Les anecdotes bordelaises de « Nino »
(Le joueur le plus et le moins drôle qu’il ait fréquenté) « À Bordeaux, j’ai connu une belle brochette de chambreurs. Laslandes, Papin, Grenet, Dugarry… Ils se moquaient de mon accent. Un jour, au restaurant, je voulais une escalope milanaise, Lilian m’avait dit de commander une “salope milanaise”, tout le monde était plié. Une autre fois, avant un match contre Auxerre, Papin dit à table : “Eh les gars, vous avez vu ce que dit Guivarc’h ? Le journaliste lui a demandé ce qu’il en pensait et il a dit : Saveljic ? Connais pas.” Pendant tout le match, j’ai donné des coups à Guivarc’h, il n’a pas touché un ballon. À la fin, je lui dis : “Alors, tu connais, maintenant, Saveljic ?” Il m’a regardé avec de grands yeux, il ne comprenait rien ! Quand Papin m’a avoué que c’était une blague, j’étais furieux… (…) Michel Pavon. C’est un super mec mais, même s’il lui arrivait de rigoler de temps en temps, il n’était jamais content, toujours boudeur. Tous les matins, c’est toujours lui qui nous recadrait alors qu’on essayait de se marrer. C’était un vrai leader quoi, il jouait son rôle de capitaine. »
(Sa plus grande honte) « Contre Parme ! On avait perdu 6-0 en quarts de finale retour (avec Bordeaux, C3 1999). Quelqu’un avait sifflé derrière le but de Ramé, je pensais que c’était l’arbitre et j’ai pris le ballon avec les mains aux 18 mètres. J’étais ridicule. Mais bon, il y avait déjà 5-0… Ça m’a valu de me faire longtemps chambrer. Pendant les décrassages, les gars me laissaient avec les gardiens de but ou ils mettaient les gants d’Ulrich Ramé dans mon sac. »
(L’anecdote jamais racontée) « J’en ai deux. La première fois que je suis sorti en ville à Bordeaux, c’était avec une voiture prêtée par le club, j’ai percuté une moto. Le conducteur n’a pas été blessé mais la porte de la voiture était enfoncée. J’avais peur, je ne parlais pas un mot de français, je ne savais pas comment le club allait prendre ça. Le mec était en tort et il voulait appeler la police mais je l’ai relevé, je lui ai remis le casque et je lui ai dit : “Non, c’est bon, tout va bien, pars.” Arrivé au Haillan, on m’a demandé : “Nino, qu’est-ce qui t’est arrivé ?” J’ai répondu : “Oh, c’est un con en camion qui m’a défoncé la porte.” (Rire.) L’autre, c’est à Istres. Pour les déplacements, on avait un contrat avec une entreprise privée suisse. On voyageait avec un petit avion, avec des hélices et tout. Il est arrivé à plusieurs reprises que le pilote nous dise : “On ne peut pas décoller, l’avion est trop chargé.” À l’époque, Franck Priou était le directeur sportif du club. À chaque fois qu’il était avec nous, comme il avait pris un peu de poids après l’arrêt de sa carrière, on se tournait vers lui et on lui demandait de descendre. Et il restait regarder le match à la télé ! »
(L’entraîneur qu’il redoutait) « Élie Baup. Il est gentil et il n’y a aucun doute sur le fait que c’est un bon entraîneur, la preuve, on a été champions avec lui (en 1999). Tactiquement pareil, il savait bien expliquer ce qu’on devait faire. Mais c’est sa personnalité que je redoutais. Il avait du mal à expliquer ses décisions, il se posait trop de questions, était parfois dans le “Oui, je ne sais pas, il faut voir”. Je m’engueulais parfois avec lui, je lui reprochais de ne pas prendre la parole. S’il tombe sur un mauvais groupe, je ne sais pas s’il serait capable de gérer ça comme un Mourinho, un Guardiola ou un Deschamps. »
(Son meilleur fou rire de vestiaire) « Je m’en souviens bien parce que tout le monde se foutait de ma gueule ! (Rires) À l’époque, Canal + mettait parfois un micro sur un joueur pour montrer comment se passaient les causeries, etc. Ce jour-là, Michel Pavon faisait l’échauffement et il avait un de ces micros mais je ne le savais pas. Avant le match, il m’a donné plein de consignes. Il était tellement concentré qu’il me disait plein de trucs à toute vitesse. Moi je disais “Oui, oui, oui”, mais avec son accent du Sud, je n’ai rien compris ! Quand on a revu la séquence pendant la semaine, tout le monde se pissait dessus. »
Très populaire à Podgorica (capitale du jeune pays qu’est le Monténégro), Saveljic se montre impliqué dans le développement de sa nation. « Avec l’indépendance (en 2006), le Monténégro est en plein développement et il prépare son entrée dans l’Europe. Il y a tout à construire ici. » explique ainsi celui qui s’était engagé dans un projet immobilier qui n’a finalement pas abouti, mais travaille désormais sur un vaste projet de recyclage des déchets avec un gros groupe américain. Par ailleurs, l’ancien stoppeur avoue être resté très proche de Lilian Laslandes, qu’il vient parfois voir à Bordeaux (« C’est un frère – je l’appelle Laslandevic ! –, il a toujours été là dans les moments durs »).