Merci Monsieur Gillot !

« Gillot : votre respect, votre travail, nous ne l’oublierons jamais ». En une banderole, déployée hier contre Marseille (1-1), les Ultras bordelais ont résumé le parcours de Francis Gillot à Bordeaux sur trois saisons. Du respect, de l’humilité, du travail, avec les moyens du bords surtout, et de la mémoire de la part des supporters en retour.

Car après trois saisons en Gironde, Francis Gillot a annoncé son départ, hier en conférence de presse d’après match, prenant ainsi tout le monde de court (même si la nouvelle se savait déjà), dont le club, qui à l’heure actuelle ne s’est contenté que d’un statut Facebook pour partager la nouvelle. 

« On est heureux de partir en bons termes avec les supporters, les dirigeants et le personnel du club. C’est assez rare pour le souligner » a lâché l’ancien technicien de Lens, Sochaux, et donc prochainement de Bordeaux, avant de rejoindre une autre destination (le Qatar ?) ou de couper un peu avec le monde du football.


Football / Gillot parle de Zidane – 10/05 par rmcsport


En trois saisons, quel bilan pour l’e futur entraîneur des Girondins ? Une 5ème place, pour commencer, après 2 années très difficiles passées à digérer le titre. Une période dont Jean Tigana, principalement, peine encore à se remettre. 

Avec 61 points en 38 journées, obtenus grâce à 16 victoires et 13 matchs nuls, contre 9 défaites, les hommes de Francis Gilllot se qualifient donc pour l’Europa League. Une défaite d’entrée, et à domicile, contre Saint-Étienne (1-2 lors de la 1ère journée), la première victoire de la saison en championnat sur la pelouse de Valenciennes (2-1 lors de la 4ème journée) et une première partie de saison poussive constitueront les débuts du Bordeaux de Gillot, notamment éliminé d’entrée de jeu en Coupe de la Ligue (contre Saint-Étienne encore). Et puis… Et puis, une deuxième partie de saison en trombe, où les Girondins, réorganisés durant ce renouveau en un 3-5-2 salvateur avec les recrues hivernales Mariano et Obraniak, auront notamment remporté une victoire éclatante à Lille (5-4 lors de la 23ème journée) puis une autre, précieuse, contre Lyon (1-0, 24ème journée) avant un petit « kiff » à domicile contre Marseille (2-1 lors de la 33ème journée). Lors de la dernière journée, Bordeaux et Diabaté (auteur d’un doublé, plus une passe décisive pour le 14ème but d’un Gouffran ressuscité) prennent leur revanche contre les Verts de Saint-Étienne et renversent le Chaudron (3-2) pour s’envoyer en Europa League au terme d’une folle série de 6 victoires de rang et d’un match haletant, au scénario digne d’une des plus belles finales de coupe.



La Coupe, tant de France que d’Europe, constituera justement le point d’orgue de la deuxième saison de Francis Gillot. Car en donnant et en se donnant du plaisir en Europa League, les Girondins enflamment immédiatement le tapis européen avec une double opposition au sommet contre l’étoile Rouge de Belgrade (3-2 au retour, après un 0-0 à l’aller), annonciatrice d’entrée de jeu des intentions bordelaises dans cette compétition. Cheick Diabaté (2 buts contre Newcastle, 1 contre Kiev, 18 au total sur la saison), Jussiê (4 buts contre Belgrade et Bruges, avant son prêt aux Emirats Arabes Unis) ou encore Yoan Gouffran (12 buts toutes compétitions confondues avant son départ fin janvier, dont 8 en L1) sont d’attaque, Bordeaux aussi. Les Girondins vont profiter de leur retour dans cette épreuve, pour revivre les joies européennes des illustres saison passées. Avec, au passage, la révélation de quelques jeunes comme Maxime Poundjé et André Poko, qui vont profiter de ces matchs pour se faire leur place dans l’effectif bordelais. 


Bruges, Newcastle, et le Maritimo Funchal feront les frais des dispositions bordelaises en phase de groupes. Le Dynamo de Kiev (qui sera le futur club de Benoît Trémoulinas) se cassera les dents sur un Bordeaux appliqué (1-1 et 1-0), qui échouera ensuite en huitième de finale contre le Benfica Lisbonne (0-1 et 2-3), futur finaliste.

