Philippe Poutou : « Je ne comprends pas comment on arrive à faire ce choix-là »
En réponse aux propos d’Alain Anziani, Philippe Poutou s’est interrogé sur le choix opéré par le président de Bordeaux Métropole qu’est de soutenir Gérard Lopez. L’élu estime que le projet mené par l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois manque de clarté et que le franc parler de l’ancien patron du LOSC, évoqué à la suite de l’entrevue avec le comité restreint, est avant tout celui d’un affairiste :
« Je voudrais revenir sur deux aspects. Tout d’abord, pourquoi est-ce toujours la collectivité ou le public qui paie ? Monsieur Anziani dit que s’il n’y a pas de repreneurs, il n’y a pas que le club qui descendrait, il y a aussi des conséquences financières. Mais pourquoi est-ce toujours la collectivité qui paie ? Comment est-ce que l’on se débrouille pour se faire toujours avoir par les groupes privés qui se barrent et qui ne paient rien ? Est-ce qu’il n’y a pas de possibilités d’attaquer en justice et de faire payer ceux qui sont responsables de cette situation. On part toujours du principe qu’ils s’en vont et puis voilà. C’est toujours le même système, on s’aperçoit que des gens viennent, reprennent, s’en vont et c’est toujours les salariés ou le public qui paie. Comment cela se fait qu’à chaque fois, les collectivités sont les victimes ? L’autre aspect, c’est le repreneur. Certains ont été convaincus ou rassurés par le style de communication, le côté franc et direct. Néanmoins il a la franchise d’un investisseur, d’un affairiste. Est-ce que vous avez vu comment il traite les histoires sur son dos ? Ce sont les médias qui racontent des conneries. Il y a une enquête judiciaire à Lille, des histoires au Luxembourg en amont. Sur Internet, il y a des vidéos de passionnés de football qui suivent de près ces affaires-là. Une vidéo de 15 minutes explique très bien le mécanisme de ces gens-là ; comment ils font de l’argent sans rien investir. Comment font-ils pour s’enrichir sur le dos de la collectivité ou de la structure ? On est dans un truc assez problématique. On va voter du fait qu’il n’y ait pas d’autres solutions. On va soutenir quelqu’un dont on sait que c’est au minimum un peu de magouilles et un manque de clarté. Je ne comprends pas comment on arrive à faire ce choix-là. Tout en comprenant bien qu’il y a la peur du vide, que l’on n’ait pas envie d’un écroulement et de conséquences que l’on ne maitriserait pas complètement. Il faut oser faire des choix et discuter par la suite de comment faire face à ces conséquences financières dans un premier temps. Comment on discute d’un club qui est à reconstruire, que l’on n’abandonne pas, des emplois qui sont concernés directement par l’avenir du club. C’est là tous les problèmes de principe de fond d’un sport que l’on voudrait reconstruire. Contrairement à ce que disait Monsieur Chausset, le football amateur et le football professionnel ne s’opposent pas. Ce n’est pas parce qu’il y a un monde pourri d’un côté et qu’il y a heureusement un monde sympa de l’autre que l’on va gérer les deux. Il y a aussi des questions de fond qui sont posés et on peut militer pour que même le sport de haut niveau, le sport professionnel, soit saint et puisse reprendre comme dirait Monsieur Hurmic, nos valeurs qui sont des valeurs autres que celles des affairistes. »
Retranscription faite par nos soins