Pavon : « Recruteur, je ne servais à rien »
Recruteur aux Girondins sous Ricardo et Laurent Blanc, Michel Pavon revient également sans aucune langue de bois sur les problèmes qu’il a rencontré à un poste où il était mal utilisé et où, selon lui, tout est question de moyens financiers :
« Ce qu’il faut savoir et que pas grand monde ne sait, c’est qu’aux Girondins l’entraîneur dit « ce joueur je le veux » ou « ce joueur je ne le veux pas » donc vous pouvez amener le joueur que vous voulez, si l’entraîneur ne le veut pas, il ne l’a pas. Je n’ai jamais imposé qui que ce soit à Ricardo ou à Blanc. Après, pour Micoud on dit que c’est Pavon qui le fait revenir. Oui, j’étais ami avec lui, mais c’est Ricardo et le Président Triaud qui le voulaient. Mais je savais que s’il y avait un problème, ça serait pour ma pomme… Ce qui a été le cas, mais ce n’est pas grave.
A Bordeaux, l’entraîneur a les joueurs qu’il veut, dans les limites des possibilités bien sûr. Donc il n’a pas vraiment les joueurs qu’il veut, mais c’est lui qui dit oui ou qui dit non. On aurait pu avoir Giroud ou Koscielny à Bordeaux, mais l’entraîneur ne les a pas voulus. Je ne dis pas qu’ils n’étaient pas loin de venir, je dis qu’il y a eu la possibilité. On les a proposés au coach (Laurent Blanc à l’époque) et il a dit non, point. Il a fait des choix mais au final il a eu un titre donc il n’y a rien à dire.
La première année de Laurent Blanc on devait proposer des stoppeurs. Dans la liste, Blanc avait retenu en N°1 Boumsong, en N°2 Camara, Diawara était en N°4 ou 5 dans sa short-list. Je lui ai dit à l’époque : « Moi je prendrais Souleymane Diawara. Ok il sors, mais je le prendrais ». C’était mon opinion, j’ai donné mes raisons. Après on n’a pas pu avoir Boumsong ni Camara et on a pris Diawara. Mais c’est l’entraîneur qui a choisi et c’est normal car c’est lui qui travaille avec le joueur tous les jours. Ce n’est pas à quelqu’un d’extérieur d’imposer si l’entraîneur ne veut pas. On est là pour proposer.
En tant que recruteur on cherche des joueurs surtout là où on est défaillant, mais ça dépend surtout des moyens. En ce moment Paris n’a pas besoin de recruteurs, ils peuvent avoir les joueurs qu’ils veulent et les bons joueurs on les voit à la télé. Ce sont les clubs moins huppés, sans grands moyens qui en ont besoin pour recruter malin. Mais je trouve qu’on fait tout un plat de ces gens qui vont voir les matches car je n’y crois pas trop. Plusieurs fois j’ai dit à mon Président qu’on ne servait à rien. Ça n’engage que moi, mais des fois je me le disais. Mais après les médias nous faisaient tout endosser.
Quand je vois les cellules de recrutement de Lyon, de Marseille, de Paris avant l’arrivée des investisseurs du Qatar et qu’au final ces clubs ne recrutent principalement qu’en France je me demande pourquoi les cellules de recrutement existent alors qu’elles coutent cher aux clubs. Les joueurs qui jouent en France on les connait donc pas besoin de les superviser. Ce n’est pas un problème d’avoir ou non un directeur sportif c’est juste la question de savoir si on a les moyens ou pas car les bons joueurs tout le monde les voit. A l’époque j’étais allé voir Portugal – France chez les 19 ans, j’ai dit « Il faut prendre Nani – qui est à Manchester – Varela – qui est à benfica – Meireiles – qui a joué à Chelsea – etc… » ; mais financièrement, quant on voit les autres clubs qui arrivent, on ne peut pas les prendre ».