En championnat, Bordeaux accuse le coup face à un calendrier démentiel (les Girondins, qui auront joué le jeu dans toutes les compétitions – même si cela a été très peu souligné par les médias – seront la 3ème équipe européenne au nombre de matches joués), et terminera 7ème avec 55 points (13 victoires, 16 nuls et 9 défaites), malgré des lacunes criantes dans le jeu, mais aussi dans l’effectif, amputé de Ciani et Gouffran (à la trêve). Cependant, la joie extrême viendra de la Coupe de France et d’un parcours, certes chaotique et un peu chanceux, mais finalement victorieux. un but de Mariano en toute fin de match à Châteauroux (3-2) qualifiera d’abord  les Bordelais pour les 16èmes de finale, qu’ils disputent à Moulins, match qui reverra David Bellion marquer (sur coup franc) et amener les hommes de Francis Gillot en 8ème (2-1). A Raon l’Étape, les Girondins, menés – comme à chaque tour, sauf en finale, de ce parcours intégralement disputé à l’extérieur – pendant la prolongation, iront chercher leur qualification aux tirs au but, après une égalisation de Diabaté sur penalty à la 117ème (2-2 score final et 5-3 aux t.a.b). A Lens, en quart, un doublé de ce même Diabaté offrira la victoire et la qualification pour les 1/2 finale (3-2), que les Bordelais négocieront avec sérieux sur le terrain de Troyes (2-1), match où Jérémie Bréchet (futur échec du recrutement aquitain) clamera son amour pour les Girondins en marquant contre son camp, envoyant ainsi Bordeaux en finale. Une finale inattendue, contre Evian Thonon-Gaillard, dont le scénario et le nouveau doublé d’un Diabaté en feu, donnant la victoire (3-2) et la Coupe de France au FCGB, sont encore dans toutes les mémoires des supporters bordelais.



Qualifiés pour l’Europa League grâce au 4ème succès de leur histoire en Coupe de France (le premier depuis 1987) les Marine et Blanc d’un Francis Gillot qui a prolongé son contrat de 2 ans (jusqu’en 2015) lors des premiers jours de janvier 2013, vont finalement flancher sur cette troisième saison de l’ère Gillot-Bénédet-Lobello. Les raisons : un effectif encore allégé de ses joueurs cadres, dont Benoît Trémoulinas, Jaroslav Plasil ou encore Ludovic Obraniak (plus au top il est vrai pour les deux derniers, qui avaient envie d’ailleurs), pas réellement remplacés qui plus est ; des blessures (Poko, Sertic, Nguemo, Diabaté, Jussiê, Saivet, Sané, pour ne citer qu’eux) ; un discours qui ne passe plus ; et un management parfois critiquable d’un Gillot qui, à force de devoir bricoler à court terme (plutôt bien d’ailleurs), n’a jamais pu poser sa patte sur le jeu à moyen terme. On retiendra le départ mouvementé d’Anthony Modeste, revenant d’une grosse saison en prêt à Bastia (17 buts toutes compétitions confondues), qui part en Allemagne fâché avec Gillot, tout comme Florian Marange (et peut-être d’autres ?); mais aussi la seule arrivée significative de Lucas Orban, auteur d’une saison moyenne là où Trémoulinas brillait, et les bides des paris tentés avec les expérimentés Bréchet et Hoarau, revenu de son exil chinois au mercato d’hiver, qui n’aura rien apporté malgré trois buts et des circonstances atténuantes niveau physique.

