Nicolas Hourcade : « L’approche française du supportérisme a changé depuis 2016 »
Dans un contexte où, notamment grâce au travail de l’Association Nationale des Supporters, le dialogue entre supporters et instances / pouvoirs publics a pu se (re)nouer au niveau national sur la question des enjeux du supportérisme (déplacements, tribunes debout, fumigènes, répression, référent-supporter dans les clubs etc), le sociologue Nicolas Hourcade – supporter des Girondins de Bordeaux et ancien membre du groupe des ‘Devils’, au passage – analyse cette tendance.
« L’approche française en matière de supportérisme a notablement changé depuis 2016. (…) Historiquement, la France n’avait pas construit de politique globale de gestion des supporters, contrairement à l’Angleterre, l’Allemagne ou même les Pays-Bas ou la Belgique. Il n’y a pas de ligne directrice clairement définie dans notre pays. (…) 2016 a marqué un tournant complètement différent. Il est vite apparu que le modèle parisien, consistant à changer largement de public avec une forte hausse du prix des places, n’était pas reproductible dans les autres clubs français. Le club parisien est lui-même revenu en arrière.
(…) Pendant l’Euro 2016 est également signée une convention du conseil de l’Europe prônant une approche intégrée conciliant répression et prévention. Tout ça ouvre une nouvelle ère, d’autant qu’au même moment, il y a eu des changements à la tête de la LFP et de la DNLH (Division Nationale de Lutte contre le Hooliganisme ; NDLR), que les nouveaux responsables sont beaucoup plus ouverts au dialogue et qu’il existe désormais un interlocuteur représentatif et fiable du côté des supporters avec l’ANS, qui s’est structurée à partir de 2014. »
Beaucoup reste à faire, encore, pour que les supporters et la Ligue s’entendent, mais au moins le dialogue est rétabli.