisait déjà partie de mon Top 5 majeur personnel des Girondins, mais il est aussi là dans mon Top 5 historique, sur la base du palmarès, des stats, de l’historique. Je vais le répéter, mais avec 525 matches avec Bordeaux, il est le deuxième joueur à avoir le plus porté ce maillot. Il a aussi réalisé 205 clean sheets, soit environ 40% de matches sans but pris, ce qui est incroyable. Puis avec deux titres de champion de France, 99 et 2009, des coupes de la Ligue et 70 matches européens ; voilà… Ulrich Ramé, il est arrivé d’Angers, en 97, mais il venait à la base comme la doublure de l’international néerlandais Stanley Menzo. Sauf que Menzo, il faut le dire : il a été nul, il a fait partie des ratés, et il a perdu sa place au bout de 10 matches. Ramé a récupéré cette place et ne l’a plus jamais laissée, jusqu’à ce que Cédric Carrasso arrive aux Girondins. Donc, pour moi, c’est obligé qu’Ulrich Ramé soit dans ce Top 5, rien que pour ses 525 matches. Mais il n’est ‘que’ 3ème.
La deuxième position, elle est pour Edouard Kargulewicz. Les plus jeunes ne vont peut-être pas trop le connaître, mais il est extrêmement important dans l’équipe des Girondins de Bordeaux à travers le temps, et notamment dans les années 50. Il était là lors du titre de champion 1950, Edouard Kargu ! Et c’est tout simplement lui le deuxième meilleur buteur de l’histoire des Girondins de Bordeaux. C’est un joueur qui était assez grand, assez athlétique, et qui avait une frappe de bourrin. Il n’hésitait donc pas à taper fort. Et à l’époque, il y avait souvent des buts marqués de loin, parce qu’on n’hésitait pas à taper fort. Kargu compte 367 matches avec les Girondins, pour 158 buts. Ça en fait le deuxième buteur de l’histoire du club. Mais c’est surtout une aura, une aura particulière. C’est un joueur de devoir, qui est resté 11-12 ans, qui n’a fait que jouer avec Bordeaux au niveau professionnel, pas ailleurs, et puis, le titre de champion de France en 1950, évidemment, il a été extrêmement important dans l’histoire du club parce que c’est le premier. En plus, comme dit avec René Gallice, il y avait cette histoire de monter de D2 et d’être champion de D1 tout de suite ; une première. Edouard Kargu a également été deux fois finaliste de la Coupe de France. Donc je le met à la deuxième place, car je trouve que les buteurs ont une importance. Et je trouve qu’il a été un peu oublié, aussi, Edouard Kargulewicz… On aurait pu en rajouter d’autres, comme pour Jean Swiatek avec René Gallice, et pour Edouard Kargu il faut citer Bertus de Harder, un extraordinaire joueur offensif hollandais devenu légende à Bordeaux et dans son pays alors qu’il était laveur de carreaux. Les plus jeunes, à l’époque, l’ont idolâtre et il fut aussi champion de France 1950, avec les Grondins. Il mérite une vidéo spécialement sur lui.
Et en première position, le Top 1, le must, le best de l’histoire des Girondins de Bordeaux, c’est forcément, vous le savez, Alain Giresse. LE Petit Prince de Lescure. 592 matches toutes compétitions confondues avec les Girondins de Bordeaux, 179 buts. C’est colossal ! Ça en fait tout simplement le joueur ayant porté le plus de l’histoire le maillot des Girondins et celui qui a marqué le plus de buts avec Bordeaux. Alain Giresse, c’est deux titres de champion de France, 84 et 85, plus une Coupe de France 86. Et dans ses 179 buts, 118 ont été marqués à Bordeaux, au Parc Lescure. C’est pour ça qu’il a été, évidemment, appelé ‘Le Petit Prince de Lescure’. Alors, on n’oublie pas, du côté des Girondins, qu’il y a eu cette histoire de son départ à l’Olympique de Marseille. Mais, selon moi, il ne faut pas oublier non plus qu’Alain Giresse a tout donné à ce club pendant de très nombreuses années. Malgré ce petit intermède du côté de Marseille, je pense donc qu’Alain Giresse mérite largement – mais largement ! – d’être le numéro 1 de l’histoire des Girondins de Bordeaux. S’il y a bien un joueur qui représente le mieux ce qu’est Bordeaux, ce qu’est le club au scapulaire, c’est Alain Giresse. Ne l’oubliez jamais ! On embrasse Alain Giresse ! »
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