A l’image de ses parcours complètement ratés en Coupe de France et en Europa League, Bordeaux connaîtra une saison de gâchis où frustration et déception auront dominé tout le long, malgré un mois de décembre prolifique (4 victoires de suite pour une 4ème place en trompe l’œil à la trêve), qui sera vite coupé, dès 2014, par les blessures à répétitions, surtout en attaque, où Bordeaux, sans Diabaté et/ou Jussiê, n’arrive plus à marquer. Les non-matches de l’équipe, les manques offensifs, et (surtout) les nombreuses fautes de concentration défensives, en fin de partie notamment, coûteront très cher aux Girondins, mais aussi à Francis Gillot, dont le départ se dessine alors. Dans le collimateur de la direction bordelaise depuis ses propos sur l’Europa League lâchés en début de saison, et face aux résultats de l’équipe qui flanchent, on entend alors parler d’une fameuse clause bilatérale entre le club et son entraîneur permettant de briser la dernière année de contrat entre les deux parties sans conséquence financière pour le club au scapulaire. Passé le mois de janvier et une élimination honteuse en 1/16ème de finale de Coupe de France à Ajaccio face à l’Ile Rousse (CFA 2), Bordeaux et Gillot semblent sur la fin. Les rumeurs naissantes des intérêts de la maison girondine pour Christian Gourcuff allument les premières mèches, puis l’actualité s’enflamme, et le peuple bordelais avec, quand arrive la rumeur Zidane à Bordeaux, qui prend de plus en plus d’ampleur. Un contexte sportif et extra sportif trop défavorable pour maintenir un Francis Gillot, qui semble de plus en plus blasé et impuissant.

A un match (sans enjeu) de la fin de cette saison 2013/14, que les Bordelais – quasi certains de finir 7èmes – joueront à Monaco – sûr d’être le dauphin du champion parisien – Francis Gillot annonce donc son retrait. Si les médias l’ont pris en grippe depuis longtemps pour son état « dépressif » en conférence de presse et à cause de ses sorties médiatiques envers les journalistes et autres consultants, ce qui n’aura pas favorisé l’image donnée du club et de l’équipe dans la presse, à la télé ou sur les ondes (contrairement à ce qui s’était produit sous l’ère Laurent Blanc); les supporters ont, quand même, un grand coup de chapeau à tirer à un homme qui aura dû
composer avec les moyens du bord, la faute à un contexte économique
amenant le club à affaiblir l’effectif saison après saison, le renforçant à très bas coût et avec des joueurs moins confirmés, mais qui sera parvenu à obtenir des résultats concrets (un titre majeur et deux qualification européennes) que peu auraient égalés
. Pour appuyer ces derniers propos sur l’affaiblissement de l’équipe, voici un exemple raisonnable de composition d’équipe que Bordeaux aurait pu aligner, en rajoutant uniquement des joueurs qui seraient restés au club (les noms de Ciani, Gouffran, Plasil ou Modeste auraient pu être mis en lieu et place de certains autres) :

FC Girondins de Bordeaux 4-4-1-1 football formation
Cette équipe est, bien sûr, fictive et peut être améliorée par chacun, mais elle peut clairement laisser penser qu’avec plus de moyens, des départs plus rapides de ceux qui vont partir, libres, cet été (Bellion, Chalmé etc), et autre chose que le recrutement de joueurs en fin de contrat (Maurice-Belay, Nguemo, Bréchet, Hoarau) et l’ajout de (jeunes) recrues étrangères qui ont du et/ou doivent encore s’adapter (Rolan et Orban), Francis Gillot aurait pu clairement mieux faire avec Bordeaux. 

Mais deux participations en Coupe d’Europe, une Coupe de France remportée, des classements en L1 somme toute corrects, des joueurs révélés – à l’image des éclosions de Maxime Poundjé et André Poko ou de l’explosion d’Henri Saivet, de Cheick Diabaté et de Grégory Sertic -, des recrutements « low cost » qui ont apporté (NMB et Nguemo, durant sa première saison, plus Obraniak à moins d’1 million d’euros), des retours en forme de joueurs « oubliés » sous Blanc et/ou sous Tigana (Henrique, Jussiê, Gouffran et même Marange et Ben Khalfallah durant la saison 2012/13), le tout dans une période de transition et d’adaptation quasi permanentes pour le FCGB, finalement bien négociée grâce à eux, nous font donc aujourd’hui tirer UN GRAND COUP DE CHAPEAU A FRANCIS GILLOT ET A SON STAFF TECHNIQUE.