Les propos complets de Willy Sagnol pour clore la polémique
« (lisant une lettre) Si par mon manque de clarté et ma sémantique imparfaite, j’ai pu faire que des personnes se soient senties choquées, humiliées ou blessées, j’en suis désolé. L’interprétation que ces personnes ont pu faire ne reflète en rien ma pensée et surtout mes convictions humanistes. Il s’agissait d’un débat uniquement sportif, nullement politique ou sociétal. Lorsque je parle de l’Africain moins cher et prêt au combat, je parle simplement du jeune joueur africain arrivant en Europe avec toute sa volonté de réussir et souvent pour échapper à une situation précaire.
Comme nous étions dans un débat sur le football, l’intelligence que j’évoquais était bien sûr l’intelligence tactique. La formation des jeunes joueurs en Afrique, certainement par manque de moyens financiers ou d’infrastructures, n’est pas toujours aussi complète que celle dispensée en Europe. Ces jeunes joueurs-là, à force de travail, complètent très souvent les manques dans leur formation lorsqu’ils arrivent sur notre continent. En aucun cas, je n’ai voulu parler de l’intelligence des individus au sens propre du terme.
Concernant certaines accusations dont j’ai pu faire l’objet, notamment sur le racisme… J’ai 37 ans dont 32 passés dans des vestiaires de football. Je n’ai jamais eu des problèmes avec qui que ce soit. Malheureusement, comme c’est bien trop souvent le cas, ce débat uniquement sportif, donc dénué de toutes considérations de couleur, d’origine ou de religion, a bien été déplacé par certains sur la scène politique. Je regrette que ces mêmes personnes ne lisent pas les choses jusqu’au bout. Je dis, dans la même interview : « une équipe de foot, c’est comme la vie, c’est comme la France, c’est un mélange. ». Je suis fier d’être français. »
» (…) Si j’ai été blessé ? Oui, certainement autant que ceux qui ont pu mal interpréter mes propos. (…) Au début, je ne voulais pas y croire. Je ne pouvais pas y croire… Je me suis dit que ce n’était pas possible, que les gens n’avaient pas pu comprendre différemment par rapport à mes idées. Ensuite, devant l’ampleur que cela a prit et avec le soutien du Club, on a préféré attendre aujourd’hui car une conférence de presse était prévue avant le match de Lens. Plutôt que de répéter plusieurs fois la même chose, nous avons préféré tout faire aujourd’hui. (…) Je ne ferai aucun commentaire sur la réaction de Lilian Thuram. Cela faisait longtemps qu’on ne l’avait pas entendu. La dernière fois, ce n’était pas pour de bonnes choses. Je ne ferai pas de commentaires là-dessus.
(…) Mes joueurs sont extrêmement importants à mes yeux. J’ai eu une discussion avec eux mercredi soir. Je leur ai expliqué ce que je viens de vous expliquer. Pour eux, le sujet est clos. Certains se sont déjà exprimés sur les radios et télévisions. Il n’y a aucun souci avec eux. Ce sont de grands garçons, si l’un d’eux a un souci, il viendra me le dire, ne vous inquiétez pas.
(…) Sur le plan du droit, je n’ai pas grand-chose à répondre, je ne suis pas avocat. (…) Que ce soient des gens du football ou d’autres sports, des gens du monde la presse, de la sphère politique et très haut placés, j’ai reçu un nombre incalculable de soutien me disant tous la même chose avec des mots différents : « nous ne comprenons pas cette polémique ». Forcément, quand vous recevez par mail, SMS ou téléphone, plus d’un millier de soutien, cela vous montre bien que finalement, vous n’êtes pas une mauvaise personne.
(…) Pendant 48 heures, c’était difficile. Pas forcément pour moi car je savais ce que j’avais dit et l’idée qui était derrière mes mots. C’était un peu plus difficile pour mon entourage, le Club et mes joueurs qui sont confrontés à cela depuis plusieurs heures. Quand je parle d’un Africain puissant, en manque d’intelligence tactique, pas forcément discipliné et concentré, cela provoque un tollé. Je vais vous lire un article de blog datant de mai 2012. Je ne l’ai pas mis en entier :
« Mon débat du jour ne concerne pas la gestion globale du football du Vieux Continent. On débattra de tout cela une autre fois. Mais plutôt sur les aspects techniques, voire tactique, qui font qu’on reconnaît spécifiquement un Africain. Les qualités dominantes et reconnues du footballeur africain sont la puissance athlétique et l’agilité. Les lacunes dont généralement tactiques, domaine ou la discipline et la concentration font défaut. S’il faut se concentrer sur un point, cela me semble être la formation de nos jeunes. Oui, mais qui pour les former ? Vu qu’on ne s’attarde pas sur la formation des formateurs et qu’on constate que ceux qui ont de la qualité sont généralement des Occidentaux. »
L’auteur est Monsieur Patrick MBoma, international camerounais des années 2000 et qui a joué dans plusieurs clubs français. «